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Que cherche le président de la République en clachant les deux autres « présidents » ?!
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Qu’adviendrait-il de la Tunisie si le chef de l’Etat venait à actionner le fameux article 80 de la Constitution ?!!!
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Quand M. Saïed comprendra t-il qu’il est le président de tous les Tunisiens et non pas du « peuple veut » ?…
L’allocution prononcée par le président de la République à l’ouverture de la réunion, hier mardi 31 mars 2020, du Conseil de la sécurité nationale, a soulevé une grosse polémique et fait couler beaucoup « d’encre » chez l’opinion publique, en général.
Tout d’abord, le chef de l’Etat a prouvé qu’il persiste et signe dans sa démarche et dans sa pensée dans le sens où il continue à prôner le slogan du « peuple veut » alors qu’il doit agir en tant que président de tous les Tunisiens et non pas de certaines catégories.
En effet, M. Saïed a dressé un véritable réquisitoire contre les hommes d’affaires et s’est posé en avocat acharné des « pauvres » oubliant que la campagne électorale est bel et bien terminée depuis belle lurette.
Mais ce qui est vraiment incompréhensible, c’est que le chef de l’Etat laisse de côté son rôle de Président de tous les Tunisiens et unificateur du pays tout en faisant preuve d’un manque de solidarité avec l’autre partie du pouvoir exécutif en fustigeant sans ambages le gouvernement et son chef et en les accusant d’avoir commis des erreurs. Il en a cité une, d’ailleurs, à titre d’exemple, mais c’était tellement abstrait et confus que personne n’a su le nom du pays qui voulait aider la Tunisie dans le rapatriement d’un petit nombre de ses ressortissants.
Il a, également, emboîté le pas à certaines voix appelant à contraindre les hommes d’affaires à faire des dons plus consistants, sous peine de se voir obligés de le faire sous formes de redressement fiscal ou d’imposition arbitraire.
M. Saïed va plus loin en se rappelant une proposition qu’il aurait faite en 2012 au président de l’Assemblée nationale constituante (ANC) présidée à l’époque par Mustapha ben Jaâfar, « patron » d’Elyès Fakhfakh à Ettakatol, concernant l’argent appartenant à « des hommes d’affaires corrompus, se trouvant dans les banques et s’élevant entre 10 et13,5 milliards de dinars. Cet argent appartient au peuple qui doit le recouvrer », a-t-il dit en substance.
Et de renchérir « qu’il faut utiliser cet argent pour les régions et les catégories nécessiteuses tout en forçant ces hommes d’affaires à investir dans ces régions de façon à ce que le plus fortuné des corrompus s’occupe de la région la plus démunie et ainsi de suite en allant decrescendo… ».
Du n’importe quoi, diront les experts économiques. D’abord, parce que la situation de ces hommes d’affaires avait été réglée dans le cadre d’arrangements, soit à l’amiable, soit par le biais de la justice, ensuite, même si cela était encore de mise, aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence qu’à titre d’exemple, il faudrait près de 100 millions de dinars pour construire deux circuits routiers de 35 kilomètres chacun dans une zone agricole.
Autrement dit, ces paroles de M. Saïed prouvent, si besoin est, qu’il est loin de faire un économiste, même moyen. Nous proposons au chef de l’Etat, de bien préparer ses allocutions, à l’avenir, avec des textes écrits après consultations des experts chevronnés. Cela lui évitera, dorénavant d’être obligé, après chaque allocution, de recourir à des explications, à des justifications et autres mises au point.
Autre chose, en évoquant ce « manège » datant de plus de neuf ans, Kaïs Saïed avait l’air de clacher les deux principaux responsables à ladite époque et qui se trouvaient à ses côtés immédiats lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale, à savoir Rached Ghannouchi, chef d’Ennahdha qui dominait outrageusement la Troïka au pouvoir, et Elyès Fakhfakh, alors ministre des Finances, qui avait signé les textes octroyant des dédommagements aux amnistiés que Houcine Dimassi avait refusé de signer.
C’est dire que le chef de l’Etat considère, sans le dire directement, que le chef du gouvernement n’est pas « compétent » et ne fait que commettre des erreurs aussi bien aujourd’hui qu’en 2012 !
C’est à se demander si la patrie est entre de bonnes mains capables de la faire sortir de cette grave crise due à des facteurs conjoncturels suite au Coronavirus, et à un passage malheureux lors des quatre dernières années à cause des solutions de rafistolage menées par l’ex-chef du gouvernement occupé, comme il l’était à construire sa carrière politique personnelle.
Faut-il être fataliste si l’on sait que nous avons le choix entre deux maux : Ou bien la poursuite de la gestion par Elyès Fakhfakh redevable à Youssef Chahed quant son accès à La Kasbah ou alors la prise de tout le pouvoir par Kaïs Saïed au cas où il venait à actionner le fameux article 80 de la Constitution avec tous les risques potentiels de cafouillage surtout qu’il n’a aucun conseiller digne de ce nom au Palais de Carthage.
En tout état de cause, le pays semble mal barré et livré à la générosité de ses enfants qui supportent, seuls, le fardeau de la situation difficile accentuée par la crise sanitaire sans précédent, car avec un président de parlement qui cherche à s’accaparer des prérogatives qui ne sont pas les siennes, un chef du gouvernement parachuté à La Kasbah et qui, malgré sa très forte personnalité, n’arrive pas à se départir de son suivisme pour Kaïs Saïed, et un chef d’Etat qui n’arrête pas à mettre les pieds dans le plat à chaque sortie et qui reste attaché à son rythme loin d’être celui d’un président de la République l(on n’est pas sorti de l’auberge !…
Noureddine HLAOUI