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Le baril de brut New-Yorkais à un prix négatif, du jamais-vu ! Mais pourquoi ?
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Ce qui est très significatif ici, c’est la brutalité de la chute des prix
Le cours du baril, passé en dessous de zéro pour la première fois lundi 20 avril face à une chute vertigineuse de la demande et à des réserves américaines proches de la saturation, reprend un peu de force ce mardi matin en Asie, pour revenir au-dessus de zéro. Le baril de 159 litres de pétrole brut coté à New York pour livraison en mai avait terminé lundi à -37,63 dollars, après un plongeon épique.
Le cours du baril de pétrole américain, qui était devenu négatif lundi 20 avril pour la première fois de son histoire en raison de la saturation des stocks et de l’effondrement de la demande liés à la crise du coronavirus, a rebondi ce mardi matin en Asie et est revenu au-dessus de zéro.
Le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mai avait fini en baisse de 306 % à -37,63 dollars hier soir, c’est-à-dire que les vendeurs proposaient de payer les acquéreurs pour ce contrat.
Ce matin, la tendance s’est légèrement inversée puisque le contrat du WTI s’échangeait à l’ouverture du marché à 0,56 dollar et a rebondi de 103 % pour revenir à 1,38 dollar vers 6 h (HT).
« Une entente de type cartel »
Le problème c’est qu’en ce moment dans le monde, personne ne conduit de voiture, a observé le président américain Donald Trump. Les usines sont fermées et les commerces sont fermés.
Face à la chute des prix, le président Donald Trump a annoncé lundi que son administration envisageait la possibilité d’interrompre les livraisons de pétrole en cours en provenance d’Arabie saoudite pour soutenir l’industrie pétrolière américaine.
Pour le Premier ministre russe Dimitri Medvedev, une entente de type cartel pourrait expliquer cette chute spectaculaire du prix de l’or noir. Ce à quoi nous assistons en matière de contrats à terme sur le pétrole rappelle beaucoup une entente de type cartel, a écrit Dimitri Medvedev sur sa page Facebook, préconisant des mesures pour calmer le marché.
D’autre part crise liée au coronavirus a plongé le monde entier dans l’incertitude, jusqu’à nous placer face à des situations tout simplement inédites. Ce lundi, au cours d’une journée complètement folle, le cours du baril de 159 litres de pétrole brut côté à New York est tombé à -37,63 dollars. Jamais, depuis la création de contrat en 1983, il n’était tombé sous les 10 dollars. Quel est le sens d’un prix négatif? Comment en est-on arrivé là? Quelles conséquences pour le prix à la pompe en France? Les réponses de Matthieu Auzanneau, directeur du Shift project, un groupe de réflexion sur la transition énergétique.
Comment expliquer une chute des prix aussi soudaine et brutale ?
Il faut avant tout rappeler que nous parlons du prix du baril de brut, celui qui concerne les transactions entre les producteurs et les raffineurs. Le prix a chuté pour la simple raison que les raffineurs ont fait le plein de pétrole, la plupart des réserves sont pleines, aussi bien pour les grossistes que pour les réserves stratégiques de l’Etat américain. La crise liée au coronavirus a entraîné un effondrement de la demande. Si la production reste à un niveau presque identique, les prix baissent mécaniquement par le jeu de l’offre et de la demande.
Les prix à la clôture sont négatifs. Qu’est-ce que cela signifie ?
La demande est quasiment nulle sur le marché de gros. Ce prix négatif signifie que les producteurs sont prêts à payer pour que les grossistes qui ont encore un tout petit peu de place acceptent de stocker leurs barils.
Cette situation est inédite, elle est inouïe. Le baril de brut new-yorkais n’est jamais tombé sous le seuil des 10 dollars depuis sa création en 1983. Une telle chute des prix n’a sans doute jamais été constatée depuis la crise de 1929. Ce qui est très significatif ici, c’est la brutalité de la chute des prix. Lors d’une crise classique, il faut plusieurs mois pour que la demande s’effondre à ce point. Les mesures de confinement ont entraîné une chute de la demande quasi instantanée, qui explique le phénomène constaté ce lundi.
Combien de temps les prix du baril de brut new-yorkais peuvent-ils rester négatifs ?
Tout dépend de la durée et de l’ampleur des mesures de confinement de l’autre côté de l’Atlantique. Les prix dont nous parlons aujourd’hui sont ceux de court terme, qui concernent les barils prêts à être expédiés.
Aux Etats-Unis, les prix des barils livrables en juin se maintiennent au-dessus des 20 dollars. Les marchés de moyen terme anticipent, sans doute de façon trop optimiste, un retour à une demande quasi habituelle d’ici à la fin de l’année. Je pense que ce ne sera pas tout à fait le cas. On sait quand on entre dans une crise, on ne sait jamais quand on en ressort.
N.H (Agences)