Une « avancée », une « ouverture » pour certains gilets jaunes, du « blabla décevant » pour d’autres… Le président français a bien fait acte de contrition hier soir dans son adresse à la nation, et le pouvoir va à présent scruter les réactions de ce mouvement protéiforme et décentralisé. Les gestes d’Emmanuel Macron pour tenter de calmer leur colère vont-ils être suffisants pour éviter un cinquième samedi de protestation à Paris ? Rien n’est moins sûr. « Je prends ma part de cette responsabilité. Il a pu m’arriver de vous donner le sentiment que ce n’était pas mon souci, que j’avais d’autres priorités. Je sais aussi qu’il m’est arrivé de blesser certains d’entre vous par mes propos. Je veux ce soir, être très clair avec vous, si je me suis battu pour bousculer le système politique en place, les habitudes, les hypocrisies, c’est précisément parce que je crois plus que tout en notre pays et que je l’aime. » Parmi les mesures qui seront détaillées aujourd’hui par le Premier ministre devant l’Assemblée nationale et qui devraient être mises en place au 1er janvier 2019, l’augmentation de 100 euros des salaires au niveau du SMIC, l’exemption de la hausse de la CSG pour les retraités gagnant moins de 2 000 euros par mois ou les heures supplémentaires payées « sans impôts ni charges », un retour d’une mesure populaire mise en place par Nicolas Sarkozy et supprimée par François Hollande. Carole Martin, 41 ans, fait partie des gilets jaunes pas convaincus : « Ce qui me fait peur, c’est que certains gilets jaunes se disent : oh, chouette, on a réussi à avoir 100 euros sur le SMIC, youpi, c’est cool, du coup, j’arrête. J’ai peur que certains gilets jaunes se satisfassent de ces petites miettes. » Dans le monde politique, les réactions étaient un peu moins négatives à droite qu’à gauche ou aux extrêmes. Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise a pointé la « réalité bien crue » que « toutes les mesures annoncées » seront « payées par les contribuables et les assurés sociaux, aucune par les grandes fortunes, ni les profits ». Il a également apporté son soutien à un acte V de la mobilisation samedi. « A l’indignation du très grand nombre contre les inégalités et surtout contre le fait que les uns ont tout et les autres rien, il a pensé qu’une distribution de monnaie pourrait calmer l’insurrection citoyenne qui a éclaté. » Une question émerge aujourd’hui. Le discours d’Emmanuel Macron a-t-il convaincu les Français qui soutiennent le mouvement et les gilets jaunes les plus modérés, réponse sans doute samedi, à Paris, dans la rue.