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Qui pousse le chef de l’Etat à se ranger aux côtés de l’axe Sarraj-Tamim-Erdogan ?!
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Eminence grise de Saïed, Nadia Akacha lui colle comme son ombre et décide de son agenda
Mais qu’est-ce qui se passe au Palais de Carthage ? A quoi est due l’instabilité de la garde rapprochée du président de la République dont les membres initiaux ont été tous congédiés, à peine trois mois après leur entrée au cabinet présidentiel tout en étant considérés comme des hommes de confiance du chef de l’Etat.
Mais qu’est-ce qui s’est passé pour que la donne change de fond en comble. En effet, Abderraouf Betbaïeb, Tarek Ettaïeb, Tarak Hannachi et, un peu plus tard, le général Mohamed Salah Hamdi ont rendu le tablier, l’un après l’autre.
Et si Abderraouf Betbaïeb a sévèrement critiqué, nommément Rachida Ennaifer, le général Hamdi a accusé, sans la nommer, Nadia Akacha de faire la pluie et le beau temps au Palais présidentiel, dans le sens où d’après lui, il était empêché de voir Kaïs Saïed, sachant que personne ne pouvait l’empêcher de communiquer avec le président de la République, à part la cheffe de cabinet.
Il faut dire que Nadia Akacha, depuis qu’elle occupe ce poste stratégique, fait un « marquage strict » à son patron en le suivant comme son ombre partout où il va alors que, théoriquement, sa place est au sein du cabinet pour s’occuper de l’agenda du président et de tout le volet administratif.
Ainsi, selon des milieux proches du palais de Carthage, la cheffe du cabinet est devenue très proche de la Première dame de Tunisie, Ichraf Chebil Saïed, ce qui expliquerait son influence grandissante dans la marche des affaires de l’Etat, certains allant jusqu’à avancer une coordination entre les deux Dames.
Et de là à prétende un certain interventionnisme de Mme Saïd et une influence sur son mari, il n’y a qu’un pas que certaines mauvaises langues n’ont pas hésité à franchir. En tous les cas, de telles insinuations sont difficiles à étayer pour le moment, mais les observateurs estiment qu’après plus de six mois de présence à la magistrature suprême, Kaïs Saïed ne semble pas donner l’impression qu’il tienne les choses en mains ou d’imposer son rythme.
Mais ce qui est certain, c’est qu’aucune décision, digne de son rang de chef d’Etat et de chef suprême des forces armées, n’a été annoncée, à part les activités protocolaires, les échanges de messages avec les personnalités politiques, la reconduction de l’état d’urgence, l’annonce du couvre-feu, sans oublier les mesures de routine.
Par contre, il a été l’auteur de certaines attitudes qualifiées de douteuses ou mal calculées dont notamment, sa résignation à accepter la visite non annoncée du président turc Erdogan, l’audience accordée à des cheikhs de tribus libyens qui se sont avérés du « toc », l’acceptation de l’installation d’un hôpital « militaire » qatari dans le sud tunisien, l’autorisation accordée à un avion turc d’atterrir à l’aéroport de Djerba-Zarzis, sous prétexte qu’il s’agit d’une cargaison d’aides médicales sachant que, même sous cette dénomination, cette autorisation est taxée d’erreur dans la mesure où la cargaison est destinée à un camp, en guerre contre un autre.
Autrement dit, la Tunisie prend parti pour Sarraj et ses protecteurs turcs, ce qui est contraire au principe de la neutralité et fait impliquer notre pays dans un conflit armé pouvant être nuisible pour la Tunisie. D’ailleurs, la Turquie semble pousser la Tunisie vers une implication directe afin de provoquer, éventuellement, une riposte du camp de Haftar…
Toutefois, en plus de probable influence de Mme Saïed, on constate une implication avérée de Naoufel Saïed, frère du chef de l’Etat, par le biais de statuts sur Facebook. En effet, dans l’un de ces posts, il annonce l’annulation d’un appel d’offres pour l’acquisition des fleurs pour la présidence de la République.
Or, nous avons appris de sources proches du Palais présidentiel, qu’il n’en est rien, car un contrat en bonne et due forme est déjà signé entre les services de la présidence de la République avec un fleuriste de La Marsa qui continue, selon les clauses dudit contrat, à fournir le Palais de Carthage en bouquets et gerbes de fleurs, comme il est d’usage chez les présidences du monde entier.
C’est dire qu’une pareille annonce faite par le frère du chef de l’Etat ferait, plutôt, partie de cette manie populiste en ces temps où on assiste à une course contre la montre entre ceux qui disent défendre la transparence et la bonne gouvernance.
En tout état de cause, il est impératif pour les services de la présidence de communiquer mieux pour éclairer l’opinion publique et couper court aux rumeurs, car si en plus de l’absence de toute efficacité dans la gestion des affaires de la présidence de la République, ce serait le comble si l’éventuel interventionnisme des membres de la « famille » venait à se confirmer…
Noureddine HLAOUI