- Adepte du principe du « peuple veut », K.S dit au Parlement : « Pas de légalité sans légitimité».
- L’amendement du règlement intérieur sur le nomadisme parlementaire est une grave violation de la Constitution
- Le chef de l’Etat veut savoir où es passé l’argent investi dans les dernières campagnes électorales pour les législatives
Kaïs Saïed, président de la République s’est distingué, une nouvelle fois par une envolée d’enthousiasme à laquelle on s’est habitué depuis notamment un certain 17 décembre 2019 lors d’un discours prononcé à Sidi Bouzid.
En se rendant, lundi 11 mai 2020, à l’hôpital militaire mobile, installé à Kebili, don de l’émirat de Qatar dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus, Kaïs Saïed a prononcé une allocution au cours de laquelle il a soulevé plusieurs points à la fois tournant, principalement autour de la dernière proposition portant amendement du règlement intérieur concernant le nomadisme parlementaire.
Mais tout d’un coup, le président de la République a fait constat étrange : « la plus grande maladie qui pourrait toucher l’Homme c’est lorsqu’il est persuadé de détenir la vérité ». Et au moment où l’on se demandait sur sa cible par ces propos, le chef de l’Etat précise que la seule vérité est celle détenue par le peuple. Et d’expliciter davantage sa pensée : « La vérité, c’est quand le peuple est capable de s’exprimer librement. C’est quand il a la possibilité de retirer sa confiance à celui qui l’a trahie ».
Ce n’était qu’une introduction à son idée en évoquant le projet d’amendement du règlement intérieur de l’Assemblée des représentants du peuple, notamment l’article 45 stipulant que chaque député qui démissionne de son parti perd automatiquement son siège.
«Or, si l’élu était responsable face à ses électeurs et que ces derniers étaient en mesure de lui retirer leur confiance, le Parlement n’aurait pas eu besoin de cet amendement qui constitue une grave violation. C’est une maladie constitutionnelle, plus grave que la pandémie du Covid-19 », dit-il encore en substance.
Puis, on ne sait pas comment il a trouvé le moyen de passer à un autre point sans la moindre transition. Usant de la forme interrogative, Kaïs Saïed a posé la question suivante : « Où sont passés les milliards investis dans les campagnes électorales du scrutin législatif? Où sont les milliards ? Où est l’argent du peuple spolié durant des décennies ? La réconciliation doit se faire avec le peuple et décidée par lui …».
Kaïs Saïed reconnaît que les textes de loi ne sont pas encore clairs là-dessus, mais qu’il œuvrera à trouver une solution à cela, laissant entendre qu’il est décidé à engager la bataille face au Parlement, actuellement sous la coupe du parti Ennahdha, épaulé par Qalb Tounès et El Karama.
A ce propos, Kaïs Saïed réputé pour attachement à la légalité, semble, cette fois-ci, déroger à ce principe puisqu’il placer le principe du « peuple veut » au-dessus de tous les textes de lois et de la Constitution. Pour lui : « Pas de légalité sans légitimité». Alors, comment va t-l procéder pour défendre cette approche ?!!!
Mais franchement, connaît-il la vraie détermination d’Ennahdha à ne pas se laisser faire ? Sur qui Kaïs Saïed peut-il compter pour espérer gagner la bataille qu’il vient d’engager et que certains estiment qu’il a franchi le point de non retour ?
Il faut dire que leader du parti islamiste, Rached Ghannouchi, semble s’y plaire au Bardo et en fait un véritable royaume où il trône en maître avec un cabinet une armada de conseillers, tous des Nahdhaouis, avec rang de ministre et de secrétaire d’Etat
En tout état de cause, les observateurs sont convaincus que la guerre est déclenchée entre le Bardo et Carthage. Elle sera farouche et sans merci dont personne ne peut prédire qui en sera le vainqueur. Par contre, on sait que les Tunisiennes et les Tunisiens en seront les grands perdants !…
Noureddine HLAOUI