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و الشفاء و البخاري, un serment propre aux femmes tunisiennes, n’a rien à voir avec le livre « al-shifa » d’Avicenne
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Le chef de l’Etat multiplie les sorties et les allocutions. Dans quel but ?!!!
Lors d’un Repas d’Iftar offert, hier samedi 16 mai 2020, en l’honneur des membres du corps diplomatique des pays arabes et islamiques accrédités auprès de la Tunisie, le président de la République a prononcé une allocution (encore une) pour présenter, à travers eux, ses vœux aux dirigeants des pays arabes et islamiques qu’ils représentent.
A cette occasion, le chef de l’Etat a parlé, bien entendu, de la pandémie sanitaire mondiale et des répercussions néfastes qu’elle engendre pour toute la planète Terre. Et l’on ne sait par quelle transition, il est parvenu à faire une présentation de deux livres du médecin persan et islamique, Ibn Sina (Avicenne). : « al-shifa » et « al qanun ».
Selon lui, aussi paradoxal que cela puisse paraître, le premier livre intitulé « al-shifa » traite du droit et le second, intitulé « al qanûn » traite de médecine. Cette définition, trop simpliste, n’est pas bien précise.
Le livre « al-shifa » traite, en réalité de quatre axes, à savoir : la logique, les sciences naturelles, les mathématiques (un quadrivium de l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie et la musique), et la métaphysique.
Quant à « al qanûn », en réalité le titre complet « Le Kitab Al Qanûn fi Al-Tibb (Le Livre de la Loi concernant la médecine – القا نون في الطب), est un ouvrage encyclopédique de médecine médiévale rédigé en arabe par Ibn Sina et achevé vers 1020.
Plus encore, dans la citation du serment, propre aux Tunisiens voire aux femmes tunisiennes (généralement, la tradition veut q’un homme ne jure pas par (و الشفاء و البخاري), le terme و الشفاء ne désigne pas le titre du livre d’Ibn Sina, mais plutôt, le livre d’al-shifa du juge Iyadh.
On se demande pourquoi tous ces détours et citations sans liens et truffés d’imprécisions, pour aboutir, finalement, à émettre des vœux de guérison de la pandémie du Coronavirus ?
Franchement, à force de vouloir prononcer, presque quotidiennement, des allocutions, cela risque de conduire à ce genre d’imprécisions sans oublier le risque qu’elles soient hors sujet ou presque. Et puis encore, comme pour le « trop d’infos tue l’info », le trop d’allocutions ôte l’intérêt qu’elles devraient susciter…
Par ailleurs, une remarque, voire carrément une question s’impose : Pourquoi la cheffe de cabinet, Nadia Akacha, colle t-elle aux trousses de Kaïs Saïed dans toutes ses audiences, ses réunions et ses déplacements ? A-t-elle des consignes de le suivre comme son ombre ? Pour le dîner d’hier soir, la présence du ministre des Affaires étrangères aurait largement suffi, n’est-ce pas ?! Et même si sa présence était, à ce point, indispensable, elle ferait mieux qu’elle soit moins voyante…
Noureddine HLAOUI