Par Abdelaziz Kacem
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La puissante secte évangélique n’a rien à envier à nos salafistes les plus obtus.
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La théorie du complot change de camp.
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La Syrie est sur le point de sortir du cauchemar, l’Afrique du Nord est pressentie pour un front daéchien de rechange.
Par effet de boomerang, le « Printemps arabe » semble avoir fait retour au pays natal. Aux États-Unis, à Minneapolis, dans le Minnesota, le 25 mai 2020, un « Afro-Américain » de quarante-six ans, George Floyd, est arrêté par une patrouille. Un officier raciste blanc, qui n’en est pas à son premier meurtre, Derek Chauvin, un nom prédestiné, le prend en charge. Après l’avoir plaqué au sol, le policier lui écrase le cou avec son genou, sous le regard complaisant de trois autres agents. La pression dure exactement 8mn 47s. Avant de mourir, ainsi suffoqué, le « Bouazizi » de là-bas eut le loisir de râler une supplique saccadée :
« C’est mon visage / Je n’ai rien fait de grave / S’il vous plaît / S’il vous plaît je ne peux plus respirer… »
De gigantesques manifestations éclatent à Minneapolis, gagnent toutes les grandes villes. À Washington, la Maison blanche est assiégée, un impressionnant cordon de police la défend, le président a chaud, on le pousse au bunker.
Ne généralisons pas ! Les Américains ne sont pas tous racistes. Mais ils n’écoutent pas leur conscience, Noam Chomsky, en l’occurrence, qui leur dit : « Le pouvoir ne souhaite pas que les gens comprennent qu’ils peuvent provoquer des changements » ou, plus péremptoire : « La réélection de D. Trump serait un désastre indescriptible », or de toute évidence, en chaque électeur de Donald Trump, sommeille un Ku Klux Klan prêt à passer au lynchage.
La puissante secte évangélique, qui le soutient, n’a rien à envier à nos salafistes les plus obtus. C’est parmi eux que se développe le sionisme chrétien. En offrant Jérusalem et le Golan syrien à Netanyahu, en reniant tous les accords et traités signés par ses prédécesseurs, le Président américain ne fait qu’appliquer toutes les clauses de la feuille de route que lui impose le noyau dur de son électorat. Il a encore besoin d’argent. Il va encore plumer Mohamed Ben Salman, consul honoraire d’Israël à la Mecque et Médine.
Clinton et Obama étaient cultivés. Ils montraient bien qu’ils savaient lire. George W Bush, bien qu’aussi bondieusard que son « Harki » Tony Blair, lisait, jusqu’à ses trente ans, des livres pour enfants. Le blogueur Trump, lui, ne lit que ses cahiers de comptes et les texto contradictoires qu’il se plaît à tweeter. Dans l’un de ses derniers statuts, il met sur la liste des associations terroristes une bien active mouvance de gauche, l’Antifa(schisme), pour son appui au mouvement qui tient actuellement la rue.
Toujours soucieux de son image, pour effacer le traumatisme de sa descente au bunker, il s’offre une « séance photo », en brandissant la Bible, devant l’église épiscopale Saint-John, tout près de la Maison blanche. L’évêque du diocèse, d’autres dignitaires, protestants et catholiques, condamnent ce « coup de com », d’autant que, pour lui dégager le chemin vers le lieu de la pose, ordre a été donné aux forces de police de chasser quelques centaines de manifestants parfaitement inoffensifs, à coup de bombes lacrymogènes, en violation flagrante de la Constitution autorisant les manifestations pacifiques.
Les USA chancellent. Car en plus d’une gestion catastrophique de la pandémie, Trump, de plus en plus, parjure, impute son incapacité à la Chine qu’il menace, à l’OMS qu’il quitte et à l’Iran qu’il étouffe toujours plus, en désengageant son pays de l’accord nucléaire. La théorie du complot change de camp. Cela n’empêche guère le Pentagone de relancer l’Africom à nos frontières. La Syrie est sur le point de sortir du cauchemar, l’Afrique du Nord est pressentie pour un front daéchien de rechange.
Alors, au-delà de la simple solidarité pour les Afro-Américains, criant justice, disons-le, à notre tour et en anglais dans le texte, pour que ces monolingues endurcis, nous entendent : « We can’t breathe » (Nous ne pouvons respirer), « Our lives matter » (nos vies comptent).
Jusqu’à quand, le genou américain écrasera-t-il le cou des pays frères et amis, de l’Irak à la Syrie, de la Libye au Yémen, de l’Iran au Venezuela, avec la complicité sordide d’un islamisme domestiqué ?
A.K