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Abir Moussi : « la motion doit être transférée au chef de l’Etat pour l’adresser à son homologue français… »
Bien qu’ils soient divisés sur les mécanismes d’application, les députés ont été unanimes ou presque, aujourd’hui mardi 9 juin 2020, à souligner la nécessité de réclamer des excuses de l’Etat français pour les crimes commis pendant et après la colonisation.
Les élus s’exprimaient, lors d’une séance plénière de l’assemblée des représentants du peuple (ARP) consacrée à l’examen d’une motion présentée par le groupe de la Coalition Al Karama.
La motion appelle le parlement à demander des excuses de l’Etat français pour les crimes commis pendant et après la colonisation.
Pour Yosri Dali (Coalition al Karama), la Tunisie a plus que jamais besoin aujourd’hui des excuses » tardives » de l’Etat français, faisant observer que plusieurs psychologues et anthropologues français avaient dénoncé l’agression de la souveraineté tunisienne, mais leurs études ont été cachées.
Abir Moussi, présidente du bloc du Parti destourien libre (PDL) a laissé entendre que les excuses sont soumises à des règles et protocoles, jugeant » illégale » la motion présentée par le groupe de la Coalition Al Karama dans la mesure où elle n’a pas respecté ces règles et les litiges internationaux.
Pour elle, la motion doit être transférée au chef de l’Etat pour l’adresser à son homologue français, rappelant que la France est un partenaire économique et stratégique pour la Tunisie.
» Il ne faut pas omettre que près d’un million de Tunisiens vivent aujourd’hui sur le sol français « , a-t-elle avancée.
Par ailleurs Moussi, a dénoncé l’absence de l’Union nationale de la femme tunisienne dans le projet de motion, accusant certaines parties de minimiser le rôle » militant » de la femme Tunisienne.
» Plusieurs organisations nationales ont été écartées dans le projet de cette motion « , s’est-elle indignée, citant, à titre d’exemple aussi, la centrale syndicale UGTT.
D’après Moussi, le projet de motion présentée par la Coalition al Karama ne réclame pas la révision des contrats liés au pétrole et à l’exploitation du sel, se disant étonnée de voir la coalition al Karama qui a fondé son programme électoral sur ces revendications (la restitution des richesses spoliées) oublier ces points.
Le député Belgacem Hassen (Ennahdha), a indiqué que la présentation des excuses par l’Etat français constitue une reconnaissance de la colonisation, ajoutant que plusieurs intellectuels français (politiciens et académiques ont demandé à leur l’Etat de présenter des excuses pour les crimes commis pendant et après la colonisation.
Pour Saïd Jaziri (non adhérent), les excuses ne permettent pas de restituer la richesse de la Tunisie, critiquant les initiateurs de cette motion, qui a-t-il dit, ne peuvent demander que des excuses.
Le député Ridha Jaouadi (non adhérent) a dénoncé la poursuite de la présence de la colonisation française sous différentes formes, ajoutant que ce qui a été fait par la France en Tunisie équivaut à un acte de destruction et non pas de colonisation.
A noter qu’une polémique a éclaté concernant l’article 141 du règlement intérieur relatif aux motions législatives.