Ainsi donc la Tunisie a vaincu la pandémie du coronavirus alors que le mal continue à ravager certaines parties du monde. Le monde nous félicite, on se félicite et on le mérite. On a beaucoup remercié le ministère de la Santé et ses cadres pour le rôle qu’ils ont joué dans la lutte de survie contre cette maladie inconnue.
On a également fait l’éloge de ce corps médical courageux qui, au début de la crise sanitaire, était parti en guerre à visage découvert avec tous les risques que cela suppose dont la mort dans des souffrances atroces. Médecins et infirmiers, on vous aime ! En effet, les masques chirurgicaux, comme partout dans le monde, avaient manqué à l’appel. Le tissu qui les compose, le TNT, le Tissu non Tissé (No WovenCloth) était une denrée rare et son importation était devenue impossible. Et c’est là qu’est intervenu l’apport majeur de celle qu’on remercie rarement : l’Industrie tunisienne, les petites mains de la couturière.
Le TNT pour les médecins et les infirmiers d’abord
Aux premiers jours de la crise sanitaire, l’industrie tunisienne, suivant les conseils du corps médical, a utilisé le peu de tissu non tissé dont elle disposait pour confectionner gracieusement des masques aux médecins en premier lieu. Ce genre de tissu, confectionné d’une certaine manière, peut retenir jusqu’à 92% des particules rejetées par l’individu ce qui est assez réconfortant pour des médecins qui étaient sans aucune protection. Mais, du TNT, il n’y en a pas pour tout le monde. Que faire alors ?
La réponse était rapide et elle venait de la Fédération du textile, du ministère de la Santé et celui de l’Industrie. Encore une fois, l’administration tunisienne était au rendez-vous et le secteur privé a vite répondu à l’appel.
L’approche était cartésienne et assez simple : voyant d’abord ce que les autres nations ont fait pour résoudre ce problème sanitaire. L’OMS préconise l’utilisation des masques en tissu pour protéger les populations. Le Centre d’Infection d’Atlanta est lui aussi d’accord : ces bavettes en tissu sont tout à fait efficaces quand leur port est généralisée et qu’il s’agit de protéger des masses vivant dans un milieu normal.
Quelques centimètres de tissu pour sauver le monde
L’Association Française de Normalisation (AFNOR) a même conçu plus de 180 modèles de masques en tissus ordinaires, mais savamment coordonnés, pour protéger la population de la cinquième puissance mondiale.
Le comité sanitaire tunisien a alors choisi un de ces masques et demandé à ce que les industriels tunisiens l’exécutent. Le Centre Technique du Textile (CETTEX) a été sollicité pour veiller à la conformité de ces masques au modèle type. Mais le CETTEX se devait également de fournir des certificats à d’autres modèles de masque pourvu qu’ils respectent les normes de sécurité et qu’ils puissent protéger leurs utilisateurs.
Ces masques devaient filtrer plus de 70% des particules, permettre une certaine respirabilité et ne présenter aucune toxicité au niveau de leurs tissus. C’est ce morceau de tissus de 20cm X 10cm que vous avez dû accrocher à vos oreilles pendant plusieurs jours. J’espère pour vous que vous avez été photographié le portant. Histoire de ne pas oublier votre sauveur. Nous, on a fait plus : on lui a dédié cet article. L’étoffe en vaut la chandelle : l’exportation de ce genre de masques vers plusieurs destinations mondiales génère actuellement une entrée importante de devises et fournit du travail à des milliers de personnes.
UNIVERSNEWS