- Le présumé conflit d’intérêts impliquant Fakhfakh porte préjudice à l’image du gouvernement
- Malgré sa dislocation, la coalition gouvernementale veut nuire à Ennahdha et à l’action parlementaire
Ennahdha préoccupé par la situation critique socioéconomique, l’élargissement de la coalition gouvernementale, l’alignement de certains partenaires de la coalition gouvernementale avec les forces politiques extrémistes, le suivi des enquêtes et reconsidération de la position vis-à-vis du gouvernement et de la coalition avant un nouvel examen par le Conseil de la Choura pour prendre la décision adéquate lors sa prochaine session.
Le mouvement islamiste d’Ennahdha semble jouer avec les nerfs de Fakhfakh et faire durer le suspense avant la prise d’une position définitive à propos de ce qui est communément appelé « Fakhfakh Gate », un scandale qui semble, en attendant les résultats des trois enquêtes, confondre le chef actuel du gouvernement dans un conflit d’intérêts avec des allures dépassant largement les présomptions de corruption.
Sans rentrer, de nouveau dans les détails, le Bureau exécutif d’Ennahdha s’est réuni, samedi 4 juillet 2020 et a rendu public un communiqué dans lequel il a exprimé sa vision de l’état actuel des choses répartie en trois principaux points :
-Ennahdha exprime sa préoccupation face à la situation socioéconomique délicate prévalant dans le pays, ce qui exige la solidarité entre toutes les forces nationales afin de pouvoir dépasser la crise, en même temps qu’on assiste à un refus par le chef du gouvernement de répondre positivement aux appels d’élargissement de la coalition gouvernementale pour la rendre plus homogène et plus apte à relever les défis
-Ennahdha exprime son inquiétude face à la dislocation enregistrée vécue par la coalition gouvernementale, se plaint de l’absence de la solidarité requise et les tentatives de certains de ses partenaires, plus d’une fois, de nuire au mouvement tout en s’alignant avec les forces politiques extrémistes pour faire passer des options parlementaires douteuses, faisant dévier les efforts de l’Assemblée des représentants du peuple de son vrai rôle au service des causes nationale.
-Ennahdha assure faire le suivi des enquêtes sur le soupçon de conflit d’intérêts où est impliqué le chef du gouvernement et qui a fortement porté préjudice à l’image de la coalition gouvernementale dans son ensemble, ce qui exige une réévaluation de la position du mouvement vis-à-vis du gouvernement et de la coalition la formant avant de soumettre la question au débat au sein du Conseil de la Choura, lors de sa prochaine session afin de prendre la décision qui s’impose.
Ainsi, et au vu du contenu et du ton fermes du communiqué publié par le Bureau politique d’Ennahdha, la situation semble s’être envenimée dans le sens où Elyès Fakhfakh semble, lui aussi, déterminé à rester à La Kasbah malgré les scandales qui l’éclaboussent sans faire de concessions en faveur de l’élargissement de la coalition au pouvoir, autrement dit, en acceptant l’admission de Qalb Tounès en son sein.
C’est dire que Fakhfakh, convaincu, encore et toujours, qu’il ne peut laisser passer cette aubaine divine qui l’a mis sur la route de La Kasbah, estime qu’il est l’homme le plus propre, le plus puissant avec la personnalité la plus forte de la Tunisie et, par voie de conséquence, le plus capable de mener le pays à bon port. Et surtout le plus apte à « éradiquer la corruption ». Vous avez bien lu : le plus apte à « éradiquer la corruption ». Et l’affaire des marchées de 44 milliards, les conflits d’intérêts, l’omission de révéler que ses sociétés traitent avec l’Etat tunisien alors qu’il est, en même temps, à la tête du gouvernement tunisien ??… Apparemment, cela se passe sur une autre planète. Et tout est possible en « jonglant » avec les textes, les délais, les interprétations et en comptant sur l’appui des autres « Messieurs propres » qui s’acharnent, curieusement, à justifier les contradictions, les conflits d’intérêts et bien d’autres anomalies…
Noureddine HLAOUI