-
Le conseil de la choura d’Ennahdha a tenté le bras de fer, le chef du gouvernement chargé a choisi le bon chemin
-
Pour la suite des concertations, M. Mechichi va compter sur une équipe au-dessus de tout présumé soupçon
-
Les partis n’ont pas compris que l’heure est au sauvetage et non plus aux tiraillements
Après juste deux semaines depuis qu’il a été chargé, par le président de la République, de former le futur gouvernement, Hichem Mechichi a fait, pratiquement, la moitié du chemin, sachant qu’au moment où certaines voix commençaient à faire part de leur impatience allant jusqu’à parler de lenteur, le chef du gouvernement chargé a rendu son « verdict ». Ferme, tranchant et, surtout, judicieux, selon les observateurs.
En effet face à l’absence de toute déclaration de M. Mechichi, les responsables des partis politiques commençaient à montrer leurs griffes et à faire monter la pression en criant, haut et fort, leurs exigences pour un gouvernement basé, carrément, sur les quotas comme c’est le cas d’El Karama (ex-LPR dissoutes) qui avaient souvent flirté avec les extrémistes et fait l’apologie des terroristes
Abdelkrim Harouni, président du conseil de la choura d’Ennahdha, a lancé, presqu’un ultimatum puisqu’il a cru être en mesure d’imposer le diktat de son parti. « Il faut un gouvernement partisan et composé de politiciens », a-t-il précisé, sinon l’ARP et les élections législatives n’ont aucun sens, avant de conclure que tout gouvernement, qui n’obéit pas à ces critères, serait rejeté par le parti islamiste.
Ces propos rappellent ceux tenus par le même Harouni à la veille du vote de confiance au gouvernement Fakhfakh en affirmant que le conseil de la choura a décidé de ne pas lui accorder sa confiance et que cette décision était « irrévocable ».
Quant à Attayar et Echaâb, ils ont tenu, pratiquement, le même argumentaire : il faut faire participer les partis, mais sans Ennahdha tout en gardant les ministres qui ont réussi, les « leurs », cela va sans dire !
Pour sa part, Tahya Tounès, qui ose encore poser ses conditions, veut, lui aussi, un cabinet partisan, alors que son chef, Youssef Chahed avait lamentablement échoué lors de son passage, assez long, de plus de trois ans à La Kasbah.
Mais, en fin de compte, Hichem Mechichi a écouté et suivi la voix de la raison en annonçant la formation prochaine d’un gouvernement de compétences nationales et indépendantes, prouvant, si besoin est, qu’il est lui-même « indépendant » et qu’il ne se laisse pas intimider par la pression, voire le chantage des partis. Ces derniers croyant, à tort, que les temps sont encore aux surenchères et aux tiraillements alors que la patrie à plus que jamais besoin de se remettre au travail et d’entamer une véritable action de sauvetage.
Il faut dire que nombreuses étaient les voix à verser dans cette orientation, dont celle de notre journal qui a été le premier à réclamer un gouvernement de compétences allant même jusqu’à faire l’effort de proposer, à titre indicatif, une liste de noms de personnalités aptes à remplir ce rôle.
Outre les médias, il faut mettre en exergue le rôle et les appels des deux principales organisations nationales, à savoir l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) qui ont pris une position nette dans ce sens, ce qui aurait constitué une impulsion et un apport de taille au chef du gouvernement désigné.
Le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie et bien d’autres personnalités de poids dans le domaine de l’économie et des finances auraient, également, poussé dans le même sens de l’option des technocrates et loin des politiciens
D’ailleurs, on ne peut que se féliciter de l’accueil favorable par l’opinion publique de la décision de Hichem Mechichi qui confirme le bien que l’on pensait de lui et infirme certaines rumeurs qui voulaient faire de lui « l’homme d’untel ou d’un autre ».
C’est donc le moment où jamais de battre le fer tant qu’il est chaud en faisant appel, dans les meilleurs délais possibles, aux meilleures compétences nationales et indépendantes dans le pays. Il s’agit d’une tâche ardue pour M. Mechichi, car il va falloir convaincre ces compétences de le joindre à cette mission de sauvetage.
D’où l’impératif qu’il compte, en cette phase délicate, sur une équipe hautement valable, connue pour son honnêteté et loin de tout aspect affairiste et au-dessus de tout présumé soupçon, sachant que d’ores et déjà, certaines personnes, se présentant comme faisant partie du staff du chef du gouvernement chargé, ont approché des personnalités pour leur « proposer des portefeuilles ».
On sait parfaitement que ce n’est pas le cas pour M. Mechichi qui ne ferait jamais pareille erreur, mais ceux qui avaient joué, par le passé, le rôle de « recruteurs et de faiseurs de ministres » n’ont jamais abdiqué et tentent de placer les « leurs » pour les raisons évidentes qu’on connaît, d’où la nécessité d’avoir la perspicacité de distinguer entre ceux qui veulent servir la patrie et ceux opportunistes qui recherchent leurs intérêts et celui du cercle des « amis ».
Continuons à faire confiance à Hichem Mechichi, pour conduire l’équipe gouvernementale la plus apte jusqu’à La Kasbah après avoir réussi le passage du Bardo et à convaincre les élus de la Nation pour lui accorder leur confiance. On n’en est pas encore là, mais l’espoir est permis…A moins que ces mêmes élus veuillent courir le risque, d’abord pour eux, de nouvelles élections législatives !
Noureddine HLAOUI