Par Amine BEN GAMRA*
L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, le 29 juillet 2020, en plénière le projet de loi 27/2020 portant sur les mesures exceptionnelles de recrutement dans le secteur public. Suite à quoi, le Président de la République a signé dernièrement la loi en question.
Ladite loi assure aux diplômés de l’enseignement supérieur sans emploi, dont la durée du chômage est de plus de 10 ans, le droit de recrutement direct dans le secteur public
Pays de 11 millions d’habitants, la Tunisie compte 630 000 fonctionnaires (une estimation prudente) auxquels s’ajoutent les travailleurs des entreprises publiques ce qui porte le nombre de salariés de l’Etat à plus de 800 000, soit plus du double de la Grèce avec une population semblable, et qui n’est pas lui non plus un modèle de bonne gouvernance. Tout cela finit forcement par peser énormément.
La dette extérieure nette de la Tunisie atteindra 90% du PIB en 2021 suite principalement au poids des salaires de la fonction publique qui aggrave considérablement le déficit budgétaire et augmente significativement le besoin de financements extérieurs.
Tant que les dirigeants tunisiens resteront convaincus qu’ils peuvent s’en tirer en faisant la quête auprès des bailleurs internationaux et en échange de fausses promesses pour obtenir de l’argent, il y a peu de chances que des réformes économiques sérieuses soient réellement mises en route.
En effet, contrairement aux promesses faites au FMI et aux investisseurs étrangers, les dépenses de l’État sont le résultat des salaires dans la fonction publique et la pléthore d’entreprises de l’État dont le personnel est gonflé hors de toute mesure.
Mieux ou pis, ceux parmi les salariés de la fonction publique qui gagnent plus de 1500 dinars de revenu mensuel bénéficient de nombreux avantages, notamment de voitures de services qui sont de plus en plus utilisées à des fins personnelles.
Alors que la Tunisie affiche un double déficit et une dette élevés ainsi que des stocks régulateurs limités, alors que la croissance est anémique, l’emploi stagnant et l’inflation relativement élevée, alors que les perspectives sont soumises à des risques de dégradation majeurs liés principalement à la pandémie de coronavirus. (Selon le dernier rapport de la BM de suivi de la situation économique de la Tunisie-Avril 2020)
*Expert Comptable – Commissaire Aux Comptes
Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie