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Encore un complot tramé par quelqu’un qui veut prendre la présidence du gouvernement. Le comble, c’est que Saïed connaît son nom !
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Quelle sera la réplique de Mechichi ? S’attachera t-il aux dispositions de la Constitution comme l’a fait Youssef Chahed ?
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De nombreuses voix recherchent un moyen légal permettant d’exiger un dossier médical du président de la République dont la gestion n’est jamais vue sous d’autres cieux.
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Vers une union sacrée entre Le Bardo et La Kasbah pour isoler Saïed !
Plus le temps passe, plus on constate que le président de la République adore les tiraillements et les chamailleries avec les différents membres de l’autre partie du pouvoir exécutif, à commencer par le chef du gouvernement.
Ainsi, en l’espace de quelques jours, Kaïs Saïed a fait la revue des ministres. Il y a les « siens » à qui il demande de ne pas obéir au patron de La Kasbah. Et il y a les autres à qui il fait des savonnades et frictions.
La dernière en date a eu lieu ce mercredi 23 septembre 2020 à l’encontre du gouvernement en personne, Hichem Mechichi. Le tenant devant lui comme un étudiant voire un lycéen ou un écolier, le chef de l’Etat s’est permis de lui ordonner de ne pas finaliser les dernières nominations des conseillers, de faire attention, à l’avenir, de ne pas nommer de personnes ayant des affaires en cours devant les tribunaux, de ne pas nommer des gens appartenant à l’époque de l’ancien régime d’avant 2011.
Et encore une fois, il fait état de l’existence de complot tramé par une personne qu’il connaît et qui essaie de réunir les conditions adéquates pour s’emparer de la présidence du gouvernement ! Et encore une fois, Saïed ne donne aucun nom se contentant de faire des insinuations et de lancer des menaces contre les comploteurs.
Kaïs Saïed a prononcé, également, des propos étranges quant à la nécessité pour la justice de juger les « azlem », les corrompus tout en donnant des détails sur ce qu’il préconise comme procès et verdicts.
C’est dire que ce qui s’est passé, ce mercredi a dépassé toutes les limites dans le sens où le chef de l’Etat a mis les pieds dans le plat en empiétant sur les plates-bandes du chef du gouvernement et sur celles du Troisième pouvoir, en l’occurrence celui judiciaire, censé être indépendant et au-dessus de tous les autres.
Pourtant, M. Saïed, homme de droit, aurait dû être le premier à respecter les périmètres de chaque responsable…
Les observateurs sont unanimes à dire que tout dans le comportement du président de la République laisse croire qu’il ne veut pas de stabilité pour le pays, d’où sa fameuse théorie quant à la suprématie du pouvoir local et décentralisé tout en sacralisant le poste de président de la République.
Ainsi, après s’être immiscé, au dernier moment, dans les nominations des membres du cabinet de Mechichi, il semble vouloir tout faire « capoter » avec ses tentatives d’humilier le chef du gouvernement afin de démontrer qu’il n’a aucune autorité et que seul lui détient les rênes du pouvoir.
Il faut dire que sa façon de nommer, à deux reprises, après l’échec du passage du gouvernement Jemli, des personnalités non cautionnées par les partis dénote de sa volonté probable de ne pas avoir de gouvernement, ce qui l’aurait autorisé à dissoudre l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et passer à un scrutin législatif anticipé avec l’espoir de faire un raz-de-marée de ce côté-là aussi
En tout cas, des milieux proches du Palais de Carthage assurent qu’il aurait précisé, sans équivoque en nommant Elyès Fakhfakh, qu’il ne voulait pas de passage du gouvernement à l’ARP pour les raisons invoquées.
En tout état de cause, Kaïs Saïed semble « agacer » les politiciens, mais aussi, depuis quelque temps, les simples citoyens qui voient en lui, non plus un chef d’Etat sage, raisonnable, rassembleur et unificateur, mais plutôt un facteur de perturbation et de chaos.
Et la grande question qui se pose actuellement : Quelle sera la réplique de Hichem Mechichi à l’humiliation que lui a fait subir le chef de l’Etat ? Compte t-il disposer de toutes ses prérogatives comme stipulé par la Constitution ? On se rappelle que Youssef Chahed avait tenu jusqu’à la fin de don mandat en réussissant à imposer à feu Béji Caïd Essebsi le principe de non immixtion dans son périmètre qui est, de loin, plus vaste que celui du président de la République.
En tout état de cause, un président de la République ne doit pas parler de complots, de chambres noires et fermées, de manigances lors des soirées privées ou encore d’une personne qui planifie et cherche à s’accaparer de La Kasbah …Un président de la République a le devoir de dévoiler officiellement et au grand public ce qui ne va pas et de faire traduire les auteurs de tels vices devant les tribunaux.
Il faut avouer qu’à travers le monde entier, on n’a jamais une chef d’Etat pareil à Saïed en train de « savonner » les ministres et leur chef en grand public surtout que Kaïs Saïed ne joue pas à « armes égales » avec les responsables de l’autre « exécutif » dans la mesure où lui seul, via son cabinet, peut rendre publiques les vidéos en procédant à une savante opération de montage qui nous donne un seul son de cloche à travers les seules paroles du locataire de Carthage.
Le comportement de Kaïs Saïed intrique plus d’un. D’ailleurs, les voix sont de plus en plus nombreuses à chuchoter tout bas ce qu’un grand nombre d’autres crient tout haut en réclamant un moyen constitutionnel ou légal exigeant un dossier médical du président de la République dont la gestion des affaires de l’Etat est qualifiée d’anormale et jamais vue sous d’autres cieux.
Et même s’il n’y a pas encore une Cour constitutionnelle, force est de constater que c’était le cas aussi du temps de Caïd Essebsi qui n’avait jamais prétendu être le seul habilité à interpréter la Constitution, sachant que même s’il est un ancien enseignant de droit constitutionnel, il n’en demeure pas moins qu’il est loin d’être le meilleur en la matière, la Tunisie disposant de véritables sommités dans le domaine.
Les observateurs sont persuadés que la Tunisie ne supportera pas, à l’infini, des comportements irresponsables alors que la patrie est en train de couler, les différentes parties politiques ne tolèreront pas à l’infini cette manie arbitraire de gérer les affaires de l’Etat, des bruits courent à propos d’une union sacrée, contre le chef de l’Etat, entre Le Bardo et La Kasbah pour l’isoler en procédant, d’ores et déjà, à un remaniement ministériel écartant ceux qui étaient imposés par Carthage, surtout que l’aval du parlement sera garanti.
En plus, franchement, Kaïs Saïed, lui qui outrepasse ses prérogatives et impose son directeur de campagne présidentielle au poste de ministre l’Intérieur, est très mal placé pour donner des leçons à son chef de gouvernement avec qui il est en froid parce que, justement, il ne lui a pas obéi pour certaines nominations de dernière minute !
En attendant que les choses se décantent, on est en droit de s’interroger s’il y a encore des sages pour faire assagir le chef de l’Etat et lui faire comprendre qu’il est en train de jouer à un jeu dangereux qui risque de faire chavirer, voire carrément, noyer le bateau Tunisie.
Noureddine HLAOUI