Coïncidence frappante ! Le braquage de l’agence bancaire, vendredi 14 décembre, dans l’après midi, à la localité de Sbiba, au gouvernorat de Kasserine, par un groupe de 12 terroristes armés, suivi de l’assassinat par ce même groupe, dans la même localité, du jeune Khaled Ghozlani, frère du martyr de l’armée nationale Said Ghozlani, s’était produit alors que s’achevait à Tunis une audience tenue par la cinquième Chambre criminelle au tribunal de première instance de Tunis, spécialisée dans l’examen des affaires à caractère terroriste, dans le cadre du procès de près de 90 terroristes dont des cadres dangereux impliqués dans la fameuse affaire de Mnihla.
40 accusés, entre incarcérés et en état de liberté, étaient concernés par l’audience dont certains seulement étaient présents.
La chambre a décidé le report de l’examen de l’affaire à une date ultérieure.
Infiltration des terroristes
Outre le grand nombre des éléments terroristes jugés, le dossier de cette affaire qui remonte à 2016 est spécialement instructif, dans les circonstances actuelles, car il permet de se rendre compte aussi bien des efforts méritoires des services de sécurité en Tunisie, dans la lutte contre le terrorisme, que des plans déstabilisateurs et hautement ambitieux des groupes terroristes en Tunisie et leurs méthodes de travail très affûtées, à l’instar de l’utilisation des femmes en tant que kamikazes dont les tunisiens ont fait, déjà, plusieurs fois, les frais.
Cependant, tout ceci avait été rendu possible grâce à une opération d’infiltration très courageuse et très réussie des groupes terroristes de la part des services de sécurité tunisiens.
Rôle des renseignements
L’affaire a démarré le 18 janvier 2018, suite à des informations parvenues à la direction des renseignements et des recherches de la garde nationale et indiquant que des éléments terroristes tunisiens avaient fui en Libye et s’étaient installés dans un camp à la ville libyenne de Sabrata, dont les terroristes Atef Dhaouadi et Noureddine Chouchane, et que ces éléments terroristes préparaient des opérations et des attentats à commettre en Tunisie avec l’acheminement des armes et munitions nécessaires au profit d’une des principales cellules terroristes dormantes établie dans la Cité de Mnihla et Ettadhamoun, aux environs de Tunis et s’appelant « le bassin de la cité Ettadhamoun ». Ces armes et munitions devraient servir à commettre ces attentats et à être distribués à d’autres cellules terroristes dormantes à Tunis, travaillant de concert avec des éléments terroristes opérant dans d’autres régions de la Tunisie.
Le parquet avait été sollicité d’autoriser par écrit l’infiltration des ces groupes terroristes, ce qu’il avait fait.
Un tas de cellules dormantes
Grâce à cette opération d’infiltration, il a été possible de découvrir un tas de plans terroristes et de démanteler plusieurs cellules terroristes dormantes dont la fameuse cellule de Hammamet, au gouvernorat de Nabeul, qui avait planifié l’assassinat d’un colonel major, et d’autres officiers ainsi qu’un ressortissant étranger qui fréquentait le mess des officiers, parallèlement à un agent de sécurité à l’école de la garde nationale de Bir Bouregba. La même cellule avait projeté de cibler les élèves caporaux de la dite école lors de leur sortie pour l’entrainement dans la zone d’El Faouar ainsi qu’un agent de la sécurité présidentielle et un autre agent travaillant dans le district de la sureté nationale à Hammamet, outre un agent affecté à la brigade de la sureté de l’Etat à Hammamet, et un agent affecté à la brigade des recherches et investigations à Nabeul.
Les services de sécurité ont également été en mesure, par ce biais, de localiser et de démanteler une cellule dormante à Sidi Bou Zid qui avait planifié de faire exploser la caserne de la sureté nationale à El Gorjani, à Tunis et celle de la garde nationale à El Aouina, en confiant ces missions à des femmes portant le voile religieux intégral et devant s’y rendre pour le faire, sous le prétexte d’avoir reçu des convocations à s’y présenter.
La garde nationale tunisienne occupe les premières places dans le monde concernant l’efficacité de la lutte contre le terrorisme, mais, comme le dit si bien l’adage tunisien, le voleur peut toujours tromper la vigilance du gardien.
Salah Ben Hamadi