- S’il passe, l’amendement entraînera le chaos sur la scène médiatique et son contrôle par « l’argent douteux … »
Des représentants du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et de la Fédération générale des médias, relevant de l’Union générale tunisienne du travail, ont été unanimes à souligner que l’amendement du décret-loi n°116 relatif à la liberté de la communication audiovisuelle, qui devrait être présentée, mardi, à la session plénière du Parlement pour discussion, est « dangereux » et « anticonstitutionnel ».
« Cet amendement engendrera le chaos sur la scène médiatique », selon eux.
Pour le président du SNJT, Mohamed Yassine Jelassi, l’objectif de cette proposition d’amendement est « le contrôle du secteur des médias ».
Ce dernier s’exprimait, mardi, au cours d’une conférence de presse tenue conjointement par le Syndicat et la Fédération générale des médias, au bâtiment annexe du Palais du Bardo, en marge d’un mouvement de contestation mené par des journalistes contre l’adoption de la proposition d’amendement du décret-loi 116.
Jelassi a fait savoir que le Syndicat avait demandé, dans une correspondance adressée à la Présidence de la République, de ne pas promulguer ce projet de loi au cas où il serait adopté par l’Assemblée des représentants du peuple.
Le syndicat a également demandé une audience avec le président de la République pour discuter de la « gravité de cette question », a-t-il ajouté.
Il a relevé que les journalistes, réunis au Bardo dans le cadre de leur mouvement de contestation, sont en contact avec les députés qui rejettent cette proposition d’amendement.
« Nous déciderons des prochaines démarches à entreprendre au cas où l’amendement est adopté », a-t-il dit.
De son côté, Amira Mohamed, membre du bureau exécutif du SNJT, a appelé le chef du gouvernement Hichem Mechichi à renvoyer au Parlement le projet de loi « consensuel » sur la communication audiovisuelle avec une demande d’examen, en urgence, afin de mettre en place l’instance de communication audiovisuelle et de quitter le statut d’organe temporaire.
Elle l’invite aussi à « assumer sa responsabilité » et à exprimer la volonté exprimée par les Tunisiens, « au lieu de prendre le parti des groupes qui cherchent à faire prévaloir des intérêts partisans étroits ».
Quant au secrétaire général de la fédération générale des médias, Mohamed Saidi, il a critiqué le contenu de la proposition d’amendement du décret-loi 116, qui, selon lui, « vise à semer le chaos sur la scène médiatique à travers le blanchiment de l’argent et du terrorisme ».
Les structures professionnelles des médias « n’accepteront pas le passage de cet amendement » et prendront de nouvelles formes de contestation « pour faire avorter les tentatives de libanisation de la scène médiatique ».
Il est à noter que des journalistes, accompagnés d’un certain nombre de représentants de la société civile et des partis politiques, ont organisé un mouvement de protestation devant le bâtiment annexe du Parlement, au Bardo, pour exprimer leur refus de l’amendement du décret-loi 116.
La proposition d’amendement du décret-loi 116 a été présentée par le bloc de la Coalition al-Karama, dans le cadre d’une initiative législative. Elle devait être examinée ce mardi en plénière.