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Il faut adopter des réformes tous azimuts : Constitution, Code électoral, Fonction publique, fiscalité, police, justice et éducation, tout y passe…
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La gestion des affaires du pays selon le principe du consensus a abouti à des résultats catastrophiques !!
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La patrie a-t-elle été remise entre les mains des bailleurs de fonds internationaux ?!
Les instances financières internationales sont inquiètes concernant la situation en Tunisie. Le tableau sombre n’échappe plus à personne, étant désormais visible à l’œil nu comme on dit.
Mais pour avoir le cœur plus net, la Banque mondiale (BM) a engagé des discussions discrètes sur sa stratégie en Tunisie pour l’après mai 2021 marquant la fin de l’échéance de ce qu’on appelle le « Partenariat pays ».
Pour ce, la Banque mondiale a « convoqué » d’anciens ministres, consultants et économistes pour faire avec eux le point de la situation et élaborer le programme d’action pour le prochain partenariat quinquennal. Et c’est tout un panel d’experts tunisiens qui a été en conclave, selon le mode visio, avec les décideurs de la Banque mondiale.
Or, ce qui est inquiétant, c’est qu’il n’a pas fallu beaucoup de temps pour établir un diagnostic, économiquement, alarmant sur fond d’impasse politique !…
Il faut dire que la Banque mondiale a déjà placé, en Tunisie depuis 2016, année de la venue de Chahed, 2,8 milliards de dollars. Qu’en a-t-il fait ?
Mais le prochain plan quinquennal s’annonce crucial pour l’Etat tunisien dont la position trop délicate est suivie par d’autres bailleurs de fonds.
On citera, notamment, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), qui regardent, d’un très mauvais œil, la lourdeur en matière d’adoption des réformes promises et sans lesquelles lesdits bailleurs ne peuvent maintenir leur programme de subventions, sachant que la Banque mondiale a engagé jusqu’à présent la moitié des 5 milliards de dollars promis dans le cadre de son programme d’appui, validé en 2016.
Pour revenir au contenu de ladite réunion en mode visio, les participants ont mis l’accent sur l’obligation de retourner aux règles fondamentales de la démocratie, à savoir un gouvernement adossé à une majorité parlementaire viable afin de bénéficier d’un réel pouvoir de décision sans tergiversation.
Ce qui n’est pas le cas dans l’état actuel des choses, d’où la nécessité de l’adoption, sans plus tarder, de tout un arsenal de réformes tous azimuts : révision de la Constitution et du Code électoral, réformes de la Fonction publique, de la fiscalité, de la police, de la justice et de l’éducation.
C’est dire que les réformes sont majeures sur le plan politique et dépasseraient, théoriquement, le périmètre et les attributions de la BM dont l’économiste, Shireen Mahdi a présenté des objectifs plus spécifiques, encore, en l’occurrence la lutte contre la pauvreté et la répartition des richesses selon un renforcement du « contrat social ».
Or, la réunion a mis aux prises d’anciens ministres, Hakim Ben Hammouda (finances) et Zied Laâdhari (industrie et développement) avec le consultant, Radhi Meddeb (Comete Engineering), l’économiste, Ezzeddine Saïdane, l’universitaire, Fatma Marrakchi, l’homme d’affaires, Zakaria Belkhodja ( Meninx) et Michaël Ayari, analyste de l’International Crisis Group.
Alors, on peut dire, d’entrée, que les présents ont eu une analyse avec des prévisions pessimistes.
En effet, pour eux, cette manie de vouloir gérer les affaires du pays selon le principe du consensus a abouti à des résultats contraires à ceux escomptés, voire carrément catastrophiques.
Et en cas de poursuite de cette approche, cela pourrait entraîner, selon leur vision, une explosion sociale aux conséquences aussi incalculables qu’imprévisibles, ce qui engendrerait, inéluctablement, un grave préjudice pour les acquis démocratiques, encore trop fragiles.
Les spécialistes en question reconnaissent, toutefois, que la pandémie sanitaire sans précédent due à la propagation vertigineuse du Coronavirus a contribué à « saper » l’économie du pays, déjà affaiblie par les crises politiques à répétition depuis 2011générant l’effondrement de deux secteurs clés, générateurs de devises pour l’économie nationale, à savoir le phosphate et le tourisme.
En conclusion, ces analyses, visions et prévisions donnent froid au dos et l’on se demande si on va s’en sortir surtout avec le paysage politique, en général, et parlementaire, en particulier, qui dominent la scène nationale dans un climat d’insouciance, d’inconscience et d’indifférence, ce qui fait dire à plus d’un qu’il faudrait un choc voire un miracle pour espérer un début de reprise…
Noureddine HLAOUI