- Le patron de La Kasbah dispose d’atouts majeurs le mettant à l’abri des partis
- Saïed n’a aucune expérience ni de la politique politicienne, ni de la gestion saine des affaires de l’Etat. Il devrait rester en retrait
Tout le monde s’accorde à dire que le remaniement ministériel est imminent. Une question de quelques heures. Quarante huit heures tout au plus.
Et au vu de la précipitation des événements, tout laisse croire que les anciens schémas et les hypothèses avancés par les uns et les autres, selon les clans, seraient revus voire complètement chambardés.
En effet, les milieux proches des Islamistes font propager des noms très proches d’Ennahdha, voire des purs et durs tels celui de Hédi Kediri pour le département de la Justice que le parti Ennahdha tient à garder avec celui de l’Intérieur, deux portefeuilles clés pour ceux qui exercent leur pouvoir à partir des « dossiers ».
A un moment donné, les observateurs présentaient cet éventuel remaniement comme étant dirigé contre le président de la République, Kaïs Saïed, et ce en remplaçant les membres mis sur le compte du chef de l’Etat.
Mais les milieux islamistes ont vite fait d’avancer des noms très proches d’eux dans le sens qu’ils sont persuadés que le chef du gouvernement ne peut pas faire autrement s’il tient à se maintenir à La Kasbah et à avoir le fameux ticket de confiance à l’Assemblée des représentants du peuple.
Or, ces thèses auraient été contrées durant les dernières heures en « sifflant » à Hichem Mechichi qu’il se tromperait lourdement en concédant les postes-clés au sein de son prochain cabinet à des personnalités nahdhaouies ou recommandées par Ennahdha.
Le chef du gouvernement est appelé à saisir et se convaincre de l’idée qu’il n’a pas à répondre positivement aux desiderata des Islamistes qui le menaceraient, dans le cas contraire, d’un refus de vote de confiance.
Mais ces derniers semblent oublier que Mechichi détient la riposte-parade que d’aucuns qualifieraient « d’arme de destruction massive » (ADM) dans le sens où il peut, le cas échéant, présenter sa démission et faire reprendre l’initiative à Kaïs Saïed, ce qui constituerait, alors, un coup encore dur pour Ennahdha.
C’est dire que rien n’est joué dans la mesure où Mechichi dispose d’un « contre-jeu » très fort. Autrement dit, il peut faire d’une pierre deux coups, à savoir faire appel à des compétences comme le lui réclame le Fonds monétaire international et entreprendre des réformes susceptibles d’entamer l’opération de sauvetage loin de toute pression du Palais du Bardo et du Palais de Carthage.
En faisant montre d’un détachement du pouvoir, au sens primaire du terme, Mechichi peut exercer sa mission initiale loin de l’influence de Rached Ghannouchi et de Nadia Akacha, tout en faisant privilégier l’intérêt suprême de la patrie et de celui des Tunisiennes et Tunisiens.
D’ailleurs, si un quelconque bloc s’amuse à contre le gouvernement, il courrait le double risque de se voir condamner par tout e peuple sans oublier le risque d’une entrée en scène du locataire de Carthage qui n’a aucune expérience ni de la politique politicienne, ni de la gestion saine des affaires de l’Etat.
Quant aux noms qui circulent, il est évident que chaque partie et chaque lobby avance ceux des siens et à leur tête les Nahdhaouis. Mais ce qui est curieux et étrange c’est cette « transe » observée chez les « Go Djo » qui, outre la réapparition suspecte de M. Chahed à travers les plateaux télévisés et les vidéos sur Facebook, des pages osent citer son nom à des postes ministériels dont notamment celui de l’Intérieur. Ce qui serait le comble !…
En tout état de cause, tout l’espoir est de voir Hichem Mechichi mieux comprendre les enjeux et de prendre conscience des atouts qu’il a en mains, dont celui de « l’ADM » citée plus haut afin d’agir, durant les prochaines 48 heures décisives et, éventuellement, durant le reste de son mandat à La Kasbah, en toute sérénité et sans pression majeure.
A bon entendeur, salut !
Noureddine HLAOUI