- Notre pays se perd dans des conjectures périlleuses et un fétichisme constitutionnel pervers et sans fin
- La Tunisie se trouve aux portes du Club de Paris et face au risque imminent d’une nouvelle dégradation de la note souveraine du pays
Par Taoufik BACCAR
Dans un statut rendu public, dans la soirée du dimanche 25 avril 2021, sur sa page officielle Facebook, le grand expert économique et financier, Taoufik Baccar a eu une première réaction dont voici le texte intégral :
« Au moment où partout dans le monde, les pays mettent tout en œuvre afin de maîtriser la pandémie du coronavirus ; au moment où des progrès sans précédent sont enregistrés, notamment en matière de digitalisation grâce justement à cette pandémie, signe que l’homme, dans un sursaut perpétuel de survie, réussit toujours à se surpasser quand il se sent menacé.
Au moment où des défis nouveaux se dressent devant le monde et où on parle déjà de transhumanisme d’homme augmenté et d’autres encore, notre pays se perd dans les conjectures périlleuses et un « juridicisme » ou plutôt un fétichisme constitutionnel pervers et visiblement sans fin, loin des préoccupations réelles du citoyen tunisien pris en otage par l’incompétence des uns et l’imposture des autres et une guerre de positionnement sans merci.
Aux portes du Club de Paris, passage obligé pour le rééchelonnement de la dette et face à la crise de confiance des institutions financières internationales et au risque imminent d’une nouvelle dégradation de la note souveraine du pays qui bloquerait tout accès aux financements à des conditions soutenables, les priorités du pays et surtout celles de ses institutions et ses dirigeants semblent ailleurs.
Notre pays a fait les frais, dix ans durant, de choix politiques et économiques malheureux, d’un juridisme poussé à son extrême, doublé d’un populisme de basse facture au détriment des principes d’efficacité́ et de réalisme économique pourtant ô combien nécessaires afin de tirer profit d’un monde en perpétuelle évolution et surtout d’un contexte régional en mouvement continu.
Les lois faut-il le rappeler, sont des instruments au service d’idéaux et d’objectifs qui visent in fine la promotion de l’homme et de sa condition sociale. C’est l’homme qui les fait et les défait en fonction de ces idéaux et ces objectifs.
Les opportunités de croissance et de développement et en particulier celles offertes par les mutations internationales, tels les mouvements de délocalisation industrielle et la recomposition des alliances internationales et régionales exigent une grande réactivité́ des institutions et beaucoup de souplesse et se perdent définitivement quand elles ne sont pas exploitées à temps. Ce sont autant d’emplois nouveaux et de possibilités d’amélioration du niveau de vie, gâchées au malheur des couches les plus fragiles de la population. Je ne reviendrai pas à la polémique traditionnelle entre le droit réel et le droit formel, mais force est de constater que les législations sur la discrimination positive, celles relatives à l’accès aux services de santé et à la loi sur l’économie sociale et solidaire et tant d’autres initiatives législatives n’ont rien donné de concret au niveau des droits effectifs tant des individus que des régions. La justice sociale que doit prôner tout modèle de développement est la première ligne de front dans la quête des pays pour la consécration effective des principes des droits de l’homme, de la stabilité́ sociale et de la sécurité́ nationale ; On ne l’a jamais assez dit.
Que Dieu préserve ce pays. »
T.B