- Il y avait une « antipathie totale et réciproque » entre Béchir Ben Yahmed et le roi du Maroc Hassan II
- BBY a accepté, certes, des compromis, mais jamais des compromissions
- Ben Yahmed était, à la fois, ami avec François Mitterrand et Jacques Foccart
Parmi les personnes ayant côtoyé feu Béchir Ben Yahmed dans sa marche dans les arcanes du journalisme, on citera, notamment, l’historienne et l’écrivaine franco-tunisienne, Sophie Bessis, qui a eu le loisir de le connaître de près depuis le milieu des années soixante-dix.
C’est donc à ce titre, que Sophie Bessis a été l’invitée d’Asma Rihane à l’émission « Geo Express, samedi 8 mai 2021 sur les ondes d’Express Fm pour parler des principales étapes de la vie professionnelle de Béchir Ben Yahmed (BBY)
Pour commencer, elle a évoqué les origines de « Jeune Afrique », premier journal panafricain. Fondé à Tunis en 1960 sous l’intitulé d’Afrique Action, avant de « délocaliser » en 1962 à Rome, mais après avoir changé de dénomination sur exigence de Bourguiba, d’où la naissance du titre de « Jeune Afrique ».
Et d’ajouter que durant des décennies, il était le journal de gauche de référence où des penseurs, dont notamment, Jean Paul Sartre, écrivaient des billets et des analyses.
Le premier grand tournant a eu lieu à la fin des années 80 avec la vague de démocratisation enregistrée dans bon nombre de pays africains et la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, alors que jusque-là, il y avait, uniquement, des régimes totalitaires.
« Ainsi, Jeune Afrique n’était plus « le » journal, mais « un » journal. Autrement dit, ce n’était plus le journal de référence qui était le seul média libre », précise Mme Bessis avant de mentionner un deuxième grand tournant survenu durant les années 2000.
Mû par des soucis de résilience et de vente, Béchir Ben Yahmed a dû opter pour des compromis, mais jamais des compromissions. A-t-il réussi ? En grande partie, oui, assure t-elle. C’est dans ce cadre qu’on situe son amitié, à la fois, avec François Mitterrand et avec Jacques Foccart connu pour ses actions et ses idées opposées à certains dirigeants des pays africains.
Révélant l’existence de « Mémoires » de Béchir Ben Yahmed, déjà écrites et à publier prochainement, Sophie Bessis a révélé, également, le conflit entre BBY et le roi Hassan II du Maroc.
En effet, il est connu qu’une « antipathie totale réciproque » régnait entre les deux hommes dans le sens où Béchir Ben Yahmed n’aimait pas du tout la monarchie archaïque et absolue du Maroc sous Hassan II
Et de conclure qu’il n’était pas facile pour Jeune Afrique de s’imposer dans un contexte où le journalisme a changé, le monde a changé et, surtout que l’Afrique a changé. Ce qui fait dire à plus d’un qu’il est impossible de « dupliquer Jeune Afrique » qui correspond à une époque sans oublier que dans l’état actuel des choses, un journal panafricain n’est plus d’actualité…
Compte-rendu de :
Noureddine HLAOUI