- La Tunisie entre en désobéissance civile généralisée qui peut se transformer en révolte sans concessions
- Menacé dans son gagne-pain, le peuple est capable de tout « balayer » sur son chemin !
La désobéissance civile est un terme qui est revenu, souvent et avec grande insistance, ces derniers temps en évoquant les risques sérieux que cela devienne, un jour, une réalité qui menacerait le cours normal de la vie en Tunisie.
Il a fallu cette gestion malheureuse, voire calamiteuse, par le gouvernement de Mechichi, soutenu et pernicieusement encouragé par les islamistes d’Ennahdha lui laissant entendre qu’il a les coudées franches pour faire ce qu’il veut. Et ce au même moment que les intégristes du parti du cheikh et les takfiristes d’al Karama se comportent au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) comme s’ils étaient dans leur propre ferme.
Profitant du vide laissé par le président de la République, Kaïs Saïed, qui continue à planer dans sa « planète » et à faire miroiter un prétendu usage de missiles et de prérogatives en tant que chef des forces armées et de sécurité intérieure.
Paroles…Paroles… Dans le sens où à part un dîner ou autre cérémonial, les forces de sécurité du ministère de l’Intérieur continuent à dépendre uniquement du ministre de l’Intérieur, donc du chef du gouvernement. Autrement dit, dans l’état actuel des choses, de Hichem Mechichi.
Mais revenons à ce qui se passe dans le pays depuis la décision décrétant le confinement général, rejeté par l’ensemble des Tunisiens toutes catégories et professions confondues.
En effet, après moins d’un mois assurant qu’il n’est pas question de recourir audit confinement général, Mechichi et son gouvernement, font un revirement à 180 degrés au moment où les Tunisiens suffoquent et étouffent sous le poids des dettes et du manque terrible de revenus.
Mais de l’avis de tous, c’est la politique suivie, jusque-là, par La Kasbah qui a conduit le pays à ce stade de pourrissement. Car, au lieu d’accélérer l’acquisition des vaccins, on a tergiversé au point où depuis le début de l’année en cours, à peine 500 mille personnes ont été vaccinées alors que dans les autres pays qui nous « ressemblent » ont largement avancé en la matière : Algérie, Maroc, Arabie Saoudite, Egypte, etc. Sans parler des pays européens où le taux de vaccination a atteint voire dépassé les 80 pour cent. A un point tel que le nombre de contamination en Grande Bretagne, à titre d’exemple, est pratiquement le même que chez nous.
Cette gestion fait de la Tunisie, aujourd’hui proportionnellement parlant, le pays le plus touché dans le monde. Juste derrière l’Inde !
Ainsi, en plus de la nonchalance et de l’indifférence pour les vies humaines, on s’en prend, aujourd’hui, à ce qui reste du gagne-pain des citoyens. Si El Béji disait : « recule, recule, le dos de l’âne est fini ».
En Tunisie, nous sommes dans ce cas de figure. D’où la révolte – et c’est le cas de le dire – déclenché ces dernières 48 heures sous forme, dans un premier temps, d’une désobéissance civile déclarée. Partout dans le pays : à Sfax, dans les quartiers populaires de la capitale et dans toutes les régions de l’intérieur du pays : Sfax, Kairouan, Gabès, Le Kef, Kairouan, Sousse, Monastir, Kebili, Bizerte et bien d’autres.
Dans d’autres régions, à l’instar de Gafsa, Kasserine ou encore la Cité Ettadhamen dans la capitale, les habitants ont complètement ignoré les restrictions imposées par le gouvernement, poursuivant leur rythme de vie ordinaire.
A Nabeul et dans d’autres villes, les bureaux de l’UTICA et de l’UGTT ont publié des communiqués assurant, haut et fort, qu’ils ne respecteront les consignes de couvre-feu et de confinement. D’ailleurs, sur le terrain c’est déjà parti depuis hier soir avec des manifestations et des heurts avec les forces de l’ordre.
Dans certaines villes, les sécuritaires n’ont même pas osé intervenir pour imposer le couvre-feu, un signe que la situation commence à échapper – si ce n’est déjà fait – à tout contrôle ouvrant la porte à toutes sortes de dérapages.
En ces mêmes moments, Rached Ghannouchi, après une visite mystérieuse à Qatar, il viole le confinement en se rendant à Kasserine pour assister aux funérailles d’un des membres purs et durs de la « jamaâ », Kaïs Saïed se rend au siège du ministère de l’Intérieur avant faire la prière d’El Icha à la Mosquée de la Zitouna.
Quant à Hichem Mechichi, il a diné avec une sélection de journalistes dans un hôtel huppé de la place avant de partir en visite au Portugal en sa qualité, tenez-vous bien, de ministre de l’Intérieur ! Comble de l’aberration et de l’inconscience !
C’est dire que Mechichi semble emboîter le pas à son ex-prédécesseur Youssef Chahed dans le sens où il accorde la priorité à travailler son image avant de s’occuper du fond des préoccupations des citoyens, ce qui explique les changements à la tête du staff de la communication à La Kasbah en appelant Mofdi Mseddi au secours.
Devant ce mouvement qui est en train de faire tâche d’huile dans toutes les régions du pays, le gouvernement fera t machine arrière ? Il y va de la survie d’un grand nombre de citoyens qui, par leur engagement contre les dernières décisions irrationnelles du gouvernement, peuvent conduire, selon les analystes, à la chute du gouvernement qui ne tient qu’à un cheveu…
Noureddine HLAOUI