- Ignorant le projet de résolution arabe présenté par la Tunisie, le Conseil de sécurité renvoie le litige à l’Union africaine
- Encore une fois notre diplomatie, gérée par Saïed, a fait preuve d’amateurisme et d’envolée lyriques inutiles
Comme on le sait, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies s’est réuni à la demande de la Tunisie pour discuter du projet de résolution présenté par notre pays au nom de l’Egypte et du Soudan à propos du barrage d’Ennahdha, objet de litige entre La Caire et Khartoum, d’un côté, et Addis Abeba, de l’autre.
Or, la diplomatie de notre pays aura fait preuve, une nouvelle fois d’amateurisme. En effet, en dépit du conseil prodigué par la France, assurant la présidence du Conseil de de sécurité pour le mois en cours, quant à la nécessité de traiter ce dossier au niveau de l’Union Africaine, seule habilitée à en débattre, la Tunisie a cru bon de suivre aveuglément la requête de l’Egypte.
On se rappelle les envolées lyriques de notre président de la République, lors de sa visite au Caire, en apportant un « soutien indéfectible à l’Egypte tout en criant haut et fort que la sécurité hydraulique de l’Egypte est une ligne rouge à ne pas franchir… ».
Près de deux semaines après, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Chokri a rendu visite en Tunisie porteur d’un projet de résolution égyptien tout ficelé que la Tunisie aurait présenté tel qu’il est lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité au nom du Groupe arabe. Ce qui aurait été très mal vu par les pays africains qui privilégient une approche plutôt africaine qu’arabe.
En tout état de cause, la suite du déroulement de la question a donné tort à la Tunisie puisque le Conseil de sécurité a apporté son appui à la médiation africaine dans la résolution de la crise, ce qu’Addis Abeba considère comme étant une « victoire diplomatique » pour l’Éthiopie
Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a déclaré que le soutien du Conseil de sécurité de l’ONU à la médiation africaine dans la résolution de la crise du barrage de la Renaissance renforce les négociations tripartites menées par l’Union africaine et constitue une « victoire diplomatique majeure pour son pays ».
Le porte-parole éthiopien a souligné que « malgré les efforts déployés par l’Egypte et le Soudan pour renvoyer la question du barrage au Conseil de sécurité, ce dernier a fini par la remettre entre les mains de l’Union africaine ».
En effet, le Conseil de sécurité a renvoyé la question à l’Union africaine, appelant les trois pays à poursuivre la voie des négociations, sans fixer de date limite, comme l’ont demandé l’Égypte et le Soudan.
L’Ethiopie a, de son côté, notifié lundi et mardi aux pays en aval du Nil, l’Égypte et le Soudan, du début d’un deuxième remplissage du barrage, sans parvenir à un accord tripartite, ce que le Caire et Khartoum ont rejeté, dénonçant une mesure unilatérale.
D’autre part, les voix qui s’élèvent appelant à une action militaire égyptienne contre l’Ethiopie devraient savoir que tout bombardement du barrage, maintenant qu’il est en 2ème phase de remplissage, pourrait entraîner une catastrophe majeure, notamment au Soudan, qui subirait de graves inondations aux conséquences inouïes.
Noureddine HLAOUI (avec agences)