Saïed et Mechichi, enfin, d’accord : l’opération portes-ouvertes de vaccination assimilée à un crime
La Kasbah porte plainte contre Faouzi Mehdi, Carthage le félicite pour ses performances !!!
Marqué, probablement, par un complexe de l’uniforme, Kaïs Saïed voit partout des forces armées
L’opération, « portes ouvertes » pour la vaccination des Tunisiens, tous âges confondu, durant les deux jours de l’Aïd El Idha à travers 29 centres répartis sur tout le territoire, continue à susciter des réactions diverses à tous les niveaux.
En effet, suite au flop enregistré après les flux massifs des candidats à la vaccination générant des rassemblements monstres susceptibles d’entraîner des contaminations à grande échelle. Et au vu des commentaires et des statuts de condamnation de cette action, l’opération a été stoppée avant que le chef du gouvernement ne décide le limogeage du ministre de la Santé, Faouzi Mehdi.
Dans une déclaration lors d’une réunion avec les cadres du ministère de la Santé, dans la soirée du mardi 20 juillet 2021, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi a accusé Faouzi Mehdi d’avoir pris une « décision criminelle » avec l’opération « portes ouvertes ».
Le patron de la Kasbah assure qu’il n’a pas été consulté au préalable et que même les cadres spécialisés ne l’ont pas été faisant, ainsi, assumer la responsabilité du « crime » au seul ex-ministre de la Santé. Mais on est en droit de se poser la question si vraiment, le chef du gouvernement et, de plus, ministre de l’Intérieur, n’était pas courant d’une telle décision que tout le monde s’accorde à dire qu’elle est aberrante, voire effectivement criminelle…
Ou bien alors, a-t-il été encouragé à décider une pareille énormité pour le mettre dehors et en faire un bouc émissaire dans cette conjoncture de ras-le-bol généralisé ?
En tous les cas, le ministre de la Santé a parlé et a joué la victimisation se contentant de parler de la forme de son limogeage, alors qu’il aurait dû s’expliquer sur la décision des « journées portes ouvertes » : qui en a eu l’initiative ? Qui l’a prise ? Si c’est lui, a-t-il consulté les spécialistes et les autres membres du gouvernement, plus précisément le chef du gouvernement ?
Le président de la République s’est posé toutes ces questions tout en se contentant, comme à son habitude de qualifier la décision en question de criminelle et fustiger, sans les nommes, ceux qui l’ont prise.
Dans une déclaration médiatique faite aujourd’hui, mais que la chaîne d’Al Arabiya s’est appropriée, Kaïs Saïed s’est fait piéger confirmant sa manie de parler des affaires intérieures de la Tunisie à des médias étrangers.
D’autre part, aussi bien les propos de Saïed que ceux de Mechichi sont venus confirmer, si besoin est, le clivage, voire le fossé séparant les deux hommes.
D’un côté, le patron de La Kasbah affirme qu’il n’a pas été consulté, le Comité scientifique non plus. « Je ne voulais pas prendre une décision radicale en pleine crise sanitaire avec l’espoir qu’il retrouve la raison, mais il n’a pas arrêté de prouver qu’il « roulait pour une autre partie » assurait Mechichi en allusion claire et directe à la présidence de la République.
Et aux dernières nouvelles, la présidence du gouvernement a chargé la ministre de la Justice par intérim de déposer une plainte contre Faouzi Mehdi accusé, expressément, d’avoir eu une attitude criminelle en décidant la vaccination durant les deux journées de l’Aïd.
De l’autre côté, le locataire du Palais de Carthage a reçu, hier après-midi le ministre limogé pour lui tenir un monologue monotone et monocorde avec une répétition des mêmes termes tout en lui adressant ses chaleureuses félicitations pour « avoir fourni d’excellentes performances à la tête du ministère de la Santé. Mais eux, en ont voulu autrement en te sabotant ». Il ne manquait plus qu’il lui décerne une décoration !!!
Pour Saïed, et en dépit des enregistrement et des correspondances attestant que c’est le ministre de la Santé qui a décidé d’ouvrir 29 centre de vaccination à titre exceptionnel les mardi et mercredi tout en se contentant d’une correspondance adressée par son chef de cabinet à son homologue de l’Intérieur pour assurer le bon déroulement de ladite opération de vaccination. « Il s’agit d’un « crime commis par les autres » qui cherchaient à faire chuter le ministre parce qu’il faisait partie du « team » présidentiel.
Apparemment, Saïed n’a ni écouté les enregistrements ni lu lesdites correspondances. Et puis, à quoi rime cette communication consistant à nous montrer le chef de l’Etat dans une vidéo soigneusement montée et où on n’entend qu’un seul son de cloche. Une pratique jamais vue sous d’autres cieux, même pas dans les pires dictatures.
Cette situation, de plus en plus intenable, exige des deux têtes du pouvoir exécutif, de crever l’abcès et de dire toute la vérité aux Tunisiennes et aux Tunisiens ce qu’ils comptent faire pour sortir de l’impasse qui impacte négativement la gestion des affaires de l’Etat.
On est arrivé à un point de non-retour entre les deux hommes chacun accusant l’autre d’être à l’origine du blocage. Il est temps que Saïed arrête son manège de tout rejeter. Il est temps qu’il désigne le ou les membres contestés du remaniement et de les déférer devant la justice et de laisser les autres travailler. Car le pays a besoin d’un gouvernement en entier.
Saïed est-il conscient que lui, aussi, travaille contre les intérêts du pays au moment où les citoyennes et citoyennes meurent par milliers ? Il faut dire que tous ceux qui ont approché le patron de Carthage sont persuadés qu’il n’a ni projets, ni vision claire de la gestion des affaires du pays.
D’autres nous diront que Mechichi n’est pas exempt de tout reproche et qu’il aurait dû jeter l’éponge au lieu d’obéir à la lettre aux Nahdhaouis dont le principal objectif semble être le dépouillement de la Tunisie et des Tunisiens et de s’accaparer tout, s’agissant de membres d’une secte qui agissent pour leur propre intérêt sans tenir compte des soucis nationaux de la patrie.
Sinon, comment expliquer les revendications de prendre encore trois mille milliards à titre de compensations pour des actes de violences et de terrorisme envers leurs compatriotes et destinés à faire chuter un régime par la force. Mais au lieu d’assumer la responsabilité de leur attitude putschiste, ils ont le culot de parler de militantisme. Les vrais militants pour les droits des citoyens ne réclament jamais des « primes », sinon ils ne seraient rien d’autres que de vulgaires mercenaires et miliciens !…
Et puis qu’est-ce que cette manie du président Saïed de faire mêler les forces armées à toutes les sauces ?
A ce qu’on sache, l’Armée nationale est l’une des institutions-clés de l’Etat, mais elle n’est pas l’Etat. Or, Saïed, chaque fois qu’il prononce le terme « forces armées », il entre en transes. On a constaté qu’il ne fonctionne qu’avec tout ce qui a une connotation militaire. C’est à croire que notre Président a un complexe vis-à-vis de l’uniforme…
Et puis, à ce qu’on sache, le peuple a élu Saïed en tant que président de la République et non pas en tant que chef suprême des forces armées qui demeure un simple titre honorifique qui lui est attribué après son élection. Ce n’est pas sa qualité première. C’est l’une des tâches qu’il doit assumer théoriquement, car Kaïs Saïed, à l’instar de tous les présidents des pays démocratiques, n’a aucune qualification pour diriger des batailles ou de fixer des stratégies militaires dans le sens propre du terme.
Franchement, nous pouvons dire que « pauvre est la Tunisie » qui se retrouve dans une position d’impasse totale aux prises avec un trio infernal : des Nahdhaouis avides de pouvoir et d’argent, un Saïed que certains n’ont pas hésité de traiter de « psychopathe » et un Mechichi nommé et chassé par Saïed et récupéré par le parti islamiste qui en fait ce qu’il veut.
La solution ? Celui qui en a une est prié de la révéler au grand public afin de contribuer à faire sortir le pays du marasme. Même si on n’y croit plus. A moins d’un mouvement capable de gommer cette énormité du printemps dont on n’a vu que l’image souillée d’une pseudo-liberté d’expression utilisée pour les dénigrements, les intox, les diffamations et autres polémiques sans fin.
Noureddine HLAOUI