Par Mustapha KHAMMARI*
Dix ans de doutes, d’obstructions, de conflits ,d’immobilisme, de crise financière, de récession, de hausse vertigineuse du coût de la vie, de recours abusif a l’endettement extérieur, de chasse aux sorcières et de tentatives d’asservissement de la justice et de dérives politiques.
Le tout sur fond de spectacle honteux permanent de violences ignominieuses, diffusé en direct par la TV publique et les médias sociaux, à partir d’un Parlement transformé en annexe du parti dominant.
Puis survint la pandémie qui a fait, à ce jour, plus de vingt mille morts.
Une hécatombe qui endeuille le pays et met à nu les tares d’un système défaillant et stérile traduit par une gouvernance politique cahotante et inefficace.
Bilan catastrophique qui n’a pas ému outre mesure un Parlement déchiré, mal géré, engoncé dans ses querelles abjectes de violence nourrie par des conflits partisans et une compétition débridée pour l’accès aux pouvoirs.
La coupe était pleine
Des milliers de jeunes ont envahi les rues des villes et villages à travers le pays exprimant un ras le bol illustré dramatiquement par le journaliste -producteur Hatem Belhaj qui éclata en sanglots sur antenne, parce que ses filles voulaient quitter le pays qu’elles jugent invivable!.
Le 25 juillet 2021, date à retenir, le Président de la République a donné un coup de pied dans la fourmilière.
Il a gelé le Parlement, démis le chef du gouvernement, pris des mesures conservatoires , secoué les torpeurs d’une Démocratie malmenée.
Il promet de remettre les pendules à l’heure.
Les Tunisiens qui l’ont élu à une majorité écrasante ont accueilli son initiative considérée comme salvatrice, avec grand soulagement. Les sondages situent à plus de 80% le taux de satisfaction des Tunisiens pour les mesures annoncées et mises en pratique par le Président Kaïs Saïed.
Les représentants des organisations syndicales, des Droits de l’Homme et de représentants de la société civile, qui ont rencontré le chef de l’Etat et qui prônent la vigilance à propos de la protection des Droits et libertés, se disent confiants après leur rencontre à Carthage.
Hier le Président Saïed s’est montré tout aussi rassurant lors de l’audience avec le Président de l’UTICA.
L’heure est désormais à la relance urgente d’une économie sinistrée et à davantage d’efficacité dans la lutte contre la pandémie.
Les débats académiques autour de la légitimité ou non de l’article 80 de la Constitution sont légitimes et doivent être l’occasion de discussions scientifiques libres et utiles avec le souci de servir le processus de relance économique et sociale sans lancer des anathèmes pour exacerber les divisions et nourrir les intolérances.
Ce qui est patent est que l’initiative présidentielle -provisoire- se présente comme un « électrochoc constitutionnel » nécessaire pour stopper le délitement de l’Etat et répond à l’urgence de faire face aux dangers imminents qui le menacent tout en préservant les libertés et en rectifiant ce qui doit l’être d’un processus démocratique irréversible.
M.K
* Journaliste