La pression diplomatique s’intensifie sur Israël, pour qu’il donne des explications convaincantes sur la nature de ses relations avec le système espion Pegasus, suite aux révélations d’un rapport d’enquête international d’une équipe de 80 journalistes travaillant pour 17 organisations médiatiques dans dix pays.
Rappelons que Pegasus est un système de mise sur écoute sophistiqué permettant de s’introduire dans les téléphones portables et les ordinateurs, à l’insu de leurs propriétaires.
L’enquête menée par Forbidden Stories et Amnesty International affirme que la société israélienne NSO Group a vendu son logiciel espion Pegasus à des gouvernements du monde entier, qui l’ont utilisé pour espionner non seulement des criminels et des terroristes, mais aussi des journalistes, des militants des droits de l’Homme, des homosexuels et des dirigeants politiques dont le président français Emmanuel Macron, ainsi que le Premier ministre pakistanais Imran Khan.
Selon des articles de presse, le président Macron a appelé le Premier ministre israélien Naftali Bennett pour demander des éclaircissements sur la question. Le ministre israélien de la Défense Benny Gantz, qui s’est rendu en France la semaine dernière, a discuté de la question avec son homologue française Florence Parly.
Gantz lui a dit qu’Israël opérait selon des accords internationaux soumis à des licences strictes, qui ne sont accordés que pour les ventes aux gouvernements afin de lutter contre le terrorisme et le crime. Il a souligné qu’il est de la responsabilité première et principale des acheteurs d’utiliser Pegasus conformément à la licence qui leur a été donnée. Il a ajouté que, la France ayant elle-même été victime d’attentats terroristes majeurs, elle était consciente de l’importance de tels outils de surveillance dans la guerre contre le terrorisme.
L’enquête Pegasus était basée sur 50 000 numéros de téléphone divulgués dans des pays qui ont acheté le logiciel espion et auraient été utilisés pour surveiller des journalistes, des politiciens, des militants des droits de l’homme, des hommes d’affaires et des responsables gouvernementaux, au Mexique, en Arabie saoudite, en Azerbaïdjan, au Maroc, au Rwanda, en Hongrie, Inde, Bahreïn, Kazakhstan et Émirats arabes unis.
Les journalistes ont réussi à identifier plus de 1 000 personnes dans cinquante pays qui étaient surveillées par leurs gouvernements à l’aide du système Pegasus. La liste comprend 189 journalistes, quelque 600 politiciens et responsables gouvernementaux, 85 militants des droits de l’Homme, 65 chefs d’entreprise et plusieurs ministres et chefs de gouvernement.
Parmi les personnes ciblées par le logiciel Pegasus figuraient Roula Khalaf, rédacteur en chef du Financial Times, Ragip Soylu, chef du bureau turc de Middle East Eye, et des diplomates égyptiens, ainsi que le fiancé et le fils du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi, qui a été assassiné. à Istanbul en octobre 2018.
Pegasus peut s’introduire dans un téléphone sans que la victime n’ait besoin de faire quoi que ce soit ou d’ouvrir un lien ou un message. Il peut voler des e-mails, des enregistrements d’appels, des mots de passe d’utilisateur, des informations de contact, des images, des vidéos, des enregistrements sonores, des publications sur les réseaux sociaux et des historiques de navigation.
Alors que NSO exporte légalement son logiciel, en vertu d’une licence de commerce d’armes qui lui a été attribuée par le ministère israélien de la Défense et le ministère des Affaires étrangères, plusieurs gouvernements et les médias mondiaux ont demandé au nouveau gouvernement israélien de Naftali Bennet d’expliquer la nature des relations entre l’État d’Israël et le groupe NSO qui a prospéré à l’époque des 12 ans de Benjamin Netanyahu, en tant que Premier ministre.
Aux États-Unis, bien que l’administration américaine se soit abstenue de commenter l’affaire, quatre membres influents du Congrès démocrate ont appelé l’administration Biden à envisager de placer le groupe NSO sur une liste noire d’exportation, soulignant que l’industrie du « piratage » doit être contrôlée.
La National Public Radio des États-Unis a rapporté qu’un employé de NSO les avait informés que la société avait suspendu les comptes de plusieurs clients gouvernementaux internationaux pour enquêter sur un éventuel abus.
Il est également rapporté que NSO mène actuellement une enquête sur chaque cible, vérifiant si leur utilisation du logiciel de surveillance est contraire aux termes de leur contrat. Les cyber-outils de NSO sont censés être utilisés uniquement pour prévenir le terrorisme et les crimes graves, et non à des fins diplomatiques ou pour traquer les dissidents.