- « Dors, cher ami, dors !… », un slogan que beaucoup de Tunisiens sont tentés d’adresser à Saïed
- Il ne voulait pas écarter l’Islam politique, mais mettre fin à tout le système politique pour imposer, enfin, ses théories
- Le ras-le-bol généralisé est de dix ans d’hégémonie de la bande à Ghannouchi and Co
- Le phénomène des voyages des milliers des Tunisiens coïncidait avec l’émergence de Syphax Airlines… !!!
Un mois et une semaine après l’annonce des mesures exceptionnelles par le président de la République, en un certain 25 juillet que toute une mise en scène a voulu en faire une journée pas comme les autres.
En effet après des attaques synchronisées par des citoyens ayant ciblé les sièges du parti islamiste d’Ennahdha, Kaïs Saïed est sorti pour lire son communiqué n° Un limogeant le chef du gouvernement, et gelant les prérogatives de l’Assemblée des représentants du peuple et levant l’immunité parlementaire à tous les députés tout en faisant impliquer l’Armée nationale pour faire peur aux Tunisiens qui pouvaient exprimer certaines velléités
Autrement dit, le président de la République a pu faire imposer ses mesures en usant de la force, celle de la Muette.
Même s’il s’agit d’une action, théoriquement et, de l’avis des plus grands spécialistes du droit constitutionnel, contraire à la Constitution, une majorité écrasante des Tunisiennes et Tunisiens, ont applaudi et accueilli dans la plus grande liesse l’action de Kaïs Saïd.
Pourquoi cette joie ? Tout simplement, parce que les Tunisiens en ont ras-le-bol de dix ans d’hégémonie de la bande à cheikh Ghannouchi and Co. Dix ans au cours desquels on aura tout vu et supporté : l’instrumentalisations de la religion, les dédommagements à coups de milliers de milliards que Fakhfakh avait consenti à les payer après que Houcine Dimassi avait préféré démissionner mais sans « payer ».
On aura vu les attentats avec la tombée en martyrs de dizaines de nos soldats, on aura vu Abou Iyadh agir en toute liberté de l’ambassade des USA aux Berges du Lac jusqu’à la mosquée d’El Fath au vu et au su des Jebali, Ghannouchi et Layrayedh sans parler de nos monts et forêts du nord-ouest transformés en passoire et en en refuge pour les terroristes du temps où le faucon nahdhaoui, Mohamed Ben Salem régnait en maître absolu sur ces lieux en sa qualité de ministre de l’Agriculture.
On aura vu les voyages par milliers de jeunes Tunisiens vers la Turquie, la Libye et la Syrie. Un phénomène qui coïncidait avec le l’émergence de la compagnie aérienne Syphax Airlines du député nahdhaoui, Mohamed Frikha.
On aura vu les deux assassinats des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi… On aura vu les arrivées des prédicateurs moyenâgeux et, surtout, l’installation de la secte terroriste présidée par leur cheikh El Qardhaoui qui autorise les tueurs kamokazes à se faire exploser en plein milieu des personnes innocentes… Et on en passe tellement la liste est trop longue
Donc, logiquement, les Tunisiens s’attendaient à l’ouverture du procès de l’appareil sécuritaire armé d’Ennahdha, une enquête approfondie sur le dossier des voyages en Syrie, le procès pour fermeture des locaux des khouenjiya d’El Qardhaoui, l’interdiction de tout parti créé et exerçant sur la base de référentiel religieux, soit en premier lieu Ennhdha, Ettahrir et ce groupe batard d’al-karama, le procès de Bouchlaka pour le détournement du don chinois d’un milliard.
Et on attendait monts et merveilles en matière de lutte contre la corruption, mais en fin de compte, on a eu l’emprisonnement de Yassine Ayari et Fayçal Tebbini, alors que les Maher Zid, Mohamed El Affès et autre Seifeddine Makhlouf sont libres comme le vent… On a vu des interdictions de voyages et des assignations à résidence surveillées sans la moindre notification ni justification, ce qui constitue, selon les associations de défense des droits de l’Homme et des instances internationales, une violation flagrante des principes élémentaires des libertés publiques et individuelles.
On a vu des descentes anarchiques à la James Bond contre des dépôts et des commerces sans oublier les restrictions imposées aux hommes d’affaires et à toute personne portant sur son passeport, l’inscription : gérant de société, homme d’affaires…
On a vu des et entendu des monologues répétitifs sur la lutte pour le recouvrement de « l’argent du peuple », on a vu et entendu des appels répétés pour la baisse des prix des produits alimentaires, du fer et des factures de l’eau. Bien entendu sans le moindre effet, car les factures sont restées les mêmes alors que les prix n’ont cessé d’augmenter.
En un mois une semaine, on n’a vu aucune action de gestion des affaires de l’Etat et on n’a entendu aucune parole crédible concernant les projets d’avenir pour sortir le pays de l’impasse, aucun mot sur le budget de l’Etat ou sur la loi de finances complémentaire alors que les échéances approchent à pas de géants, notamment avec les agences de notation, avec le FMI et les pays créanciers.
Au lieu de se concerter sur les grandes affaires de l’Etat, le président Saïed continue à vérifier les chambres frigorifiques, les entrepôts d’emmagasinage parce que cela plaît au petit peuple qui, on ne sait comment, il se retrouve, même à des heures indues, pour le haranguer et lui réclamer de foncer encore et encore.
Et au moment où tout le monde s’impatiente pour savoir où on va, le chef de l’Etat continue à faire des actions populistes afin de maintenir intact son ascendant moral. Ainsi, pour démontrer que tous les Tunisiens sont traités à pied d’égalité, Saïed a reçu un « citoyen » qui s’est avéré, en fin de compte, comme étant un membre de sa campagne électorale de 2019 à Jendouba.
Ceci s’appelle du favoritisme sachant que ce n’est pas première fois qu’il rencontre des membres de ses campagnes à travers les régions. Pourtant, le chef de l’Etat nous avait laissé croire qu’il n’avait pas fait campagne, mais que c’était juste quelques jeunes bénévoles qui l’accompagnaient à pieds avant de prendre un capucin ensemble.
Mais voilà que des équipes entières lui faisaient campagne dans toutes les régions de la Tunisie. Plus encore, lors de cette audience, ce fut une des rares fois où on a entendu l’hôte participer à la discussion et dicter les propos à dire par le président de la République.
Autre remarque, qu’il faut imputer ou non au hasard, est qu’après la militante de Gafsa, celui de Jendouba est lui aussi non-voyant sans oublier le ministre de la Culture, Walid Zidi, qu’il avait imposé à Mechichi déclenchant un accrochage irréversible avec le chef du gouvernement limogé. Eh bien, le dit ministre était, lui aussi, mal voyant.
La rencontre d’hier est venue confirmer que Saïed vit encore à l’heure et dans l’ambiance de 2019, alors qu’on est en 2021
Cet épisde est-il venu prouver que Saïed est en train de revivre en 2019 et que pour lui, l’exercice de sa présidence commence maintenant avec l’application de son vrai programme, celui du peuple veut. Autrement dit, son coup du 25 juillet serait bien ficelé, non pas contre l’Islam politique, mais contre tout le système des partis dont il n’a rencontré aucun responsable, même ceux qui se réclament de son cercle rapproché.
Et à part, Echaâb qui continue à lui faire de la « cire », tous les autres politiciens le laissent tomber, y compris Ettayar. Ainsi, Saïed s’est arrangé pour faire fuir tout le monde pour s’afficher, enfin, avec ses vrais poulains avec qui il semble être en relation à la limite du fusionnel !!!
Il est temps et légitime de se demander vers où nous mène Kaïs Saïed pour qui les gouvernements passent, mais l’Etat reste. Et l’Etat, c’est lui et personne d’autre avec. D’ailleurs même pour prolonger l’horaire d’été, il a fallu un communiqué de la présidence de la République, exactement comme pour la prolongation des mesures exceptionnelles jusqu’à nouvel ordre.
C’est à l’image de tout le pays qui vit des heures d’attentisme à n’en plus finir. On se rappelle qu’après le meurtre de Chokri Belaïd, Hamma Hammami disait, dans l’esprit d’apaiser les flammes et les passions : « Dors, cher ami, dors !!! ».
Cette phrase, devenue emblématique, pourrait s’appliquer à Kaïs Saïed puisque ses amis, qui espéraient une action énergique contre Ennahdha, pourraient bien lui adresser la même boutade.
Noureddine HLAOUI