- La montée au créneau par l’UGTT aux côtés du PDL créerait un contrepoids de taille sur la scène nationale
- Le retour en arrière avec une ARP dominée par Ennahdha et Ghannouchi serait un suicide politique pour Saïed …
- Mais une fuite en avant avec des coudées franches pour Saïed et sans garde-fou serait un suicide pour la Tunisie !…
- Saied fera t-il prévaloir la raison pour rejoindre le tandem Tabboubi-Moussi ??
Près de 50 jours sont passés depuis le coup de force déclenché par le président de la République, Kaïs Saïed, mais la Tunisie reste encore au point mort : ni feuille de route, ni chef de gouvernement, ni plan pour sortir de la crise socioéconomique étouffante. Rien de rien …
Pourtant, le chef de l’Etat avait tous les atouts pour réussir et remettre le pays sur les rails sans les khouenjiya. Une joie, une liesse et une euphorie sans égales se sont emparées des Tunisiennes et des Tunisiens en constatant que l’opération du 25 juillet 2021 était dirigée pour faire débarrasser le pays d’Ennahdha et de l’islam politique.
Or, les jours passent sans que rien de concret ne se produise : des interdictions de voyage et autres assignations à résidence surveillées sans procédure judiciaire et sans notification justificative. Des descentes à la James Bond dans des chambres friforifiques pour produits alimentaires et dépôts de stockage de fer.
Des tirades avec des menaces de recourir aux rampes de lancement de missiles, menaces de recourir aux « tirs au plomb ». Bref, le Président est devenu maître dans l’art de tergiverser et de faire patienter les Tunisiens.
Ses fans « hystériques » clashent et insultent tous ceux qui osent lui adresser la moindre critique. Leur argument « bateau » et trop facile est : vous avez patienté dix ans durant, vous ne pouvez pas patienter un mois de plus ?
Mais les critiques montaient crescendo aussi bien du front intérieur que de la part des parties étrangères infuentes sachant qu’on ne tient pas compte des Nahdhaouis qui ont été la principale cause du pourrissement de la situation sociale, économique, politique et sécuritaire.
Ainsi, les critiques proviennent, surtout des forces démocratiques, modernistes et progressistes qui sont d’accord pour la dissolution de l’ARP, à l’origine de tous les maux parce qu’elle était outrageusement dominée par les khouenjiya d’Ennahdha et d’al-karama tout en revendiquant une issue constitutionnelle, à savoir la tenue de nouvelles élections législatives.
Et surtout, un appel à faire associer les personnalités politiques « correctes » – et il y en a -, les organisations nationales, plus particulièrement l’UGTT, l’UTICA et autres LTDH et l’Ordre des avocats. Mais Kaïs Saïed ne l’entendait pas de cette oreille. Il tenait à tout changer tout seul.
Il y a eu, certes, des tentatives de pressions des puissances internationales dont les Etats-Unis d’Amérique, les pays du G 7 et l’Union Européenne, mais ces ingérences étaient mal vues et rejetées par toutes les forces patriotiques.
Au niveau interne, la seule force qui donnait de la voix, était le Parti destourien libre (PDL) qui a démontré, éléments concrets à l’appui, que l’action de Saïed n’était pas essentiellement dirigée contre les khouenjiya, mais contre tous les partis politiques et le tissu associatif, puisqu’il a fait la sourde oreille face aux appels réclamant la fermeture du siège de la secte d’El Qardhaoui.
Plus encore, il a ignoré ces appels et il a continué à jouer de son populisme tout en multipliant les actions surtout suite à des posts facebooks. Et puis vint la goutte qui a fait déborder le vase avec la sortie de Walid El Hajjem, un personnage sorti du néant et qui s’est permis le droit – probablement avec le conssentement de Saïed- d’accorder une interview à une chaîne de télévision étrangère et une déclaration à une agence de presse étrangère.
Et on a fini par avoir, via Walid El Hajjem, la certitude que le chef de l’Etat voulait tout démolir et mettre en place tous les ingrédients pour s’approprier les pleins pouvoirs dans un régime présidentiel pur et dur sans nous dire quand, comment et pourquoi ?
Réaction immédite, alors du PDL et de sa présidente Abir Moussi, qui ont eu le mérite de contribuer à « ridiculiser » l’ARP et son président le cheikh « guide » des khouenjiya. Ainsi, elle a proposé à Saïed de disposer des signatures des élus de son bloc pour entamer une action légale de démissions en vue de dissoudre l’Assemblée.
Mais craignant une « débandade » des autres formations politiques, elle a fini par avoir une rencontre avec Noureddine Tabboubi que même l’UGTT qualifie « d’historique » dans le sens où il s’agit de la première action concrète en vue de barrer la route à l’aventurisme de Kaïs Saïed et entreprendre une démarche conforme à la légalité et à la constitution tout en coupant l’herbe sous les pieds de l’islam politique.
Il faut dire que le tandem UGTT et PDL et leurs charismatiques leaders, Noureddine Tabboubi et Abir Moussi, représentent un duo de choc qui peut constituer un contrepoids de taille face à la popularité de Saïed aussi bien sur le plan politique que sur celui populaire avec, notamment, une grosse capacité de mobilisation y compris sur le terrain.
Un pas sérieux vient d’être franchi, surtout par la Centrale syndicale après plus d’un mois de « pause ». Et la question qui se pose actuellement est : Saïed fera t-il prévaloir la raison pour rejoindre le tandem UGTT-PDL, ce qui voudra dire un coup de grâce décisif et fatal à Ennahdha
On n’en est pas encore là, mais avec un bon sens, tout est possible. Un retour en arrière comme le souhaiterait Ennahdha est un suicide politique pour Saïed, mais une fuite en avant aventurière, telle que préconisée par le chef de l’Etat, est aussi un suicide politique pour la Tunisie.
Alors saura t-il éviter les suicides, dans l’un comme dans l’autre cas ? Espérons-le !…
Noureddine HLAOUI