- « L’Etat doit mettre en place un plan marshall justifié et convaincant »
Après le 25 juillet 2021, quelles solutions et mesures pour faire face à la crise économique et financière ?
Malgré la crise et le blocage politique, les maux de la Tunisie, avant et surtout depuis le soulèvement populaire de 2011, sont en premier lieu d’ordre économique et social.
Pour notre cas, les solutions ne peuvent être que politiques à travers des choix et des décisions révolutionnaires, capables de rompre avec l’opportunisme égocentrique des partis et certaines parties au pouvoir.
En effet, durant toute une décennie, aucun gouvernement n’a su et/ou n’a pu faire sortir le pays de la crise économique et financière devenue quasi-chronique. Pire encore, certaines mouvances politiques tirent profit de cette crise pour avoir la mainmise sur l’Etat. La Tunisie et le peuple sont réellement pris en otage.
Ce blocage prémédité, total et stérilisant, provient du régime politique et des choix de l’ARP. Ainsi, aucune priorité n’est accordée à l’économique et au social. Le danger est plus que jamais imminent.
Alerté par le grand péril qui menace l’Etat, le président de la République a repris, le 25 juillet 2021, tous les pouvoirs en mains. Cette grande décision a permis de briser la boule magique du couple diabolique « légitimité -immunité», exploité comme un chèque à blanc acquis pour toujours.
Cependant, les mesures exceptionnelles ne sont pas suffisantes pour faire face à la crise économique qui nécessite un plan marshall de sauvetage et des réformes pérennes.
Afin d’éviter le retour à la case départ dont la facture sera payée par le citoyen, à mon avis, il ne faut pas rater cette glorieuse occasion pour réformer le système politique en réalisant un référendum pour corriger la Constitution de 2014, modifier le régime politique et amender la loi électorale : réalisant des élections législatives anticipées pour reconstituer l’ARP avec seulement 100 députés et réinstaurer le Conseil économique et social avec 50 experts ; instaurant le Tribunal constitutionnel.
De ce fait, l’impact sur l’économique serait très édifiant et rassurant.
La Tunisie vient de recevoir officiellement sa quote-part du FMI estimée à 740 millions de dollars, soit 522,6 millions de DTS. Qu’en pensez-vous ?
C’est une minuscule bouffée d’oxygène pour un corps qui agonise. C’est aussi une petite lueur d’espoir de regain de confiance de quelques bailleurs de fonds.
Mais, les besoins du budget de l’Etat sont beaucoup plus importants, soit environ 20 milliards de dinars.
A cause des mauvaises notations de la Tunisie, les levées de fonds classiques ne sont plus possibles à des conditions équitables ni judicieuses.
L’unique solution encore possible est la relance de la croissance économique, le regain de confiance des investisseurs et le retour de la culture du travail.
Dans ce cadre, le citoyen peut faire des miracles si on réussit un bon référendum sans le décevoir.
Le Trésor tunisien a échoué à lever des fonds par émission de BTA pour le deuxième mois consécutif. Malgré cet échec, les banques ont accepté partiellement de financer le Trésor sans relever les taux, et ce, pour l’adjudication de BTA du 14 septembre. Où va-t-on ?
La question cruciale est « comment boucler l’année budgétaire 2021 ? ». Initialement, le budget 2021 prévoyait un besoin de mobilisation nationale et internationale d’environ 18,5 milliards de dinars.
D’après les échos du ministère de l’Économie, le déficit global s’est aggravé, on n’a pu mobiliser que 9 milliards de dinars et on n’a aucune visibilité pour le reste.
Ces ressources sont indispensables pour la LFC 2021. Hormis les conséquences de la Covid-19, ce grand déficit résulte, aussi, des hypothèses irréelles sur lesquelles le budget 2021 était établi.
En interne, le recours à une troisième sollicitation des banques risque de ne plus avoir de suites en raison de la baisse des investissements et le manque de liquidités.
Déjà, les adjudications des BTA d’août et de septembre 2021 sont déclarées infructueuses par le Trésor public qui espérait lever 150 MDT.
A défaut d’autres choix, une troisième tentative est lancée le 14 septembre 2021, sous forme d’adjudication bimensuelle, pour lever 120 MDT.
Les banques ont fini par accepter de participer au financement, partiel, de la troisième adjudication. C’est la limite du marché intérieur.
Force est de constater que la dernière sortie sur ces lignes remonte à l’adjudication de juillet, à travers laquelle le trésor a levé 112,5 MDT à des taux à la hausse.
En externe, le manque de visibilité et le faible rendement des opérateurs économiques compliquent la donne. L’Etat doit donc mettre en place un plan marshall justifié et convaincant.
M.N.