- Motif : avoir réclamé la libération de l’opposant Osman Kavala
- Le président turc estime que ces pays « doivent connaître et comprendre la Turquie ».
- Mesure rarissime dans les relations internationales
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé, aujourd’hui samedi 24 octobre 2021, avoir ordonné l’expulsion, « au plus vite », des dix ambassadeurs dont ceux de France, d’Allemagne et des Etats-Unis, qui ont réclamé la libération de l’opposant Osman Kavala.
« J’ai ordonné à notre ministre des Affaires étrangères de déclarer au plus vite ces dix ambassadeurs persona non grata », a affirmé le chef de l’Etat lors d’un déplacement dans le centre de la Turquie, sans préciser la date à laquelle les diplomates devront partir.
Ces diplomates « doivent connaître et comprendre la Turquie », a poursuivi Recep Tayyip Erdogan en les accusant « d’indécence ». « Ils devront quitter » le pays « s’ils ne le connaissent plus », a-t-il ajouté. Mesure très rare dans les relations internationales, déclarer « persona non grata » des diplomates ouvre la voie à leur expulsion ou leur rappel par leur propre pays.
Décision sans notification officielle
Selon une source diplomatique allemande, les dix pays concernés se concertaient ce samedi soir, sans avoir toutefois reçu de notification officielle de la mesure.
« Du matin au soir ils (les diplomates) répètent : Kavala, Kavala… Mais celui dont vous parlez, Kavala, c’est l’agent de Soros en Turquie », a affirmé le président Erdogan durant une réunion publique, faisant une nouvelle fois référence au milliardaire américain d’origine hongroise George Soros auquel il compare régulièrement l’opposant.
Emprisonné depuis quatre ans sans jugement, Osman Kavala est accusé depuis 2013, par le régime du président Erdogan, de vouloir déstabiliser la Turquie.
Dans un communiqué publié lundi soir, le Canada, la France, la Finlande, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède et les Etats-Unis ont appelé à un « règlement juste et rapide de l’affaire » Osman Kavala, homme d’affaires et mécène turc devenu une des bêtes noires du régime, emprisonné depuis quatre ans sans jugement.
Dès le lendemain, leurs ambassadeurs étaient convoqués au ministère des Affaires étrangères, les autorités turques jugeant « inacceptable » leur démarche. Le chef de l’Etat turc avait ensuite brandi la menace d’une expulsion à son retour d’une tournée africaine, jeudi.
Parmi les premiers pays à réagir, samedi soir, la Suède, la Norvège, le Danemark et les Pays-Bas ainsi que l’Allemagne ont fait savoir qu’ils n’avaient reçu aucune notification officielle concernant leurs ambassadeurs respectifs à ce stade.
« Notre ambassadeur n’a rien fait qui puisse justifier l’expulsion », a indiqué une porte-parole du ministère norvégien des Affaires étrangères, Trude Måseide, citée par l’agence de presse NTB, ajoutant que son pays « continuera d’exhorter la Turquie à adhérer aux normes démocratiques ».
« Nous sommes actuellement en consultation intensive avec les neuf autres pays concernés », a de son côté annoncé le ministère allemand des Affaires étrangères. Plusieurs parlementaires néerlandais ont également réagi sur les réseaux sociaux.
« A juste titre, l’ambassadrice néerlandaise en Turquie a entre autres appelé à mettre en oeuvre les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme. Désormais, les 27 pays de l’UE doivent se rallier à cela », a tweeté la parlementaire travailliste Kati Piri.
N.H (avec AFP)