Elle a fait rêver la jeunesse des années 70, ses contemporains, mais pas uniquement ! Son auréole n’arrête pas de toucher et impressionner son public d’aujourd’hui ! Jalila Baccar est cette artiste enchanteresse ! Sa beauté sur scène est incontournable … de l’âme, de la sensibilité, de la force, de la magie… Elle a accompagné les grands de l’art dramatique depuis les débuts c’est-à-dire les années 70, à l’instar de Fadhel Jaibi, Fadhel Jaziri, Mohamed Driss, feu Habib Masrouki, Raouf Ben Amor …
Elle est multiple grâce aux différents personnages qu’elle a interprétés et qui, devenant mythiques avec le temps, se sont collés éternellement à son nom, tellement ils étaient méticuleusement incarnés! C’est bien elle certifie l’art d’être sur scène !
En me répondant à une question posée sur le bon acteur, elle dit « Il y a différents types d’acteurs ! Il ne s’agit pas de présenter seulement une belle image, c’est beaucoup plus profond ! J’aime bien travailler sur la transformation, je trouve un plaisir fou à me transformer sur le plateau, à trouver d’autres personnages, à justement ne pas être reconnue dans mon image sociale ».
Les pièces qu’elle a jouées sont bien incrustées dans la mémoire culturelle du pays « Ghasselet Ennwader » (1980), Noces (1976), « Familia (1993), Les amoureux du café désert (1995), Soirée particulière (1997), A la recherche de Aida (1998), Junoun (2001), Corps otage (2006), Amnésia (2010), Tsunami (2013), Violences (2014), Peur(s) (2016), Madame. M (2019).
Elle n’est pas uniquement comédienne, mais aussi co-auteure dans la plupart des pièces qui ont été mises en scène par son compagnon d’art et de vie, un des vétérans du théâtre tunisien Fadhel Jaibi. En lui posant une question sur l’écriture dramatique, elle m’a répondu « En réalité, je ne me définis pas comme auteure ou écrivaine ; en fait j’écris d’une manière très personnelle, très organique ; j’écris en tant que comédienne et au moment de l’écriture je joue tous les personnages »
Jalila Baccar est une femme libre et rebelle à toute forme de pression et à tous les systèmes sociopolitiques rétrogrades ; elle a choisi un chemin difficile et autonome, celui d’être à l’opposition. D’ailleurs à deux reprises, on lui propose le post de ministre des affaires culturelles mais elle le refuse catégoriquement. Elle me dit concernant cette question « Je fais toujours partie du contre-pouvoir en tant qu’artiste; je suis bien là où je suis et je ne serai jamais que là où je dois être ! »
Aujourd’hui c’est son anniversaire ! Elle était née le 23 novembre 1952 à Tunis. Nous souhaitons longue vie à la radieuse Jalila Baccar !
Faiza Messaoudi