La Bourse de Tunis a organisé, hier, sa conférence de presse périodique portant sur le Bilan de l’activité boursière et des sociétés cotées durant 2021 et janvier 2022, qui a été présidée par le DG Bilel Sahnoun, le DGA Abdelaziz Hammami, le Directeur communication Lotfi Khezami et des représentants des médiais.
A cette occasion les responsables de la Bourse de Tunis ont rappelé qu’au terme de l’année 2021, le revenu global des sociétés cotées a enregistré un accroissement notable de 13% sur un an, et ce, pour s’élever à 20,6 milliards de dinars contre 18,2 milliards de dinars en 2020. Ainsi, avec un taux de 84% des sociétés cotées ayant publié leurs indicateurs d’activité, 63 sociétés sur un total de 75 ont vu leurs revenus cumulés en hausse.
Par secteur, ces revenus ont affiché une augmentation dans huit secteurs sur un total de neuf. En fait, les meilleures performances ont été observées dans les secteurs des industries avec 23,7% et des matériaux de base avec 22,9%.. Néanmoins, la mauvaise performance a été constatée dans le secteur de la santé qui a subi une baisse de 4,8%.
Douze sous-secteurs ont marqué des performances positives. Les meilleures reviennent aux matière premières avec 28,7% et à l’industrie avec 24,9%.
Les sociétés financières cotées accaparent 42,3% de la capitalisation boursière en 2021
S’agissant de la capitalisation boursière, elle a progressé de 170 millions de dinars (MDT) à fin 2021, soit +0,74% par rapport à l’année écoulée. En effet, les sociétés financières cotées, à savoir banques, compagnies de leasing, assurances et sociétés d’investissement, ont dominé comme chaque année la capitalisation du marché, et ce, avec une part de 42,3%.
Participation étrangère en baisse en 2021
Toujours selon les responsables de la Bourse de Tunis, le taux de participation étrangère dans la capitalisation boursière a régressé de 2,15% à 23 262 MDT en 2021 contre 21 852 en 2017. Une part qui demeure stable durant ces cinq ans, passant de 23,3% en 2017 à 23,1% en 2021.
Dans le même sillage, le solde des flux net des transactions effectuées par les étrangers est déficitaire durant cette même période, soit -277 MDT en 2021 contre -154 MDT en 2017. « Le déficit enregistré en 2021 est dû aux acquisitions des étrangers estimées à 53 MDT contre des cessions de 331 MDT », a affirmé Bilel Sahnoun.
« Le marché financier tunisien ne présente pas les fondamentaux nécessaires pour attirer des fonds d’investissement »
De ce fait, M. Sahnoun a précisé que « cette situation est expliquée par le marché financier tunisien qui ne présente pas les fondamentaux nécessaires pour attirer des fonds d’investissement. D’ailleurs, il n’obéit pas aux critères de choix des investisseurs étrangers pour faire de la Tunisie une destination d’investissement de portefeuille ».
Par ailleurs, il a indiqué que « pour que le marché passe d’un frontier market (marché naissant) à un emerging market (marché émergeant), il nous faut deux grandes nouvelles introductions en bourse, avec des entreprises ayant une capitalisation boursière supérieure à 1,35 milliard de dollars, soit l’équivalent d’environ 4 milliards de dinars ».
Et de préciser qu’«actuellement, seule la SFBT remplit cette condition sur le marcher tunisien, notant que les deux nouvelles introductions ne peuvent émaner que des entreprises publiques, citant à titre d’exemple la Régie Nationale des Tabac et des Allumettes (RNTA)».
Le DG a, aussi, estimé qu’«il faut un taux de rotation supérieure à 15%, c’est-à-dire par rapport à une capitalisation de 23 262 MDT, le flux de transaction devrait être supérieur ou égal à 15% de cette capitalisation».
Résilience du marché malgré la situation du pays !!
Revenant sur la résilience du marché boursier malgré la situation du pays, Bilel Sahnoun a souligné que «globalement, on a sur la cote les fleurons des entreprises en Tunisie qui ne représentent pas un grand risque, ce qui constitue la principale raison de la résilience du marché. Aussi, la cote est tirée, qu’on le veuille ou pas, par le secteur financier qui se porte bien, voire trop bien, parce qu’il profite aussi d’une structure de financement qui est très favorable aujourd’hui. Sachant qu’on est un des rares pays où le poids de la dette souveraine avoisine presque 20% de la dette globale du secteur bancaire, avec un spread qui est très intéressant par rapport au taux de refinancement, soit entre 250 et 300 points de base».
Sociétés cotées en difficultés financières, et après !?
En ce qui concerne le respect des dates butoirs règlementaires, M. Sahnoun a indiqué que 73 sociétés cotées ont communiqué leurs indicateurs d’activités du 4ème trimestre 2021 à fin janvier 2022, soit 91% du total. Et à ce jour, cinq sociétés n’ont pas encore publié leurs indicateurs.
Il s’agit des sociétés AMS, GIF-Filter, MIP, SIPHAT, et UADH. Ces sociétés connaissent, comme tout le monde le sait, des difficultés financières énormes. En ce sens, Univers News a posé les questions suivantes : « Pourquoi vous avez donné votre accord d’introduction à ces sociétés? Est-ce que vous envisagez, en collaboration avec le CMF, de changer votre démarche en ce sens afin de minimiser le risque ? »
En réponse à nos questions, Bilel Sahnoun a affirmé que «la majorité de ces sociétés ont été introduites sur le marché alternatif, et l’erreur était là !! Parce que le marché alternatif, tel qu’il a été conçu en 2007, est un marché risqué au moment où on a introduit des investisseurs qui ne savent pas apprécier le risque. C’est pour cette raison qu’en 2019, on l’a recadré tout en faisant une « Muraille de Chine » entre le marché alternatif et le marché principal».
« L’investissement boursier demeure et reste un investissement risqué ! »
Et d’ajouter : «Mais on est tous d’accord que le 0 risque n’existe pas. D’ailleurs, la probabilité d’une société cotée de perdre ou de connaître des difficultés financières, quel que soit ses fondamentaux, existe toujours. Les mauvais exemples qu’on a aujourd’hui sur la cote, on continuera à les avoir demain mais dans un autre marché avec un public averti qui connait très bien la probabilité de risque».
Pour réduire cette probabilité, notre interlocuteur a estimé qu’au niveau de la Bourse, ils essayent de préserver la cote avec des sociétés d’une certaine taille, notamment avec des fondamentaux, une politique de distribution de dividendes, des objectifs de résultat positif, des investissements futurs, un business model soutenable et une culture de responsabilité sociétale de l’entreprise…C’est tout un travail qui se fait. Et grâce à cette vigilance-là, ils ont évité, au Conseil d’administration, de consulter au moins trois dossiers de sociétés qui ne sont pas considérées, selon ses propos, de bons candidats pour la Bourse… « N’empêche que l’investissement boursier demeure et reste un investissement risqué !», conclut-il.
Imen Zine