Par Mustapha MACHAT
Par simple décret présidentiel, qui n’admet aucun recours ni opposition, le Conseil supérieur de la magistrature a laissé la place à un autre provisoire, et ce depuis la nuit allant de samedi à dimanche puisque l’annonce a été faite par Kaïs Saïed peu avant minuit samedi 12 février et la parution au JORT a eu lieu à l’aube du dimanche 13 février 2022.
Force est de reconnaître que la décision du chef de l’Etat est motivée par des considérations objectives dans le sens où, au moins, la moitié des membres du CSM (dissout) était d’obédience nahdhaouie, le vote contre la levée de l’immunité à Béchir Akremi étant la meilleure preuve. Mais force est de reconnaître, également, que la majorité des magistrats sont propres et intègres.
L’exemple nous vient, à ce propos, du nouveau président du Conseil supérieur provisoire de la magistrature Moncef Kchaou qui n’a aucune appartenance politique et qui n’est autre que le président de la Cour de Cassation dont l’honnêteté et la compétence professionnelle et académique font l’objet d’un large consensus même chez les juges.
Ceci veut-il dire que les problèmes du secteur judiciaire vont être, d’un seul trait, résolus avec « zéro » corruption et zéro ingérence ?
Sans vouloir prédire l’avenir, mais les craintes demeurent réelles quant à d’éventuels dérapages avec une probable émergence d’une autre justice que certains qualifient, déjà, de « présidentielle ».
Justement, les Tunisiens ne sont pas satisfaits d’un processus judiciaire qui a démontré ses limites et ses défaillances et ne tiennent nullement à un maintien de la « justice de Bhiri », mais ils rejettent les risques qui peut engendrer une justice mue par le vouloir d’une seule personne.
Mais les questions qui se posent sont les suivantes : Quelles missions vont-elles être confiées au conseil supérieur provisoire ? Comment se présentera la configuration finale dudit Conseil ?
Comment le chef de l’Etat va-t-il affronter les prochaines réactions internationales et les protestations d’une partie de la classe politique et même d’une certaine partie de la famille des magistrats ?
En résumé, la dissolution du Conseil Supérieur de la magistrature (le 13 février) est de loin plus grave que les mesures du 25 juillet… et tout laisse entendre qu’on est devant un véritable tournant… et que les jours à venir seront très difficiles… non seulement pour la magistrature… mais encore plus pour tout un pays…!!!
Wait and see…!!!???
M.M