Dans sa note rendue publique aujourd’hui sur le thème « La Guerre en Ukraine: impacts et mesures à prendre », l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE) a annoncé que la guerre en Ukraine aura un impact sur le marché mondial de nombreuses matières premières, en termes de disponibilité d’abord et de prix ensuite. Cela se traduira par effet mécanique sur le budget de la Tunisie pour l’année 2022, et ce, à travers les dépenses de subventions et sur le pouvoir d’achat des Tunisiens via une augmentation des prix des produits subventionnés et une inflation inexorable qui pourrait atteindre un taux à deux chiffres.
Ainsi, la Tunisie fait partie des pays vulnérables aux effets de cette guerre, et ce, du fait des faibles capacités de stockage et des difficultés budgétaires qu’elle traverse, sans compter que le pays fait face à une vague de sécheresse qui se prolonge depuis trois ans et qui affecte sa production agricole.
A cet effet, l’IACE a dressé une batterie de mesures qui méritent d’être considérées pour amortir les effets de cette guerre et son impact sur l’économie tunisienne.
Mesures d’urgence
- Mettre en place une cellule de crise pour identifier les alternatives en ce qui concerne les sources d’approvisionnement et les mécanismes de financement requis, dans la mesure où la solvabilité des clients va devenir un critère important dans la priorisation de l’approvisionnement par les fournisseurs (et que la Tunisie présente aujourd’hui un risque de solvabilité élevé).
- Communiquer sur la réalité de la situation et son impact afin de faire prendre conscience aux populations des difficultés qu’on va devoir affronter pour les sensibiliser et exhorter aux changements des habitudes alimentaires, notamment en évitant le gaspillage et en insistant sur la nécessité de prioriser l’intérêt général sur les intérêts particuliers.
- Mobiliser les ressources financières, aussi faibles soient-elles, vers les approvisionnements en produits essentiels aux populations au détriment des produits secondaires.
- Orienter les ressources hydriques agricoles exclusivement vers les cultures céréalières pour améliorer autant que faire se peut les perspectives de la récolte à venir.
- Arriver impérativement à une augmentation de la production du phosphate en vue de relancer la production d’engrais pour fournir le marché local et accroitre les ressources à l’exportation.
- Agir immédiatement sur les performances du port de Radès pour réduire les délais d’attente en rade et ceux de manutention pour encourager les armateurs à desservir ce port et réduire ses coûts logistiques pour compenser quelque peu l’augmentation des tarifs de transport maritime.
- Considérer la possibilité d’une aide d’urgence aux familles nécessiteuses moyennant le déblocage d’un montant de 300 millions de dollars, à l’instar de ce qui a été fait en 2021 avec l’appui de la Banque mondiale.
- Obtenir le déblocage immédiat de l’aide de l’Union européenne au titre de l’appui budgétaire de 300 millions d’euros.
- Accélérer les négociations avec le FMI et la Banque mondiale pour obtenir une aide exceptionnelle d’urgence de 1 à 1,5 milliards de dollars pour l’année 2022.
- Envisager de négocier le rééchelonnement de la dette tunisienne, hors marchés financiers, pour transférer les ressources dédiées au service de la dette vers le financement de l’approvisionnement en produits de base, d’autant que les institutions financières bilatérales et multilatérales seront dans l’obligation d’assouplir leurs positions vis-à-vis des pays vulnérables, tels que la Tunisie.
- Engager les actions nécessaires pour maintenir les objectifs de la saison touristique 2022 en investissant sur les touristes d’Europe occidentale. Après deux années de crise sanitaire, la demande est en augmentation et la crise va impacter les ménages et les orienter vers les marchés les plus compétitifs, dont la Tunisie doit bénéficier. Il faut, pour cela, débloquer les ressources nécessaires pour assainir l’environnement de nos principales zones touristiques.