-
« L’UE n’a pas été à la hauteur de l’ambition attendue par les pays riverains du Sud… »
-
« Nous pensions être des partenaires de l’UE, mais nous ne sommes que des voisins »
-
« Les 7 milliards d’euros, alloués par le Projet du voisinage, la Tunisie peut, à elle seule, les absorber très vite… »
Au moment où la guerre en Ukraine bat son plein et où les relations entre les pays riverains du Bassin méditerranéen, plus précisément entre deux de la rive Sud et ceux de l’Europe ; sont marquées par des hauts et des bas, une analyse objective des relations entre les deux parties est toujours la bienvenue pour avoir une projection sur l’avenir de cette zone névralgique du monde.
C’est donc dans ce cadre que Hatem Ben Salem, maître de conférences à la faculté de Sciences Juridiques de Tunis, ex-ministre de l’Éducation et de la Formation, ancien Secrétaire d’État aux Affaires étrangères en charge des Affaires européennes et ambassadeur de Tunisie auprès de l’ONU, a accordé une interview exhaustive à Econostrum, un média indépendant qui traite au quotidien l’actualité économique, politique et sociale des pays riverains de la Méditerranée.
M. Ben Salem a indiqué, dans cet entretien, a suggéré de faire élever le partenariat entre la rive Nord et la rive Sud de la Méditerranée à des paliers supérieurs.
Fidèle à son franc-parler, Hatem Ben Salem n’y est pas allé par quatre chemins. « Nous pensions être des partenaires de l’UE, mais nous ne sommes que des voisins », commence t-il par préciser avant d’enchaîner que l’espace méditerranéen n’a pas été un choix stratégique de l’Union européenne. Et si on y ajoute l’état d’instabilité politique et sociale dans les pays de la rive Sud, on a une réponse claire quant au désintérêt autour de l’Euroméditerranée.
Pourtant, cette mer devait rapprocher les populations des deux rives, mais elle a été vite « plongée dans un contexte crisogène qui lance des signaux alarmants sur la coopération. Pourtant, qu’on le veuille ou non, la Méditerranée demeure importante car, elle est constitue un patrimoine commun pour l’humanité, et ce au vu de la communauté de leur destin.
Et tout en reconnaissant le rôle mineur de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) et, à un degré moindre, de la Ligue des Etats arabes, Hatem ben Salem a avoué sa déception, également, du projet de l’Union pour la Méditerranée (UpM) qui, en dépit de ses « objectifs extraordinaires, ses moyens sont dérisoires… ».
Et d’ajouter, à ce propos, que le montant consacré s’élève à peine à 7 milliards d’euros, consacrés dans le cadre du projet pour le voisinage sur quasiment six années. Ce qui ne représente rien du tout ! « Ces 7 milliards d’euros, la Tunisie peut, à elle seule, les absorber très très vite. C’est un manque de sérieux de la part de cette politique de voisinage.
Plus encore, les moyens et les instruments de mise en œuvre et de déblocage de ces financements sont tellement compliqués que, certainement, nous ne verrons pas cet argent dépensé.
Autre fait significatif, mais négatif aussi ? L’Union européenne s’est, certes, élargie, mais n’a pas voulu le faire sur l’autre rive, alors que le Maroc était demandeur. Nous pensions être des partenaires de l’UE, mais nous nous retrouvons, en fin de compte comme étant de simples voisins. En bref, « l’UE n’a pas été à la hauteur de l’ambition attendue, du moins celle des riverains du Sud.
Ceci a créé un grand malentendu et un déclic pour plusieurs forces politiques, dont les islamistes qui ont fait monter les opinions publiques contre l’UE. Cette propagande a fait émerger des tensions au sein de la rive Sud. Le cadre euro-méditerranéen n’est donc plus celui de l’entente, mais celui des égoïsmes de part et d’autre.
Synthèse réalisée par Noureddine H.