par Khalil Zamiti
Le déclin de l’impérialisme américain n’est pas le déclin de l’Amérique. Bien au contraire, au cas où il serait mené à son terme, ce procès pourrait finir par absoudre ce pays, aujourd’hui, à juste titre, honni. « L’Amérique d’abord ! » Mais laquelle ?
Celle qui, depuis la guerre mondiale, peaufine l’hégémonie planétaire, de nos jours illustrés par le destructeur « cahos créateur » ? Ou celle du milliardaire inapte à percevoir la trajectoire du boomerang au moment où il revient vers lui ?
Ne plus compter sur les dollars distribués, ramener la troupe au foyer, dresser de sévères barrières douanières, construire le mur de la colère et affamer le peuple iranien pour les beaux yeux de l’expansionnisme israélien maximalisent le ressentiment de la terre presqu’entière. Le président américain défend le protectionnisme par anachronisme car, en ces temps où régime, sans partage, la mondialisation, il navigue à vue tout comme si l’interdépendance des sociétés n’existait plus.
Les gestionnaires des ports américains subissent, déjà le contre coup des mesures ethnocentristes prises par l’équilibriste. Même le FMI, pourtant caniche des États-Unis, critique l’anarchisme infligé aux lois du libéralisme. Jadis défait au Viêt-Nam et aujourd’hui évincé de Syrie, l’interventionnisme, de plus en plus replié sur lui-même resignifie l’expression tragi-comique « L’Amérique d’abord ! » Sous le couvert de la morgue, fondée sur la toute puissance, passe, en contrebande, la défaillance. Signe marqueur de l’effet peau de chagrin, le retrait, inattendu, de chez Bachar, après l’essai de le dégager, pour conforter le racisme de l’ « État Nation Juif » exhibe l’indicateur catégorique de l’échec géostratégique.
Décamper d’un bien où le Hizballah de Nasrallah, la Russie et l’Iran voient leur stratégie couronnée de succès atteste, chez Trump l’irruption d’un volcan nommé désertion.
Donné à voir pour l’éternel vainqueur, le timonier de l’Amérique arbore les attributs de l’authentique déserteur. La contestation de l’abandon, au cœur même de l’administration américaine, avec les spectaculaires démissions, suffit à démontrer la débandade mal digérée. Il ne s’agit donc pas d’un repli conjoncturel mais, bel et bien d’une reculade liée à une transformation structurelle. A cet égard l’instabilité psycho-matrice de Trump, sans cesse occupé à twitter, exhibe la seule portion émergée de l’iceberg.
Mais pour sauver sa face rase de visage pâle, le chef de l’armée joue au généreux soucieux de ramener les combattants valeureux bien au chaud, chez eux. L’hypocrisie est l’hommage sue le vice rend à la vertu.
Pour maquiller le sens de son escapade, ce drôle de président des États Unis prétend avoir détruit et enterré l EI, à l’instant même où celui-ci multiple les coups les plus brutaux à partir de ces réduits territoriaux. Les kamikazes opérant à travers divers champs internationaux.
Décapiter les directions libère les initiatives individuelles et groupales mises en œuvre à l’échelle mondiale. La Tunisie continue à en payer le prix. Vaincre un EI en formation ou en décomposition n’est pas venir à bout d’une réaction politico-religieuse nourrie par la haine de l’arrogance américaine. Le foyer central du terrorisme n’est pas là où pense Hilary Clinton, mais i servit du côté du sol déployé sous ses pieds. A l’armée d’occupation, la notion de libération ne saurait aller comme un gant. Après Saddam, Bachar le dit et Poutine aussi.
Mais ce tri arrive après le fabuleux « yankee go home » vietnamien.
Quand, de partout, et surtout du japon, où elle osa largeur la bombe, l’armée américaine aura plié bagage, l’Amérique éteindra la rage provoquée par ses ravages. A ce propos, Trump est général dans la mesure où il se trompe.
Contrairement de reculer, il prétend avancer. Mais son bond vers l’arrière, s’avère, en dernière analyse, un bond vers l’avant pour l’Amérique débrasée de ses démons.
Chez Trump l’habit de président parait, à la fois, usurpé, malgré le vote, et inapproprié.
Homme d’affaires immobilières, ses préoccupations gravitent autour de l’argent payé comptant. Hélas, depuis Keynes, micro-économie et macro-économie différent.
L’Amérique n’est pas une boutique sauf pour une bourrique. Et que dit Trump ? « Obéissez à mes caprices où je trouve mes délices, laissez passer mes vices et mes services chargés sur mon invincible bateau et je lève l’embargo. » Par ce chantage, le misogyne hargneux, transpose, au champ géopolitique, les catégories de pensée mises en œuvre tout au long de sa pratique de proxénète riche, méchant et bête.
Pour l’argentier, peu apte à présider, les milliards gaspillés en pure perte, au parfait et d’ingrats, seraient bien mieux affectés au transfert de l’ambassade américaine à Al qods, capitale indivisible et, bien sûr, éternelle du grand Israël.
Il faut, donc, alléger le pesant fardeau mis, à tort, sur mon dos pour défendre le Japon et autres larrons. Il appartient aux fantoches de mettre la main à la poche. Derrière le paravent des précautions langagière, telle est la manière dont fonctionne le cerveau émetteur du slogan rétros : l’Amérique d’abord. Mais sans consentir le prix de l’ingérence, l’hégémonie dépérit et l’impérialisme aussi. Le gendarme du monde, auto-chargé de punir et de surveiller, dirait Foucault, ne serait plus en mesure d’appliquer sa loi par-ci, par-là. Bonne année au déclin de l’impérialisme américain !
Mais n’est-ce pas là trop vite aller en besogne avec ce Trump qui, sans cesse, grogne ?
Sans doute, car ce drôle de président ne pourra tenir ses promesses de campagne.
L’économie américaine a partie liée avec son complexe militaro-industriel et de lui surgit l’incontournable impératif catégorique de produire et de commercialiser les armes de plus en plus sophistiqués.
Par l’achat, massif, d’engins américaine, le royaume saoudien conforte l’impérialisme américain. Celui-ci renvoit l’ascenseur à Salmane que Trump essaye d’immuniser contre vents et marrées. Jadis, Anouar Abdelmalek publiant un ouvrage titré « l’Égypte société militaire ? »
De nos jours, qu’elle société ne l’est plus ? De beaux lendemains attendent l’hyper-militarisme Israël-américain. Sa loi proscrit le retour chez eux, des soldats et proscrit la production de gros boutons pour tenir la dragée haute aux russes et aux chinois.
Dès lors, les présidents aboient de trépassent et l’Amérique impériale passe. Trump et Obama mènent le même combat engagé par une Amérique démocratique, au-dedans, et, au dehors, tyrannique. En ce monde social, où les dispositions subjectives ont à voir avec les structures objectives, démocrates et républicains avancent main dans la main. Le 3 janvier au matin, je demande à Hayet, la tenancière du magasin de fruits et légumes au centre commercial Phénicia d’el Manar 1 :
- « que penses-tu de l’Amérique ? »
- « Makrouha 3ala khatir ta9har fichou3oub. »
D’un mot, l’interrogée, subtile, désigne le talon d’Achille.
Khalil Zamiti