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L’Union Européenne privilégie le volet militaire et délaisse son partenariat avec les pays du Sud
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Quelles solutions pour la Tunisie sur les plans vitaux, alimentaire et énergétique ?
« La guerre russo-ukrainienne vue de la rive sud de la Méditerranée » ; était le thème du premier Grand débat organisé par nos deux journaux Univers News versions française et Univers News عربي version arabe, lundi 28 mars 2022 à Tunis
Avec la participation d’une pléiade d’éminents spécialistes, le thème a été disséqué et analysé sous ses différents angles, à savoir ses origines, son déroulement actuel et ses perspectives avec une vision particulière, bien entendu, celle des pays du sud de la Méditerranée dont plus précisément la Tunisie.
Le niveau de ce premier rendez-vous qu’on espère périodique, a été rehaussé par la qualité des participants, en l’occurrence :
- Hatem BEN SALEM : Ancien Ministre et Ancien Président de l’ITES
- Radhi MEDDEB : Président du Centre Financier aux Entrepreneurs
- Mohamed HSAIRI : Ancien Ambassadeur
- Dr. Rafaâ TABIB : Professeur en Géopolitique et Relations Internationales
- Nabil SMIDA : Président de l’ATPG et Ancien PDG de la SNDP-AGIL
Sans se prononcer sur l’issue de ce conflit armé majeur, le premier du genre atteignant le cœur de l’Europe, les intervenants se sont focalisés, plutôt, sur les retombées et les impacts d’une telle guerre pour les différents protagonistes et, surtout, les pays de la rive sud de la Méditerranée. Autrement dit ceux arabes et plus particulièrement encore, la Tunisie.
Sans justifier le déclenchement de la guerre, les participants ont reconnu que la Russie, était excédée par le comportement des pays de l’Alliance atlantique qui ont poussé, ce qu’on appelle « l’élargissement » trop loin jusqu’à arriver aux portes de Moscou. Et de citer, à ce propos, l’exemple de la crise de Cuba en 1962 lorsque John Kennedy avait fait brandir la menace d’une guerre nucléaire suite au déploiement des missiles russes à Cuba.
Ainsi, au moment où la scène internationale ne croyait pas au risque que pouvait prendre Poutine de déclencher la guerre, le président russe l’a fait prenant tout le monde au dépourvu en lançant des bombardements intensifs et en entamant une invasion de l’Ukraine.
Les interventions ont mis l’accent, surtout, sur l’attitude des pays de l’Union Européenne qui, au lieu de prendre en ligne de compte, le caractère multidimensionnel de ce conflit, semblent n’y voir que le militaire avec, notamment, des appels à l’accélération de la course aux armements d’où le renforcement du camp privilégiant le retour des lobbies militaro-industriels.
Donc, outre le volet militaire qui fera imposer des changements inéluctables de la configuration géopolitique durant les prochaines années, les spécialistes ont tenu à mettre l’accent sur les défaillances mises à nu par cette guerre ; à savoir la dépendance criarde des pays de la rive sud sur plusieurs plans, plus précisément ceux alimentaire et énergétique.
En effet, les répercussions qui seront subies par les prix et des céréales et des hydrocarbures pèseront très lourd sur la balance financière dans le sens où les trésoreries des pays du Sud devront payer ces produits vitaux au coût double voire triple.
Et avec des perturbations inévitables du commerce international et les difficultés prévisibles d’approvisionnement, les pays du Sud seront confrontés à une probable hécatombe économique et financière.
C’est dire que les effets seront durs à supporter dans la durée, et l’entrée en vigueur des mesures coercitives occidentales contre Moscou ainsi que les contre-mesures prises par la Russie contre les Européens, commencent, déjà, à se faire ressentir dans les milieux des économies et des finances à travers notre région.
Les intervenants ont, bien entendu, analysé, sous ses différents aspects, la crise due à la guerre. Ils ont regretté les politiques suivies jusque-là par les gouvernants des pays de la rive sud qui découvrent l’ampleur de leur dépendance de leurs homologues du Nord dans la mesure où la nature du partenariat n’a jamais été équitable.
Et comme cela a été si bien mis en relief, la qualité des relations pays de l’Union Européenne et ceux du Sud sont passés du stade de partenariat à celui du voisinage.
Ils s’interrogent, d’ailleurs, qu’à la suite de ce conflit armé, comment se comportera l’Union Européenne vis-à-vis des pays du Sud où on va jusqu’à évoquer les risque de famine car ils doivent faire face aux difficultés des chaines de production et de distribution causées par le dysfonctionnement permanent alors que le secteur des énergies est sous la coupe de la spéculation et du dérèglement prémédité afin de créer une véritable flambée des prix.
Au niveau national plus restreint, la guerre va certainement, selon l’analyse de spécialistes intervenants, avoir des retombées négatives sur les équilibres macro et micro de l’économie tunisienne, plus particulièrement et comme susmentionné, le secteur alimentaire et celui énergétique.
Noureddine HLAOUI