La révolution tunisienne vient de fêter ses huit ans. Le moment est également opportun pour évaluer la situation économique du pays. Hélas, notre économie nationale va de mal en pis en dépit des efforts fournis et d’autres qui sont en train d’être déployés.
Mais les indicateurs économiques donnent du fil à retordre. Qu’on en juge : une dette publique passée de 40,7% du PIB en 2010 à 70% en 2018. A cela s’ajoute une inflation qui, malgré les efforts de la Banque centrale de Tunisie pour la maîtriser, continue son rythme haussier pour atteindre à fin décembre de l’année écoulée, 7,5%. Un chiffre alarmant qui a entraîné une détérioration accrue du pourvoir d’achat des citoyens.
Afin d’en savoir plus sur la situation économique du pays, l’expert Ridha Chkoundali fait le point.
Il est temps de mettre un terme aux politiques économiques « inefficaces »
Tout d’abord, M. Chkoundali affirme que les politiques économiques conçues par le gouvernement tunisien sont totalement inefficaces et inadéquates avec le contexte actuel du pays. « Si le gouvernement ne change pas de politique, les indicateurs financiers ne feront que s’aggraver de plus en plus. Il faut mettre fin à ces politiques », précise-t-il.
Pour l’économiste, le blocage s’est produit dans le pays depuis que le gouvernement s’est engagé avec le FMI de relever le taux d’intérêt, d’augmenter le taux d’impôt et de suivre une politique de change flexible (dinar flottant). « Conséquence directe de cette politique , une hausse du coût de production des entreprises qui les a conduit à ne pas investir », ajoute-t-il.
Pour la question de la dépréciation du dinar, cette mesure est, aussi, inefficace pour la Tunisie : « La dévaluation rend moins cher l’exportation et, par conséquent, rend compétitive les entreprises sur le marché international, dit-on, mais c’est de la théorie. La dévaluation est juste décidée à condition que l’économie ne soit pas dépendante de l’extérieur. Or, en Tunisie, la situation est radicalement différente ».
L’économiste indique que les hauts responsables dans le pays sont influencés par l’exemple étranger. « Il ne faut pas agir de la même manière qui se produit chez d’autres. On n’est ni la France ni l’Amérique », affirme-t-il.
M. Ckoundali signale que la situation économique actuelle du pays n’est guère la même qu’en 1986. « A l’époque, la Tunisie s’est engagée dans le Plan d’Ajustement Structurel (PAS). Elle a dévalué le dinar de 15%. L’Etat tunisien avait beaucoup gagné. Aujourd’hui, les circonstances ne sont plus les mêmes », poursuit-t-il.
Selon notre interlocuteur, la BCT a augmenté 8 fois le taux d’intérêt directeur depuis l’année 2013, passant de 3,75% à 6,75% en 2018. En contrepartie, l’inflation se creuse de plus en plus. L’économiste déclare que toute injection de monnaie dans l’économie engendrerait de l’inflation. Autrement dit, « il faut être convaincu, que l’origine de l’inflation en Tunisie est la dépréciation du dinar ».
N.A