« Le défi de l’emploi : Repenser le rôle des pouvoirs publics envers les marchés et les travailleurs dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord », tel est l’intitulé du nouveau rapport publié par la Banque mondiale (BM.)
Dans ce rapport, Ferid Belhaj, vice-président du Groupe de la BM pour la Région MENA, a fait savoir qu’aujourd’hui, aucun programme n’est plus important pour la région que la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité, surtout pour les jeunes.
« Plus de la moitié de la population de la région, soit environ 250 millions de personnes, est âgée de moins de 30 ans. Ces personnes sont de plus en plus instruites et ambitieuses, regardent leurs pairs dans d’autres régions du monde et réclament des conditions de vie décentes et de meilleurs services publics. Pourtant, dix ans après l’un des mouvements les plus importants qu’ait connu la région, les frustrations qui ont déclenché ce qu’on a appelé le « Printemps arabe » sont encore criantes dans les économies de la région MENA »., a-t-il précisé.
Et d’ajouter : « De nombreux jeunes restent désœuvrés ; d’autres, même parmi les mieux instruits, sont en proie au chômage et au sous-emploi. Les femmes sont toujours exclues de l’activité économique ; et l’emploi informel prévaut toujours. Les habitants de la région MENA ressentent ces pressions économiques. Environ trois quarts des personnes interrogées dans le cadre de la vague 2018 du Baromètre de l’opinion arabe, en particulier parmi les jeunes générations, ont estimé que leur situation économique était mauvaise ou très mauvaise et qu’elle se détériorait visiblement au fil du temps ».
En effet, le responsable a indiqué que « ces problèmes préexistants sont à présent exacerbés par les répercussions de la pandémie de la Covid-19 ayant détruit des entreprises et supprimé des emplois, pousse des millions de personnes de la région dans la pauvreté, et son impact sur les travailleurs vulnérables et les femmes est inquiétant. Toutes choses qui menacent de faire reculer des années de réformes ».
L’emploi reste une gageure dans la région MENA
En fait, ce rapport a fait valoir que l’absence de contestabilité des marchés est la principale raison pour laquelle l’emploi reste une gageure dans la région MENA. Les nouvelles données montrent que les gouvernements des pays MENA interviennent manifestement dans de nombreux secteurs économiques par le biais des entreprises publiques, bien plus que dans les autres pays à revenu intermédiaire et à revenu élevé. La présence d’entreprises publiques en soi ne pose pas un problème majeur, à condition d’établir des règles du jeu équitables. Or, les entreprises publiques de la région bénéficient d’un traitement favorable et sont exemptées des lois sur la concurrence qui régissent les entreprises privées.
Par ailleurs, la même source a démontré que la présence de l’État se manifeste également sous d’autres formes. Ce rapport montre que les entreprises manufacturières du secteur formel opérant dans la région sont beaucoup plus susceptibles d’avoir des liens avec les milieux politiques que celles actives dans des pays au niveau de revenu similaire.
« Sur le plan macroéconomique, la contribution du secteur public à l’accumulation de capital reste importante dans de nombreux pays. Parallèlement, la réglementation du travail instituée par l’État reste relativement restrictive, en ce qu’elle entrave la transition des travailleurs vers de meilleurs emplois, tout en leur offrant une protection insuffisante. Et malgré des améliorations du cadre juridique en faveur des femmes, on peut faire beaucoup plus pour libérer leur potentiel inexploité ».
Promouvoir une reprise résiliente et inclusive susceptible de générer de meilleurs emplois
En outre, les gouvernements de la région MENA peuvent éviter une nouvelle décennie perdue pour les générations actuelles et futures. Aujourd’hui plus que jamais. La pandémie, aussi difficile qu’elle soit, offre l’occasion de promouvoir une reprise résiliente et inclusive qui est susceptible de v générer de meilleurs emplois, tout en remédiant aux ravages causés par la maladie et aux défis à plus long terme.
De nombreux gouvernements de la région ont fait preuve d’une résilience innovante face à cette crise, en mettant en place certaines des initiatives les plus rapides de la dernière décennie. C’est ainsi que des transferts monétaires d’urgence ont été déployés rapidement en faveur des couches pauvres et vulnérables en Tunisie, Cisjordanie Gaza, Jordanie, Maroc, et en République arabe d’Égypte. Cette mesure en dit long sur l’adage selon lequel : « Quand on veut, on peut ». La région MENA ne fait pas exception.
Engager des réformes audacieuses et politiquement faisables
Pour tracer une nouvelle trajectoire de reprise, il faut engager des réformes audacieuses et politiquement faisables. Mais tout commence par un nouveau contrat social.
Le présent rapport a dévoilé que les pouvoirs publics doivent repenser leurs relations avec le secteur privé, les travailleurs et surtout, les femmes. Le nouveau contrat social doit remplacer l’intervention de l’État par une réglementation équitable et une application transparente des règles.