TUNIS – UNIVERSNEWS Mondher Lakhal, Directeur Général de la Banque Nationale Agricole (BNA), revient sur les chiffres clés et les faits marquants de la banque ainsi que les axes stratégiques de relance. Interview.
Présentez-nous les chiffres clés et les faits marquants de la BNA.
Les réalisations de la BNA ont été à la hauteur de nos attentes. D’ailleurs, on a enregistré une croissance du PNB de 23%, pour passer de 690 millions de dinars en 2020 à 829 millions de dinars en 2021.
On a aussi affiché un résultat net de 163 millions de dinars en 2021 contre 102 millions de dinars une année auparavant.
A titre comparatif par la période du contrat-programme 2016-2020, les fonds propres et le PNB de la banque ont été quasiment multipliés par deux. En effet, on a surperformé les objectifs de notre business plan.
Pour cette raison, je tiens à remercier les employés de la banque pour les efforts déployés pendant les cinq dernières années. Je tiens à remercier également le Conseil d’administration et les actionnaires qui nous ont fait confiance.
Vous êtes parmi les meilleures banques de la place en termes de résilience. Quelle est votre recette ?
Le ratio de solvabilité de la BNA est aux alentours de 20% (contre une norme de 10%), et le ratio Tier One est de 15% (contre une norme de 7%). Ceci prouve que nous avons fait le nécessaire pour renforcer les fonds propres de la banque, et ce, à travers notamment une augmentation du capital social historique de 160 millions de dinars, ainsi qu’une cession des actifs et des actions de la SFBT (2017, 2018 et 2019) pour un montant de 350 millions de dinars. De même, on n’a pas distribué de dividendes pendant la période 2013-2019, et ce, à l’issue des recommandations du full audit pendant la période de restructuration de la BNA. S’ajoute à cela l’adoption d’une nouvelle politique en matière de gestion des risques.
A cet égard, je tiens à remercier nos actionnaires pour la patience qu’ils ont manifesté envers la banque. Et je tiens à les rassurer que le cycle de non-distribution de dividendes est derrière nous. D’ailleurs, on a distribué en 2021 des dividendes de 0,500 DT par action, pour passer à 0,800 DT par action en 2022. La distribution des dividendes pour les années futures se fera sur des bases scientifiques, liées directement à la performance.
Quelle est votre démarche pour être à l’écoute des PME ?
Depuis sa date de création en 1959, la BNA est proche des entreprises. Le fait d’accompagner les PME, les TPE, les particuliers, et les corporates, n’est pas nouveau pour nous. Nous sommes à leur écoute, on les conseille, on a les mécanismes nécessaires pour les financer et continuer à les financer. 86% des engagements de la banque sont dédiés à l’entreprise.
Cependant, il faut également penser à élargir et diversifier les mécanismes de financement, notamment des PME qui connaissent des difficultés à cause de la crise de la Covid-19 et la guerre actuelle en Ukraine, et ce, à travers le private equity, les fonds de retournement, la bourse, …
En bref, notre relation se résume comme suit : Ecoute, réactivité et mise en place des financements nécessaires !
Quelle est votre contribution dans le financement du secteur agricole ?
On continue à être le premier contributeur dans le financement de l’agriculture en Tunisie. Notre part de marché, toutes banques et sociétés de leasing confondues, est de l’ordre de 50%. La part de l’agriculture, l’agroalimentaire et la collecte des céréales dans le total des engagements de la BNA dépasse les 30%.
N’empêche que l’ancien modèle de financement de l’agriculture a abouti à des résultants peu probants. Citons à titre d’exemple : pour les crédits agricoles inférieurs à 5000 dinars, le taux de créance classée est de 90%. Néanmoins, pour les crédits agricoles au-delà de 100 mille dinars, le taux est de seulement 12%. Sachant que le taux global des créances classées sur le segment agricole est aux alentours de 38% à la BNA, ce qui demeure élevé mais en forte baisse annuelle.
Pour cette raison, nous avons pensé à l’agriculteur qui n’a pas accès au financement. Et on a touché, à ce jour, environ 5000 agriculteurs pour qu’ils puissent dorénavant être bancarisé via leur intégration dans des filières (lait, tomates, céréales, …). En fait, on a opté pour une politique claire visant à octroyer des crédits aux agriculteurs disposant d’une capacité de remboursement suffisante pour faire face au remboursement de la dette. La mise en jeu des garanties en notre possession n’est pas du tout une priorité pour la banque.
L’agriculture reste toujours notre priorité majeure. Le taux de rejet des crédits agricoles au sein de la BNA ne dépasse pas les 15%. Reste à constater qu’il y a une réticence à l’égard de l’activité agricole, et ce, au vu du manque de rentabilité sur certaines spéculations. Des solutions radicales sont à envisager en grande partie sur des aspects fonciers, hydrauliques et d’exploitation.
Nous sommes prêts, nous avons une vision claire de par notre expertise de plus de 60 ans, nous pouvons contribuer énormément sur ce volet vers l’avant.
Donnez-nous un aperçu sur les axes stratégiques de relance ?
On a longuement réfléchi sur la stratégie à adopter pour les cinq prochaines années. Nous l’avons basé sur 6 axes: la Satisfaction client, la Gestion des risques, le Capital humain, la RSE, la Restructuration du groupe BNA et la Conformité.
Notre objectif est d’instaurer un Groupe BNA Bank solide et qui touche de près ou de loin tous les métiers liés à la finance et dérivés.
Ces objectifs ne pourraient être réalisés qu’à travers une politique basée sur le capital humain. Rappelant que, sur les cinq dernières années, malgré le départ à la retraite de 600 employés de surcroît non remplacés, les performances n’ont pas cessé de s’améliorer au sein de la BNA. Ceci est dû à la culture d’appartenance au sein de notre banque et aux défis déjà relevés et à relever par nos employés durant les cinq prochaines années.
Dream big, Work hard, Make it happen, Be happy !