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Le patron de la société toujours en fuite et instruction judiciaire contre 28 suspects
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Implication de responsables sécuritaires, d’hommes d’affaires et de journalistes
TUNIS – UNIVERSNEWS Le parquet près le tribunal de première l’instance à Sousse 2 a ordonné, lundi, l’ouverture d’une information judiciaire contre 28 personnes soupçonnées d’être impliquées dans l’affaire Instalingo, société implantée à Kalaâ Kebira et spécialisée dans la création de contenu et la communication numérique qui servait à d’autres fins d’espionnage et de communication avec des parties étrangères, selon les premiers éléments de l’enquête.
Spécialisée dans la production et le développement du contenu numérique depuis 2015, la société Instalingo s’est trouvée au cœur d’une enquête judiciaire qui a acculé son propriétaire à s’installer pour le moment en Turquie et mettre la clé sous la porte. Des accusations très graves pèsent sur les activités de cette entreprise, notamment de tentative pour changer la forme du gouvernement, d’incitation à la guerre civile et de provocation du désordre, de meurtres et de pillage sur le territoire tunisien.
Le 26 juillet, soit un jour après les mesures exceptionnelles annoncées par le Président de la République Kaïs Saïd, le fondateur de la société, Haythem Kehili, quitte la Tunisie à destination de la Turquie, bien qu’il fasse partie de la mesure S17. Ses récentes déclarations ne font que confirmer l’hypothèse d’une fuite programmée dans un pays où il ne risque pas l’extradition, d’autant plus qu’il s’affiche sur les réseaux sociaux en compagnie du président de la Turquie, Rajab Tayyip Erdogan.
Parmi les suspects, l’ancien porte-parole du ministère de l’intérieur Mohamed Ali Laroui et son frère, l’homme d’affaires et dirigeant au mouvement Ennahdha Adel Daâdaâ, l’activiste politique, Béchir Yousfi, le journaliste Lotfi Hidouri et les blogueurs Achref Barbouche et Slim Jebali, selon Rochdi Ben Romdhane le juge au tribunal de première instance de Monastir, ajoutant que les suspects ont comparu lundi devant le parquet pour audition dans le cadre de cette affaire.
Le ministère public près du tribunal de première instance de Sousse 2 a ordonné dimanche, l’arrestation de l’activiste politique, Béchir Yousfi, après que l’un des détenus ait reconnu que Béchir Yousfi organisait les rassemblements des “Citoyens contre le Coup d’Etat” à travers les réseaux sociaux et ce, afin de faire chuter le projet du Chef de l’Etat Kaïs Saïed.
Le président de l’Association nationale pour la sécurité et la citoyenneté, Moez Dabbabi, a confirmé, lundi 20 juin 2022, l’implication de plusieurs parties dans l’affaire « Instalingo », et cela concerne des personnalités qui occupaient des postes importants au sein du gouvernement.
« L’enquête en cours risque d’établir la connivence avec des étrangers qui soutiennent les parties impliquées dans cette affaire physiquement et moralement, cela ne restera plus une question de sécurité de l’État, mais deviendra une affaire qui touche à la sécurité publique », a déclaré Dabbabi sur les ondes de Shems Fm.
Le pourrissement de la situation politique et sociale, au cours de plus d’une décennie a lessivé tout un pays devenu une passoire pour les services d’espionnage étrangers et la tâche sera lourde pour les responsables politiques actuel pour assainir la situation.