TUNIS – UNIVERSNEWS – La bataille fait rage, encore, entre la présidence de la République et les structures syndicale judiciaire et cela atteint, même, le travail dans les tribunaux, surtout que les juges évincés connaissent tous les rouages, soit pour avoir gain de cause, soit pour être rétablis dans leurs droits.
Les magistrats ont eu recours à la justice administrative, ce qui a donné gain de cause à pas moins de 48 parmi eux, pour diverses raisons. Mais, la ministre de la Justice, acculée, leur a coupé l’herbe sous les pieds en changeant les serrures de leurs bureau et en annonçant que 109 plaintes judiciaires ont été déposées contre eux … et en attend de nouveau développement, pour ce feuilleton marqué, sans aucun doute, par une odeur de règlement de comptes, parfois, et qui va s’éterniser et empoisonner la vie des justiciables.
Les dernières nouvelles ont été tonitruantes, suite à une plainte en référé déposée par un avocat, Maître Baligh Ben Abbés, voilà qu’un juge révoqué par le décret présidentiel de juin dernier qui vient d’être autorisé à réintégrer son poste sur la base du jugement émis par le Tribunal de première instance de Tunis, lundi dernier 22 août 2022.
Selon l’avocat, dès l’obtention du jugement, le juge concerné pourra en informer le Chargé du contentieux de l’Etat représentant la ministre de la Justice, la Cheffe du gouvernement et le Président de la République.
Ce jugement, toujours selon Maître Baligh Ben Abbés fera jurisprudence en Tunisie étant donné que c’est un Tribunal juridique qui a émis pour la première fois ce jugement alors qu’il est du ressort du Tribunal administratif.
Il a précisé d’autre part qu’en plus de s’être adressé au Tribunal administratif à propos de la révocation de son client, il a jugé bon de porter l’affaire devant un juge en référé.
Le Président Kaïs Saïed a décidé la révocation de 57 juges, selon un décret publié au Journal officiel (JORT) dans la nuit du mercredi 1er juin, soupçonnés de corruption, d’enrichissement illicite, d’atteinte à la sécurité de l’Etat ou de perturbation du fonctionnement de la justice, selon la liste des griefs avancés pour justifier ces révocations.
Par la suite, le Tribunal administratif a décidé la suspension de la révocation de 46 juges, le rejet de sept recours, alors que deux autres sont en attente d’une décision. Deux magistrats n’avaient pas déposé de recours.
Cette situation embarrasse, certainement, toutes les parties, mais elle entrave le règlement des affaires des justiciables, surtout qu’il y a mieux à faire, avec la chasse aux corrompus, aux spéculateurs, aux contrebandiers et aux malfrats de tout acabit qui continuent à sévir, dans l’impunité la plus totale.
F.S.