- Tout sera mis en œuvre pour la vérité sur l’appareil sécuritaire et les assassinats politiques
Dans une longue interview accordée au média Al Arab, basé à Londres, le président de la République, Béji Caïd Essebsi qui a évoqué, d’abord, la tenue du Sommet arabe en mars prochain à Tunis.
A ce propos, il a insisté sur le fait que lorsqu’il est arrivé au pouvoir, la Tunisie était en rupture avec la plupart des pays arabes, sauf le Qatar, ce qui l’a amené à arranger les relations avec eux en rendant visite dans tous les pays arabes et a assuré que la Tunisie veillera à agir sur le dossier syrien sans s’immiscer dans les sensibilités de certains pays, notamment, ceux du Golfe, d’où la résolution de tout remettre entre les mains de la Ligue arabe et des participants au prochain Sommet afin que les mesures et les décisions soient prises dans le cadre de l’unanimité.
Abordant la situation en Libye, BCE a réaffirmé que ce pays frère est très important pour la Tunisie qui met tout en œuvre pour un retour à la normale et un retour de l’autorité de l’Etat, d’où sa vision consistant à dire aux Européens : « Laissez les Libyens s’arranger entre eux pour parvenir à une solution à la crise avec l’apport et le soutien de l’Organisation des Nations Unies… »
Béji Caïd Essebsi a tenu à rappeler que les trois principaux actes terroristes survenus en Tunisie au cours de l’année 2015 avaient pour origine et point de départ la Libye qui subit l’interventionnisme de la Turquie, de certains pays arabes et européens
Le président de la République a parlé de la situation intérieure en Tunisie en reconnaissant l’existence de graves dissensions au sein du parti de Nidaa Tounes, vainqueur des élections de 2014, ce qui a fait enfanter un nouveau parti dirigé par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, avant de préciser que le parti Ennahdha domine actuellement le paysage politique dans le sens où, malgré l’appel de la plupart des participants au Document de Carthage2 à un changement du gouvernement et son président, il a pesé de tout son poids pour soutenir Youssef Chahed afin de le maintenir à son poste, sachant que sans le soutien d’Ennahdha, il ne peut y avoir de gouvernement.
Et de préciser encore que la légitimité prise par le gouvernement provient de la nouvelle troïka composée d’Ennahdha, de la Coalition nationale et de Machrou Tounes.
BCE a profité de cette interview pour exprimer sa désapprobation de certains points contenus dans la Constitution dans le sens où le vrai pouvoir est détenu uniquement par le chef du gouvernement
Le président de la République a affirmé qu’il est impératif de procéder à une enquête minutieuse pour parvenir à la vérité concernant l’organisation secrète imputée à Ennahdha dans la transparence la plus totale, abstraction faite de toutes les parties impliquées
Et d’ajouter que malgré les efforts et les révisions entrepris par le parti islamiste d’Ennahdha pour prendre ses distances avec l’organisation internationale des Frères musulmans, un organisme qui a toujours opté pour l’adoption d’un appareil sécuritaire, souvent armé, lesdits efforts s’avèrent insuffisants.
Il en est de même pour le dossier des assassinats politiques qui demeure sans résolution avec la volonté de certains de les camoufler. Et c’est la mission du gouvernement, ajoute t-il, dont la volonté de faire toute la lumière sur ces dossiers n’est pas garantie dans le sens où il est copieusement dominé par Ennahdha.
Et de conclure que Youssef Chahed veut faire croire que le problème réside dans ses différends avec Nidaa alors que la réalité est toute autre. Ennahdha a compris cela et il a traité avec lui sur cette base consistant à vouloir rester au pouvoir, d’où son appui à Chahed dans l’objectif de partager le pouvoir avec lui après le scrutin de 2019. Le manège est clair et Rached Ghannouchi pèse de tout son poids dans cette orientation.
Synthèse réalisée par : Anouar Ben Taïeb