TUNIS – UNIVERSNEWS Tout le monde en parle, mais il a fallu le constater de visu, pour en voir l’ampleur… celle du pillage des compétences, en premier lieu par la France, mais, aussi, par l’Union européenne et le Canada… qui sont les destinations privilégiées de toutes sortes d’expertises tunisiennes.
Certes, il y a, quelque part, la responsabilité des politiques tunisiens qui ne font rien pour protéger ce trésor national, avec des milliers de diplômés chômeurs et ne voyant pas d’horizon, dans leur pays, et qui cherchent leur salut, ailleurs.
Mais, la réalité est que c’est un nouveau colonialisme qui s’installe. Après le vol des richesses naturelles, c’est au tour des compétences d’être spoliés au pays en voie de développement, comme la Tunisie et certains analystes jugent que la fuite des cerveaux a un impact très grave, elle suscite un très grand désarroi du côté des opérateurs privés. Les ingénieurs ne partent pas tous pour des raisons financières, mais plutôt pour le contexte morose et l’insécurité qui s’installe en Tunisie, ils sont même souvent encouragés par leurs familles.
En visite à Paris, j’ai rencontré plusieurs tunisiens, dans un restaurant, dont, au moins 80% sont des cadres supérieurs en France, et cela en dit long sur le nombre ahurissant de cerveaux qui ont été « acculés » à quitter le pays, après y avoir été formés.
Selon les estimations d’un expert, un étudiant tunisien coûte annuellement aux pouvoirs publics de son pays entre 1 000 et 1 500 euros (pour les branches des sciences humaines, économie et gestion) et entre 2 000 et 2 500 euros (pour les branches scientifiques).
Une étude effectuée par l’IACE, en 2019, a révélé des chiffres effrayants et démontré qu’un parcours excluant le redoublement, ainsi que les coûts subis par la famille, un médecin spécialiste coûte à la Tunisie plus de 12 Millions de dinars. Un ingénieur coûterait 2,7 Millions de dinars !
Procédant ensuite au calcul du manque à gagner en cas de fuite à l’étranger, à travers le concept “Employee Life Time Value” (Valeur Vie d’un employé), correspondant à la somme actualisée des plus-values qu’un employé générerait pour une période de 30 années d’activité, un médecin spécialiste coûterait ainsi 20,6 Millions de dinars et un ingénieur coûterait 12,4 millions de dinars
En cumulant les coûts de formation et le manque à gagner en cas de départ, un médecin spécialiste coûterait en totalité à la Tunisie la somme de 33,3 Millions de dinars, soit à peu près de 10 Millions d’euros, tandis qu’un ingénieur coûterait 15,1 Millions de dinars, soit, près de 5 Millions d’euros.
Ce néo-colonialisme et cette fuite des cerveaux est des plus préjudiciables pour la marche d’un pays qui commence à souffrir de l’insuffisance du cadre médical et paramédical, ainsi que d’ingénieurs. Mais, il faut dire, aussi, qu’on n’a rien fait pour les retenir.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, à ce phénomène -pas du tout innocent – s’ajoute un autre encouragé par ces mêmes auteurs (européens, essentiellement) qui est celui de « L’AFRICANISATION » de la Tunisie. Avec ces centaines de milliers des subsahariens implantés soigneusement et financés par des « associations » européennes …!!!!!
On parlera de ce phénomène extrêmement grave dans mon prochain édito.
MUSTAPHA MACHAT