- Les professionnels du secteur jugent que le dénouement dépend de l’augmentation des prix pour couvrir les dépenses des producteurs
La crise du lait pourrait perdurer en l’absence de solutions et de décisions de la part de l’Etat pour garantir la pérennité de cette filière, soulignent des intervenants et des professionnels du secteur.
Intervenant, jeudi, lors d’une conférence-débat autour du thème « Filière laitière: Quelle stratégie pour une croissance durable » organisée à l’initiative de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT), les professionnels ont appelé à augmenter le prix du lait. Ils ont estimé que cette décision est devenue une nécessité et demeure la solution adéquate afin d’éviter tout recours à l’importation de ce produit à deux fois son prix, ce qui pourrait être la cause de l’effondrement de la filière locale et affecter le pouvoir d’achat du citoyen tunisien.
La pérennité de la filière est en jeu et l’agriculteur demeure le maillon faible de la filière, ont-ils souligné, évoquant tous les problèmes et difficultés auxquels il est confronté dont le glissement du dinar, la hausse des prix du fourrage (matière première achetée en devise), l’absence d’encadrement des agriculteurs, outre la sécheresse et la contrebande des vaches.
Le membre du bureau exécutif national de la CONECT et président du conseil d’administration de Vitalait Tunisie, Ali Klebi, a tiré la sonnette d’alarme sur l’effondrement de cette filière à cause de l’absence de décisions et d’interventions pertinentes de l’Etat en faveur de la filière, précisant que le déficit enregistré dans les quantités de lait reçues habituellement par les usines a atteint 12% et pourrait atteindre 20% au cours de la prochaine période.
Il a fait savoir que l’importation du lait de l’étranger à deux fois son prix et en devise n’est pas la solution pour faire face à cette crise, mettant l’accent sur la nécessité de revoir les systèmes des prix et de subventions, et de prendre des décisions rigoureuses pour soutenir les agriculteurs et producteurs.
Le DG du Groupement Interprofessionnel des viandes rouges et du lait GIV-Lait, Kamel Rjaibi, a souligné à cette occasion que les éleveurs qui représentent le premier maillon de la chaîne doivent faire l’objet de plus d’écoute, d’encouragement et d’encadrement. Les problèmes de prix et de la subvention du lait doivent être résolus pour assurer la survie de ce secteur, a-t-il encore fait savoir.
Au niveau de la collecte, il a parlé de la hausse continue du coût de l’énergie et du transport et aussi de la main d’œuvre, des intrants, de l’énergie et de l’emballage et la hausse de la masse salariale en 2022, contre 13% en 2021.
Il a ajouté que le stock de lait pasteurisé demi-écrémé a atteint 36 millions de litres à la fin du mois d’aout en 2022, contre 52,2 millions de litres au cours de la même période en 2021.
Cette baisse est expliquée par le net recul de la production et de la collecte, a-t-il dit, soulignant la possibilité de voir cette baisse durer au cours de la période à venir jusqu’à la fin de décembre 2022, ce qui causera davantage de difficultés au niveau de l’approvisionnement du marché tunisien en lait.
S’agissant du système de subventions, il a évoqué le retard enregistré au niveau du paiement des dettes des centrales laitières auprès de l’Etat et qui ont dépassé les 300 millions de dinars.
De son côté, Karim Daoued, agriculteur et membre du bureau exécutif du SYNAGRI, a indiqué que parmi les solutions de sortie de crise est la révision du prix du lait par rapport à la hausse du coût de production, pour sauver le circuit de production.
Il s’agit également de renforcer la production de fourrages et des aliments pour bétail à l’échelle nationale, en plus de la mise à niveau des exploitations agricoles et l’encadrement des éleveurs et agriculteurs.