TUNIS – UNIVERSNEWS – 36 ans après, l’ex-arbitre tunisien Ali Ben Naceur est revenu sur le fameux choc des quarts de finale de la coupe du monde au Mexique Argentine-Angleterre (2-0) qu’il avait dirigé le 22 juin 1986 au stade Azteca de la capitale mexicaine, et qui avait suscité la polémique pour un but marqué du poing gauche par le Pibe de Oro, Diego Maradona lequel le baptisera tout simplement « la Main de Dieu ».
D’ailleurs, ce match a vu Maradona inscrire un autre but élu par les spécialistes le plus beau du siècle dernier après avoir, balle au pied, traversé la moitié du terrain, dribblant cinq joueurs british.
« Le 18 août 2015, j’ai accueilli Maradona chez moi au Kram lorsqu’il était venu dans notre pays tourner une publicité, a raconté Ben Naceur à BeIn Sport dans une émission consacrée à cet épisode. Lorsque des membres de ma famille présents à cette rencontre lui demandèrent pourquoi il a recouru au moyen illicite de la main pour marquer alors qu’il possède un talent inimitable, il a eu pour toute réponse: « Je tenais à tout prix à battre les Anglais ! ». Puis il a levé ma main et l’a embrassée ». J’ai découvert à l’occasion un garçon humble et aux grandes qualités humaines. Ce fut un grand honneur pour moi de l’accueillir chez moi ».
Assurant qu’il n’assume pas de responsabilité dans la validation de ce but, Ali Ben Naceur a expliqué que, sur le coup, il a été habité par le doute quant à la régularité de cette réalisation.
« Toutefois, j’ai validé le but en constatant que mon juge de ligne, le Bulgare Bogdan Dotchev se dirigeait lui aussi vers le centre, ce qui signifie qu’il a retenu que l’action était régulière. Dois-je rappeler que, dans ses recommandations d’avant-Mondial, la fédération internationale (FIFA) nous a dit que si l’arbitre central trouve que son assistant est mieux placé que lui sur une action litigieuse, il doit (et je dis bien doit) s’aligner sur son verdict. D’ailleurs, parmi les 36 arbitres retenus, il n’y avait aucune différence, chacun pouvant officier que ce soit en qualité d’arbitre central ou de juge de ligne. J’ai accompli correctement mon devoir, mais il y a eu confusion. Dotchev allait révéler beaucoup plus tard que, sur ce centrage, il avait vu deux bras, mais qu’il ne savait pas exactement si c’était ceux de Peter Shilton, le gardien anglais, ou plutôt de Maradona. »
Notre ancien referee international ajoute qu’il avait malgré tout fort bien continué à diriger cette rencontre
« J’ai d’une certaine manière participé au deuxième but de Maradona qui allait être élu le plus beau but du Siècle. En effet, plusieurs défenseurs ont essayé de faucher le meneur de jeu Albiceleste, mais je n’ai pas arrêté le jeu, lui accordant l’avantage afin que cette action aille à son terme. N’oubliez pas qu’après le match, le sélectionneur de l’Angleterre s’en est pris à mon juge Dotchev, pas à moi personnellement, insistant sur le fait que c’était à lui de s’apercevoir de la faute de Maradona. Ainsi ai-je obtenu une excellente note de 9,4 pour avoir bien dirigé un match aussi chaud, et appliqué à la lettre les instructions de la FIFA ».
Rappelons que cet incident a suscité de vives polémiques. Le commentateur français de la chaine TF1 Thierry Roland s’est fendu en direct de ce commentaire fleurant le racisme: « Vous ne croyez pas honnêtement, que dans un monde grand comme il est, il n’y a pas autre chose qu’un arbitre tunisien pour diriger un quart de finale de la Coupe du monde ? ».
Réplique désabusée de Ben Naceur qui avait continué son parcours d’arbitre international jusqu’en 1991: « On n’a pas critiqué ma prestation, on a critiqué mon pays, en disant que la Tunisie c’est du sable, c’est du désert. Comment on donne un match à un arbitre pareil alors qu’ils n’ont pas de football ? ».
Résultat: l’ambassade de Tunisie en France était intervenue et avait obtenu des excuses.
L’Argentine de Maradona a remporté cette édition de la coupe du monde en battant en finale l’ex-RFA (Allemagne de l’Ouest) par 3 à 2.
A.B.C.