TUNIS – UNIVERSNEWS Pénuries en cascade, besoin urgent en financements étrangers, crise de carburant… Les jours se suivent et se ressemblent en Tunisie mais le plus inquiétant c’est que la partie tunisienne la plus à même à ramener des solutions, en l’occurrence le Ministère des Affaires Etrangères, est aux abonnés absents.
Analyse.
Face aux multiples changements géostratégiques, économiques et sécuritaires, la diplomatie tunisienne est restée inerte. Alors que les responsables égyptiens s’activent pour faire la promotion de la COP-27 et pour relancer leur économie, que les marocains renforcent leur action de lobbying en vue de défendre leurs intérêts et que les algériens continuent de jouer à fond la carte de l’énergie faisant de leur pays une destination diplomatique incontournable pour les hauts responsables arabes et occidentaux, notre diplomatie continue de collectionner les échecs entre communiqués ratés, des prises de positions incompréhensibles et une incapacité à défendre nos intérêts à l’étranger.
Une série d’échecs qui tombe mal puisque la Tunisie traverse actuellement la pire crise économique depuis son indépendance avec un taux d’inflation (9,1%) jamais atteint depuis une quarantaine d’années, des caisses publiques vides, des pénuries à répétition, plusieurs protestations sociales et des vagues de migration irrégulière devenues incontrôlables et qui ont coûté la vie à plusieurs jeunes tunisiensFace à cette situation socio-économique désastreuse, tout le monde, y compris le Secrétaire Général de l’UGTT, s’accorde sur le fait que la Tunisie a besoin de « financements étrangers » pour sortir du gouffre.
Voilà, sauf que la réalité est toute autre car pendant que les Ministres des Affaires Etrangères des pays voisins sillonnent le monde à la recherche de nouveaux marchés, d’opportunités d’investissement et de méga-contrats de financement et d’emploi, le Chef de la diplomatie tunisienne (en poste depuis septembre 2020) est un carriériste qui n’a ni le potentiel, ni le carnet d’adresses nécessaire pour accomplir le travail qu’on lui demande : il s’exprime et voyage peu, il ne fait que collectionner les rencontres avec les Ambassadeurs étrangers accrédités à Tunis (une tâche qui est généralement du ressort des Directeurs Généraux et des Directeurs de son Département) et même quand il prend la peine de téléphoner à une personnalité diplomatique d’envergure, on est dans l’obligation d’attendre le communiqué de la partie étrangère afin de connaitre toute la vérité sur ce qui s’est dit.
-
Notre Ministère des Affaires Etrangères ne fait rien ou presque
Bref, notre Ministère des Affaires Etrangères ne fait rien ou presque, d’ailleurs les critiques à son égard fusent de partout : polémique autour de la question des visas avec des pays européens, services consulaires médiocres à l’étranger, absence d’anticipation notamment sur les divers communiqués critiques des pays occidentaux et les différents articles négatifs parus sur la Tunisie dans la presse internationale… Le constat établi par plusieurs journalistes et experts est que le « Nord Hilton » a déjà beaucoup de mal à assurer un service minimum que dire des « exploits » !
La Tunisie, qui subit comme les autres pays du monde les conséquences de la guerre russo-ukrainienne, vit depuis plusieurs semaines au rythme des pénuries (sucre, pain, farine, riz…) mais la dernière pénurie d’essence a pratiquement paralysé le pays et entrainé un mécontentement général au sein de la population.
-
« Un coup de froid diplomatique «
Seulement voilà, Tunis qui a pour voisins l’Algérie et la Libye, deux des plus grands producteurs mondiaux de pétrole, pouvait à travers les canaux diplomatiques éviter certaines scènes désolantes qu’on pensait révolues (camion-citerne escorté par la police et longues files d’attente devant les stations-service).
Pourquoi nos Autorités n’ont pas activé cette piste ? Personne ne le sait bien que certains observateurs évoqueront « un coup de froid diplomatique » dans nos relations avec nos voisins en raison de l’accueil, à un certain moment, de Fathi BACHAGHA à Tunis et de notre rapprochement avec Le Caire qui aurait été mal perçu par Alger dont la vision ne converge pas avec l’Egypte sur au moins deux dossiers importants : Libye et barrage de la renaissance.
Autre dossier complexe : les financements étrangers. Et si les occidentaux étaient clairs dès le départ sur cette question : pas de transfert de fonds sans un accord préliminaire avec le FMI, il aurait été possible d’obtenir un soutien financier des pays du Golfe à l’instar de l’Egypte, qui en proie à une grave crise financière, a réussi à décrocher plus de 20 milliards de dollars d’appui financier dont un dépôt saoudien, en mars 2022, de 5 milliards de dollars auprès de la Banque Centrale Egyptienne.
Riyad a également promis aux égyptiens des investissements supplémentaires qui pourraient apporter jusqu’à 10 milliards de dollars en devises étrangères à l’Égypte. Et pour la Tunisie alors ?! Rien pour le moment, même le projet de la « Plateforme de production agricole.
Univers News