TUNIS – UNIVERSNEWS L’Afrique importe une énorme quantité de vêtements de seconde main. Et dans le même temps, elle exporte son coton.
L’histoire de la friperie est assez complexe … qui a débuté en Europe. Suite à la deuxième guerre mondiale, le vieux continent est à genoux et l’Amérique, qui sort enrichie du conflit, entreprend un vaste mouvement de générosité à l’endroit des cousins européens. Aussi, les dons de vêtements usagés ont commencé à affluer.
Puis, le pouvoir d’achat des populations européennes s’est amélioré, le prix des textiles a baissé et les vêtements usagés se sont trouvés d’autres destinations. C’est ainsi qu’après l’Europe, les territoires africains, d’abord colonies puis Etats naissants, sont rapidement devenus un débouché intéressant pour les vêtements dont les habitants occidentaux ne voulaient plus. Des organisations caritatives ont commencé à collecter ces vêtements usagés, non plus forcément pour les donner aux pauvres, mais pour les vendre et dégager de petites ressources financières.
Au départ, ces vêtements de seconde main étaient plutôt rejetés dans la plupart de nouveaux pays africains où naissait une industrie du textile et de l’habillement. Mais avec la détérioration des termes de l’échange, survenue dans les années 80, de nombreux gouvernements ont commencé à les tolérer, pour répondre à la demande des ménages à faible pouvoir d’achat.
Face à ce besoin, il y a eu une offre chinoise. Mais les vêtements, bien que neufs, étaient de très mauvaise qualité, ce qui a donné un nouvel élan aux habits de seconde main, parfois plus solides et plus durables.
Aujourd’hui, le continent africain est le premier marché mondial des vêtements d’occasion. Les friperies ont gagné toutes les couches sociales de la population africaine grâce à leurs prix abordables.
Selon les données de la plateforme TexPro, l’Afrique a acheté en 2021, pour 1,8 milliard de dollars d’articles vestimentaires de seconde main en provenance principalement la Chine, de l’Union européenne (UE), du Royaume-Uni et dans une moindre mesure des USA. Le Kenya a été le premier acheteur africain avec, en 2021, 218 millions $, suivi du Ghana, de la Tanzanie, du Nigeria et de l’Angola.
Globalement en Afrique, l’autre problématique est celle de l’accessibilité économique des vêtements neufs pour les populations qui restent encore majoritairement à bas revenu, même s’ il y a une classe aisée qui se développe progressivement.
De plus, il faut ajouter la question de la préférence marquée pour les vêtements d’occasion qui sont perçus comme plus durables, voire meilleurs que les habits neufs, selon les consommateurs.
Une étude menée en Afrique en 2019 par l’Institut des affaires économiques (IEA) indique par exemple que la majorité des ménages n’achètent des vêtements neufs que lorsque cela est nécessaire, par exemple pour l’école ou pour les besoins de conformité aux exigences vestimentaires de leur lieu de travail.
L’Afrique reste le continent où prospère, plus que jamais, la vente de vêtements de seconde main encore appelés « Friperies ».
Toutefois la promesse de se sentir comme Rihanna, Puff Daddy, et autres célébrités qui peuplent les rêves de jeunes Africains, n’enlève rien au fait, que le vêtement de seconde main connecte l’Afrique au mode de vie occidental et ne lui donne pas l’occasion de l’atteindre…