TUNIS – UNIVERSNEWS – Selon des sources bien informées, la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT) serait sur le point de devenir l’actionnaire majoritaire de la Tunisian Foreign Bank (TFB), banque de droit français à capitaux tunisiens, basée à Paris.
La BIAT va acquérir, l’espace d’une année et même moins d’une année, une forte participation au capital de la TFB, soit 70%, pour une valeur globale de 12 Millions d’euros. Ce montant sera fourni, selon nos informations en deux temps, 7 millions d’euros, d’ici la fin de l’année 2022 et le reste, 5 millions d’euros, d’ici fin juin 2023.
Le scénario proposé pour finaliser cette affaire consisterait à restructurer le capital actuel de la TFB. Ce dernier étant détenu pour le moment à hauteur de 14 % par l’Etat tunisien, 49,5 % par la STB, et 34 % par la BH Bank.
Le scénario prévoit, dans un premier temps l’achat par la BH Bank de la participation de l’Etat (14%) et de porter ainsi sa participation à 49%, c’est-à-dire autant que la participation de la STB.
Ensuite par le biais d’une augmentation du capital de la TFB, la STB et la BH Bank vont céder 70% de leurs participations à la BIAT et réduire leur participation globale dans le capital de la TFB à 30% répartie en deux parts égales, soit 15% pour chaque institution.
Une belle affaire pour l’Etat tunisien
Abstraction faite de la démarche à suivre, il faut reconnaître que la cession de la TFB est une belle affaire pour le gouvernement tunisien. Et pour cause. L’Etat tunisien était préoccupé, depuis plus d’une dizaine d’années, par les contreperformances répétées de cette banque.
L’audit engagé, depuis janvier 2022, pour évaluer le potentiel de la banque et sélectionner un partenaire stratégique fait ressortir globalement les insuffisances suivantes : absence de vision et de stratégie, mauvaise gouvernance, recrutements de cadres par complaisance par l’effet du mécanisme de la filiation, vente louche d’actifs à Paris, climat social instable…
L’audit signale également un faible impact de la TFB sur la communauté tunisienne en France et en Europe à travers son faible maillage territorial mal adapté avec seulement 5 agences alors qu’en sa qualité de banque de droit français elle pourrait s’implanter dans tous les pays de l’Union européenne, du moins dans les pays où il y a une forte colonie tunisienne. Il est, également, reproché à la TFB de ne pas fournir des produits adaptés aux besoins des tunisiens en Europe (prêts pour étudiants…).
Point d’orgue de ces contreperformances : le blâme et l’amende de 700 000 euros que lui été ont flanqués par les autorités françaises de contrôle bancaire pour défaut de système de contrôle interne et pour manquement à ses obligations en organisation comptable.
Pour remédier à cette situation, le gouvernement tunisien a constamment pensé à céder sa participation au capital de la TFB.
Objectifs recherchés : améliorer la gouvernance de cette banque renforcer ses capacités afin qu’elle exerce son principal métier, celui de collecter au maximum l’épargne des Tunisiens résidant en France et en Europe.
Il a essayé, une première fois, de la céder mais l’offre n’était pas, semble-t-il, intéressante : moins de 20 Millions d’euros, une deuxième fois en 2019 avec la BH Bank. Cette banque publique, très populaire de la diaspora tunisienne en Europe a essayé d’acquérir la totalité du capital mais elle n’est pas parvenue à le faire en raison du montant élevé des fonds à mobiliser pour redresser la TFB.
La troisième fois c’était au terme des résultats de l’audit précité un groupe d’investissement britannique peu connu, semble-t-il, a exprimé son intérêt pour la Banque et aurait proposé 30 Millions d’euros. Il s’agit d’Envema Group. Sur le net, il y peu d’informations sur ce groupe.
Parmi les partenaires stratégiques locaux intéressés par la TFB, deux banques privées de droit tunisien ont manifesté de l’intérêt pour le rachat de la TFB, fut il partiel. Comme on le constate plus haut c’est la BIAT dont le nom n’a pas été révélé jusqu’à la dernière minute, qui a été retenu avec une offre inférieure (12 Millions d’euros), soit le prix du siège de la TFB, à Paris, d’après les experts.
Le fort potentiel de la TFB
Les raisons de cette option, qui se défend si on éperonne notre égo nationaliste, nous les saurons, peut-être, lors de la communication officielle qui sera faite sur la validation de l’acquisition par la BIAT de cette forte participation au capital de la TFB.
Dans l’absolu, il faut reconnaître que la BIAT, première banque privée tunisienne, fait de cette acquisition de 70% du capital de la TFB une belle affaire au regard du potentiel dont recèle cette banque.
Pour les experts, la TFB dispose de deux atouts majeurs : le positionnement de la TFB à Paris au milieu de l’Union européenne avec laquelle la Tunisie réalise plus de 75 % de son commerce extérieur et la disponibilité d’une clientèle potentielle de 800 000 Tunisiens résidents en France et une communauté d’environ 30 000 Français en Tunisie.
Et pour être complet sur le sujet, deux éléments d’information :
-Le capital social de la TFB est de l’ordre de 26,9 M€ (chiffres de 2020). Elle dispose de cinq agences en France et d’une succursale offshore à Tunis à travers lesquelles elle exerce ses activités domestiques et internationales.
– Créée en 1977, avec des fonds publics, la TFB, ex-Union Tunisienne de Banques, est une banque de droit français affiliée à la Fédération Bancaire Française.
Brahim