TUNIS – UNIVERSNEWS – Le moment n’est-il pas venu pour les responsables politiques et financiers d’établir un certain équilibre, au niveau de la fiscalité, afin d’alléger le fardeau qu’endurent les bons payeurs, alors que d’autres profitent du silence complice des pouvoirs publics pour se la couler douce ?
Trop de lacunes persistent, alors que les responsables n’en tiennent pas comptent et gardent la même démarche, selon les chemins battus, sans aucun effort, pour mieux faire, afin que l’Etat puisse disposer de ressources fiscales plus importantes qui sont disponibles… sans qu’on ose tendre le bras pour les cueillir.
Trop de points noirs ont la peau dure, et on persiste à suivre cette même voie qui coûte à l’Etat aux environs de sept milliards de dinars par an, en plus de ce que cela vaut au pays, en tant que corruption, pots-de-vin et autres méfaits répréhensibles. Et, à cela s’ajoutent pas moins de 35% de l’économie tunisienne accaparés par les circuits parallèles, alors que 54% des citoyens travaillent en noir, sans payer d’impôts, ni de cotisations sociales.
Il est inconcevable qu’un médecin gagne quotidiennement plusieurs milliers de dinars et ne paye annuellement des miettes, ce qui est le cas, aussi, pour les avocats et autres métiers libéraux Il est également inadmissible qu’un salon de thé enregistre des bénéfices nets quotidiens de dizaines de milliers de dinars ; et paie forfaitairement chaque année des miettes également à l’Etat.
Certes, ce beau monde a le droit de gagner le plus d’argent possible, d’une manière honnête et légale, mais, cela n’empêche pas d’avoir l’esprit civique et de payer à l’Etat son dû, sans qu’on ait recours aux contrôleurs financiers qui sont submergés de travail et se plaignent du manque d’effectif, pour accomplir leur tâche de la meilleure manière.
Ceci étant, des taux d’imposition élevés incitent à l’évasion et doivent être revus à la baisse. Par ailleurs, il y a ce constat malheureux d’un grand déficit, au niveau du contrôle, entre services de douanes et recettes des finances qui manquent de moyens… avec, en plus –et ce qui est ahurissant- le manque de coordination entre les réseaux informatiques de ces services qui ne sont pas reliés entre eux, ouvrant la voie à tous les dérapages possibles et inimaginables.
Le remède n’est possible qu’à travers le renforcement des moyens de contrôle, la liaison entre les réseaux informatiques, le contrôle et la coordination, afin qu’il soit possible d’établir une traçabilité des entreprises, et cela ne serait pas possible sans une législation adaptée qui permette de mettre fin à la pagaille qui règne, dans le pays, actuellement.
Et, parce qu’il est devenu plus intéressant, le secteur informel prend la mesure sur le formel qui n’est plus porteur… avec tout ce que cela implique au niveau de l’évasion fiscale. La multiplicité des codes, la multitude de textes de lois et leur changement, chaque année, en plus de la pression exercée sur les structures organisées qui souffrent sous le poids d’une fiscalité rigide et injuste, ne sont pas de nature à permettre de mettre de l’ordre dans la maison Tunisie.
La meilleure manière pour inciter les chefs d’entreprises, les commerçants et ceux qui exercent des fonctions libérales et –si le bon sens prévaut- serait d’adopter une politique incitative (soit dit en passant, à l’image de ce qu’on vient de proposer au circuit parallèle, pour l’inciter à intégrer le formel).
Il y aura, ainsi, quelque chose à gagner… et mieux serait de rapporter un peu d’argent que de ne rien rapporter du tout !!!
MUSTAPHA MACHAT