TUNIS – UNIVERSNEWS La Banque Mondiale a publié un nouveau rapport, critiquant l’approche des autorités libanaises concernant la restructuration du secteur financier. Selon les auteurs, il est désormais impossible de sauver la totalité des dépôts en raison des pertes estimées à 72 milliards de dollars, soit 3 fois le PIB actuel du pays des cèdres.
Selon le rapport, l’économie continue de se contracter, mais à un rythme un peu plus lent. En raison de données meilleures que prévu, l’estimation de la contraction du PIB réel pour 2021 est révisée à 7 %, ce qui est néanmoins considérable, contre 10,4 % dans le dernier Rapport de suivi (LEM pour Lebanon Economic Monitor). L’estimation de 21,4 % de contraction du PIB réel en 2020 demeure inchangée.
Bien que les arrivées de touristes en 2021 aient augmenté de 132 % (en glissement annuel), à partir d’une faible base induite par la Covid, la reprise n’a pas été suffisante pour compenser l’augmentation persistante du déficit du compte courant et la baisse sensible de la consommation privée.
Les finances publiques se sont améliorées en 2021, mais uniquement parce que les dépenses se sont effondrées plus rapidement que les recettes publiques. Celles-ci sont pas- sées, selon les estimations, d’un niveau déjà faible de 13,1 % du PIB en 2020 à 6,6 % du PIB en 2021, soit l’un des taux les plus bas au monde.
La baisse des recettes ayant toutefois été compensée par une diminution encore plus importante des dépenses totales (10,5 points de pourcentage – en glisse- ment annuel – pour passer à 5,9 % du PIB), le solde budgétaire global pour 2021 aurait atteint un excédent (de 0,7 % du PIB). Témoignage de l’atrophie continue de l’économie libanaise, la livre libanaise continue de se déprécier fortement. La livre libanaise (LBP) s’est dépréciée de 137 % en 2020, de 219 % en 2021, et au cours des dix premiers mois de 2022, elle a déjà perdu 145 % de plus (taux de change effectif moyen selon les estimations de la Banque mondiale).
Cette dépréciation constante se produit en dépit des interventions de la Banque du Liban (BdL) sur le marché des changes pour tenter de stabiliser le taux de change des billets de banque/taux de change du marché parallèle, au détriment des réserves qui s’amenuisent. La forte dépréciation de la monnaie continue d’entraîner une inflation galopante, à trois chiffres depuis juillet 2020, qui touche surtout les pauvres et les personnes vulnérables.
L’inflation a été en moyenne de 150 % en 2021 et de 218 % (en glissement annuel) au premier semestre 2022 (atteignant un pic de 240 % – en glissement annuel en janvier 2022). Les pressions inflationnistes ont été exacerbées par la flambée des prix mondiaux des denrées alimentaires depuis le début de la guerre en Ukraine.