Nos lecteurs réagissent à nos articles de différentes manières aussi bien à travers leurs commentaires sur les réseaux sociaux, via Facebook, d’autres oralement par téléphones. Monsieur Chedly Mamoghli a pris la peine de nous adresser carrément, un article dans lequel il réagit et analyse la situation après la découverte de la pseudo-école coranique de Regueb.
Un article pertinent que nous publions, ci-après, en intégralité :
« J’ai découvert votre journal en ligne il y a seulement quelques jours via des articles partagés sur Facebook. Le fait qu’il soit de qualité et équilibré fait que je commence à le lire tous les jours. Et hier, j’ai lu l’article en arabe sur les 584 écoles religieuses en Tunisie suite à quoi, j’ai écrit le texte suivant :
584 est le nombre d’écoles religieuses recensées sur le territoire tunisien. Au-delà de l’exactitude du chiffre, ce chiffre n’est pas du tout étonnant. Le chiffre réel pourrait même être supérieur au chiffre avancé. On n’est plus en face de quelques exceptions mais en face d’un système éducatif parallèle. Les écoles religieuses ont vu le jour et poussé comme des champignons, juste après le 14 janvier 2011 sous forme d’associations. Aujourd’hui, ces écoles sont partout.
Chaque année des chiffres effarants de déscolarisation d’élèves sont rendus publics. En réalité, ces enfants et adolescents déscolarisés de notre système éducatif n’arrêtent pas les études pour ne rien faire, pour travailler ou pour sombrer dans la délinquance. Pour beaucoup d’entre eux, la déscolarisation est une décision parentale assumée.
C’est la déscolarisation au nom du fait religieux. Et tout le monde doit savoir que ce phénomène n’est pas propre aux quartiers populaires ou au milieu rural, ce phénomène touche aussi le milieu urbain et tous les quartiers (résidentiels, du centre-ville ou huppés). Ce phénomène ne touche pas que les plus démunis. Il touche tous les milieux sans distinction. J’ai personnellement rencontré, ces dernières années, des personnes qui appartiennent aux classes moyennes ou même des personnes fortunées (surtout des commerçants) qui sont acquis à la cause islamiste. Ils rejettent l’Etat et tout ce qui va avec y compris, si ce n’est surtout, son système éducatif.
Il existe des milliers d’écoles religieuses en Egypte, des dizaines de milliers au Pakistan, la Tunisie en compte aujourd’hui des centaines. Si rien n’est fait aujourd’hui, ça sera des milliers demain. Aujourd’hui, les gouverneurs de Médenine, Bizerte et Nabeul, par crainte de subir le sort de leur collègue de Sidi Bouzid, ont pris des décisions de fermeture.
Par conséquent, si l’affaire de l’école de Regueb n’avait pas éclaté, rien n’aurait été fait. Le gouverneur de Tunis n’a encore pris aucune décision alors que c’est le gouvernorat qui compte le plus d’écoles religieuses. Les responsables locaux sont souvent des carriéristes trouillards qui ont peur d’entrer en confrontation avec les islamistes radicaux et d’être étiquetés anti-islamistes de peur pour l’avenir de leurs carrières. Pour cela, ils n’alertent pas leur hiérarchie, ne recourent pas aux mesures coercitives et n’appliquent pas la loi.
Autre problème, la lenteur de la Justice. Le gouvernement affirme avoir déposé plainte contre plus de 200 associations (l’association est la couverture utilisée par ces écoles) mais les verdicts judiciaires tardent à tomber. Pendant que la lenteur judiciaire délibérée ou pas se poursuit, des enfants, des adolescents et des jeunes, garçons et filles, se font embrigader et radicaliser dans ces écoles religieuses. La daéchisation des esprits est une bombe à retardement. »
Je vous souhaite beaucoup de succès en espérant que votre journal se frayera une place dans le paysage médiatique qu’il enrichira sans doute ».
Chedly Mamoghli